« Donner aux citadins la possibilité d’agir »
Sébastien Passel, géographe
« Dans les villes aujourd’hui, les gens ne se parlent plus, ne se côtoient plus, et par conséquent les clichés émergent. »
Auteur d’un ouvrage Actions collaboratives pour la santé des habitants. Le vivre ensemble en ville, Sébastien Passel, géographe, suggère de remettre les citadins au coeur de l’action.
« Il faut donner aux habitants les moyens d’agir. Par des petites initiatives, des petits succès qui font le quotidien. Ça va permettre aux gens de partager une expérience vécue et d’oeuvrer à améliorer l’image de leur quartier. »
En dépit d’expériences de
« conseils citoyens », le géographe regrette que la gouvernance des villes n’associe pas davantage les habitants. « En général, ils sont consultés quand tout est fini, ou presque. Ce sont souvent des projets hors-sol. Par exemple on va leur demander de choisir quels types d’arbres planter, mais parmi un choix déjà arrêté. Ce serait bien, quand on réhabilite un espace de comprendre d’abord ce que les habitants aiment ou pas dans ce lieu. »
Que ce soit une avenue ombragée, un terrain de boules, des terrasses de cafés... « Sur l’avenue JeanMédecin, par exemple, c’étaient les platanes, rembobine-t-il. Quand ils ont été abattus pour aménager la ligne , ça a créé une vive émotion. Car ce sont des ambiances urbaines qui font qu’on se sent bien dans un quartier. Si les projets des villes associaient des collectifs d’habitants, ça permettrait une appropriation. Ils seraient fiers de leur quartier et donc, ils y vivraient mieux. »
Il suggère la mise en place, comme au Canada, d’espaces de participation « active et collective ». « On ne dit plus aux citoyens : on va faire ça pour vous, mais on va réfléchir à quelque chose de réalisable, ensemble. C’est important de promouvoir cette citoyenneté active, de travailler sur une culture de l’engagement. Et ainsi permettre aux habitants de participer ensemble à des initiatives solidaires, au quotidien, pour partager une identité commune, un esprit de quartier. »
Pour conclure, Sébastien Passel lance un appel aux « décideurs », pour une gouvernance des villes plus « participative » : « Faites confiance aux gens. Faites confiance aux habitants. Ils ont tous, quel que soit leur niveau d’étude, leur âge, leur condition sociale, des compétences, des capacités et les moyens d’agir ensemble pour améliorer les villes dans lesquelles ils vivent. »