Les Grimaldi Milites, combattants du cru
Ils croisent le fer sous le nom de guerre « Grimaldi Milites ». Des couleurs rouges et blanches, forcément, pour rappeler l’identité du pays. Un blason qui reprend l’insigne de Rainier-Ier. En Principauté, ils sont une quinzaine à pratiquer le béhourd sous la bannière de l’association monégasque de combat médiéval. C’est une bande de copains. Sans prétention d’ouvrir le cercle à un public plus large. Ni d’évoluer au plus haut niveau. D’ailleurs, ce samedi dans la lice circulaire de Fontvieille, ils ne se frotteront pas à la crème du combat médiéval.
« On est des novices pour l’instant »,
avoue, sans ambages, Arnaud. Au cours de l’un des mariages de la famille princière, des démonstrations de joutes médiévales ont été organisées pour divertir les invités. Ce moment-là a fortement inspiré la création de cette équipe monégasque. Depuis, celle-ci a participé à trois compétitions officielles : Tourcoing, Saint-Dizier et, dernièrement, Laon. Sans parler de leur exhibition lors de la fête de la Saint-Jean et de la Rencontre des sites historiques Grimaldi. «Audernier classement officiel, on pointe à la sixième place du championnat de France sur une vingtaine d’équipes », confie Philippe Rebaudengo, secrétaire général de l’association. Pour performer, pas de secret : s’entraîner plusieurs fois par semaine, répéter sans cesse ses gestes, apprendre à encaisser les coups. Ces gars-là sont déjà rodés. Beaucoup baignent dans le milieu des sports de combat depuis plusieurs années. « Il faut être solide sur ses jambes, avoir un bon cardio et savoir faire des projections. Pour mettre à terre un adversaire, il faut soit l’épuiser, soit taper très fort, soit le contourner
pour le projeter à terre », décrit Arnaud.
Entraînement intense
Ce jour-là, au troisième étage d’un bâtiment de Fontvieille, ils sont quatre à se retrouver pour un entraînement. Un faible effectif dû aux emplois du temps chargés des uns et des autres.
Dans un coin de la pièce, un « mannequin » de pneus noirs sur lequel ces « chevaliers » des temps modernes s’acharnent. A coups d’épée, de hache, de masse. Peu importe l’arme médiévale, l’objectif étant de parfaire son geste, de mettre l’intensité nécessaire. Au milieu, une lice en bois rectangulaire. C’est là que l’équipe prépare ses futurs combats. «Onne met que deux fois par mois l’intégralité de l’armure. On ne veut pas abîmer le matériel, ni se blesser. On se préserve. Le reste du temps, on utilise des armes plus souples (enveloppées de mousse, NDLR) et des boucliers légers », détaille Arnaud. En revanche, le casque est souvent enfilé pour les besoins de l’entraînement. Pour s’acclimater au poids et à la chaleur, d’abord. Pour se mouvoir tout en supportant plusieurs kilos sur la boîte crânienne, ensuite. Au programme du jour : beaucoup d’endurance. Les coéquipiers s’envoient un ballon orange de huit kilos tout en tournant en rond. Le tout suivi d’une séance de gainage. Dans la foulée, ils enchaînent sur du fractionné. Comprendre, plusieurs ateliers successifs entrecoupés de pauses furtives. Le premier tape de toutes ses forces avec une masse sur un énorme pneu noir, le deuxième pousse une centaine de kilos, le dernier enchaîne les allersretours dans la lice. Enfin, pour finir l’entraînement, un atelier de frappe est programmé sur le mannequin, avant les étirements.
«Unrêveéveillé»
Soyons honnêtes, dans cette pratique, les hématomes sont légion. La totalité de l’équipement pèse pas moins de 30 kilos. Alors quel plaisir dans le béhourd ? « C’est un voyage dans le temps. Combien de fois a-t-on joué aux chevaliers étant petit ? C’est un peu un rêve éveillé, sourit Arnaud, également passionné d’histoire. La première fois
que j’ai enfilé toute l’armure, les premiers pas c’était comme être sur la Lune. »