de MICHÈLE COTTA France-Italie : plus que de la Commedia dell’ arte
Disons-le : dans cette brouille entre la France et l’Italie il y a, tant les deux pays sont proches, quelque chose comme de la commedia dell’arte. Personne ne croit tout à fait au spectacle plus ou moins improvisé qui se joue de ce côté-ci et de ce côté-là des Alpes. C’est du « Retiens-moi ou je fais un malheur » ou « Viens voir ici si j’y suis ». Il reste que la venue en catimini en France du vice-Premier ministre Di Maio et sa sollicitude publique aux « gilets jaunes » est bel et bien une provocation. Qui a commencé ? Emmanuel Macron en reprochant aux autorités de Rome de ne pas assez bien accueillir chez eux les embarcations des migrants ? En classant les actuels dirigeants italiens dans le camp des populistes ? Ou Matteo Salvini, l’autre vice-Premier ministre italien, conseillant aux Français de se débarrasser au plus vite de leur Président ? Peu importe.
Aujourd’hui, il
« Dans la brouille
faut bien reconnaître actuelle entre que le tandem ministériel les deux pays,
Salvini -Di Maio il y a plus ne cesse de mettre des louches que de la comédie » d’huile sur le feu. Rien de plus facile en effet que de désigner un ennemi de l’extérieur quand on est confronté, comme le gouvernement italien à un début de récession au bout d’un an de pouvoir. Rien de plus aisé que de prêcher la bonne parole aux contestataires français au lieu de répondre, à Rome, aux revendications des travailleurs italiens.
Mais dans la brouille actuelle entre les deux pays, il y a plus que de la comédie. Jamais depuis l’avant-guerre, les dirigeants italiens et français n’ont été plus éloignés les uns des autres.
D’un côté, à Rome, la coalition des extrêmes, entre le mouvement venu de la gauche des étoiles et celui marqué à droite de Salvini. De l’autre, à Paris, un gouvernement qui ne se veut ni de gauche ni de droite, et qui a contre lui, au contraire, les extrêmes, lesquels ont tendance, ces tempsci, vêtus de gilets de la même couleur, à opérer des regroupements contre nature. Si on ajoute qu’Emmanuel Macron est partisan d’une Europe plus unie alors que le gouvernement italien se range délibérément parmi les euro-sceptiques, pour ne pas dire les souverainistes, on s’aperçoit que le malaise franco-italien reflète en réalité le visage de l’Europe d’aujourd'hui, entre populisme et libéralisme.