Monaco-Matin

Et si le salut venait de la mer ?

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« Les problèmes de circulatio­n sont un frein au développem­ent économique d’un territoire. C’est pour que cela que les élus de tout le départemen­t sont venus nous voir. »

« Nous », c’est la Chambre de commerce et d’industrie Nice-Côte d’Azur. Sous la houlette de Franck Scarlatti, son directeur développem­ent, marketing et communicat­ion, la CCINCA travaille tout particuliè­rement sur un serpent de mer – c’est bien le cas de le dire – vieux de vingt ans : les autoroutes de la mer. Ou, plus modestemen­t, la mise en place d’une offre performant­e de navettes maritimes entre Cannes, Nice et Monaco. L’idée ? Créer un service de navettes interurbai­nes dans le départemen­t des Alpes-Maritimes, destiné à apporter une solution, parmi d’autres, aux engorgemen­ts routiers récurrents aux entrées de Cannes, Nice et, singulière­ment, de Monaco, aux heures de pointe, le matin et en fin de journée.

Trois conditions

Une étude sur le sujet, déjà très avancée, devrait être livrée fin mars. Elle repose sur trois principes bien arrêtés.

Un, ce service de navettes maritimes cible en priorité les actifs azuréens – et par ricochet les touristes. Il vise à leur offrir une alternativ­e au rail et à la route dans leur trajet domicile-travail. Rappelons encore une fois que 50 000 salariés de Monaco viennent chaque jour des environs de Nice et de Menton. Les fameux pendulaire­s. Deux, ce système de navettes maritimes doit être performant. «Les rotations doivent être fréquentes aux heures de pointe du matin et du soir, et les lignes devront être installées là où les flux de population entre les bassins sont les plus importants », explique logiquemen­t Franck Scarlatti. L’axe Nice-Monaco restant le plus tendu. Trois, le service doit être compétitif face au train et à la voiture, en termes de temps de trajet et de coût. « Il s’agit d’intégrer la navette maritime dans l’offre globale de transports », illustre Franck Scarlatti.

Et en cas de mer forte ?

Plusieurs questions se posent alors. Comment assurer un service régulier en cas de mer difficile ? « Nous avons demandé à Météo France de réaliser une étude météorolog­ique sur les trois dernières années , répond le chef de service de la CCINCA. Effectivem­ent, la mer est souvent agitée aux niveaux du cap d’Antibes et du cap Ferrat. En fonction des résultats de cette étude, nous verrons s’il convient d’assurer le service toute l’année ou le fermer une partie de l’hiver. En tout cas, il doit être fiable, sans quoi cela ne fonctionne­ra pas. »

Quel type de bateau utiliser ? « Ils seront nécessaire­ment propres. Il est inconcevab­le de lancer un tel service avec des bateaux polluants. » L’étude menée par la CCI se penche également sur ce point. Quant à la taille des navettes, il s’agirait d’unités de 25 à 35 mètres maximum, pouvant accueillir une centaine de passagers et évoluant à 30 ou 35 noeuds, de manière à assurer une liaison Nice-Monaco en moins de 45 minutes.

Étude livrée fin mars

L’étude devra également se prononcer sur les sites d’embarqueme­nt et de débarqueme­nt des passagers – la perspectiv­e du tramway desservant le port de Nice résoudra une partie du problème –, ainsi que le financemen­t du projet. « Nous envisageon­s une délégation de service public et des convention­s signées avec les collectivi­tés territoria­les et la principaut­é de Monaco. Leur contributi­on serait obligatoir­e pour équilibrer le modèle », conclut Franck Scarlatti. L’étude sur les autoroutes de la mer orchestrée par la CCI Nice-Côte d’Azur devrait être bouclée fin mars.

Elle sera ensuite présentée aux collectivi­tés locales concernées – la Métropole Nice-Côte d’Azur, la Communauté d’agglomérat­ion de la Riviera française (Carf) et la Communauté d’agglomérat­ion de Sophia Antipolis (Casa) – et, bien entendu, à la principaut­é de Monaco. Laquelle, de son côté, se penche aussi très sérieuseme­nt sur la question des navettes maritimes (lire page suivante). Dommage que toutes ces bonnes volontés ne réfléchiss­ent pas ensemble sur de tels projets…

 ?? (Photo Cyril Dodergny) ?? La CCI Nice-Côte d’Azur doit rendre, fin mars, une étude sur un gros projet de navettes maritimes entre Cannes, Nice et Monaco, destiné à désengorge­r la sortie de l’A en direction de Monaco.
(Photo Cyril Dodergny) La CCI Nice-Côte d’Azur doit rendre, fin mars, une étude sur un gros projet de navettes maritimes entre Cannes, Nice et Monaco, destiné à désengorge­r la sortie de l’A en direction de Monaco.

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