Guillaume Apollinaire et Monaco
Retrouvez, chaque mois, la chronique du Comité des traditions monégasques
Né à Rome en 1880, Wilhelm Apollinaris de Kostrowitzky, dit Guillaume Apollinaire, est le fils d’Angelica Kostrowitzka, d’origine russe. Le père d’Angelica meurt en 1886. Plus rien ne retient alors à Rome la mère du futur poète, de surcroît abandonnée par son amant. Elle quitte définitivement l’Italie et arrive en Principauté le 4 mars 1887, accompagné de ses deux enfants, Guillaume et son jeune frère Albert, né en 1882.
Guillaume est scolarisé au collège Saint-Charles sur le Rocher (bâtiment de l’actuelle mairie) à la rentrée d’octobre 1888 dans la classe de 9e. Tout le long de sa scolarité, jusqu’à la fermeture du collège en 1895, il obtiendra de nombreux prix d’excellence (1). Il fait preuve d’une piété sincère et sera même secrétaire général de la Congrégation de l’Immaculée Conception du collège (2). Il poursuivra sa scolarité au collège Stanislas à Cannes, puis, en 1897, au futur lycée Masséna de Nice afin d’y préparer le baccalauréat. Il fut reçu à l’écrit mais échoua à l’oral. Après quelques séjours en meublé, la famille de Kostrowitzky s’installa en 1891 au deuxième étage de la maison Canis, à l’angle des rues Louis-Notari et Princesse-Antoinette. Suite à des déboires financiers, toute la famille déménage de Monaco en 1894 pour s’installer dans le quartier populaire du Carnier à l’époque sur la commune de La Turbie (Beausoleil ne sera créé qu’en 1904). Pendant les vacances scolaires, Guillaume et son frère Albert étaient souvent hébergés chez leur ami James Onimus à la villa « Charles James » à Cap-d’Ail où son père le Docteur Onimus
(3) possédait un grand domaine. La famille revient à Monaco au début de 1897. Sa mère a trouvé un compagnon qui ne la quittera plus, Jules Weil, jeune homme élégant et qui semble jouir d’une grande fortune. Ils s’installent dans un appartement en contrebas du boulevard des Moulins (de nos jours passage Barriera). En janvier 1899, la famille quitte définitivement Monaco pour Aix-les-Bains, Lyon et enfin Paris. Pourquoi Guillaume, jusqu’en 1897 élève modèle, a-t-il abandonné ses études ? On ne peut qu’émettre des hypothèses sur cette crise profonde. Peut-être rejettet-il le monde conformiste dans lequel on a voulu le tenir enfermé ? Ce précurseur du surréalisme, dont il a forgé le nom, n’a pas laissé beaucoup de traces de sa période monégasque. Tout récemment, Pierre Bergé, bibliophile averti, a permis l’édition d’un album du
(4) jeune Guillaume jusque-là inédit couvrant la période de 1893-1895 où se mêlent poèmes et dessins.
1. Réf : Annales monégasques N°2 - N°4 - N°29, Apollinaire et Monaco, de JeanJacques Pauvert, aux éditions du Rocher.
2. Sa bannière ou Gonfalon de procession qui représente d’un côté l’Immaculée Conception, de l’autre saint Charles Borromée, se trouve de nos jours dans la chapelle St-Charles Borromée, saint patron de l’ancien Collège Français de SaintCharles situé dans le déambulatoire de la cathédrale de Monaco.
3. Le docteur Onimus avait créé au-dessus de l’église N-D du Cap Fleuri à Cap-d’Ail l’hôtel Sanitas, un établissement sanitaire qui deviendra par la suite la maison de retraite du Cap-Fleuri.
4. Guillaume Apollinaire : « Un album de jeunesse » chez Gallimard.