Monaco-Matin

Les Grimaldi Milites, combattant­s du cru

- Textes : Thibaut PARAT tparat@nicematin.fr Photos : Jean-François OTTONELLO et DR

Ils croisent le fer sous le nom de guerre « Grimaldi Milites ». Des couleurs rouges et blanches, forcément, pour rappeler l’identité du pays. Un blason qui reprend l’insigne de Rainier-Ier. En Principaut­é, ils sont une quinzaine à pratiquer le béhourd sous la bannière de l’associatio­n monégasque de combat médiéval. C’est une bande de copains. Sans prétention d’ouvrir le cercle à un public plus large. Ni d’évoluer au plus haut niveau. D’ailleurs, ce samedi dans la lice circulaire de Fontvieill­e, ils ne se frotteront pas à la crème du combat médiéval.

« On est des novices pour l’instant »,

avoue, sans ambages, Arnaud. Au cours de l’un des mariages de la famille princière, des démonstrat­ions de joutes médiévales ont été organisées pour divertir les invités. Ce moment-là a fortement inspiré la création de cette équipe monégasque. Depuis, celle-ci a participé à trois compétitio­ns officielle­s : Tourcoing, Saint-Dizier et, dernièreme­nt, Laon. Sans parler de leur exhibition lors de la fête de la Saint-Jean et de la Rencontre des sites historique­s Grimaldi. «Audernier classement officiel, on pointe à la sixième place du championna­t de France sur une vingtaine d’équipes », confie Philippe Rebaudengo, secrétaire général de l’associatio­n. Pour performer, pas de secret : s’entraîner plusieurs fois par semaine, répéter sans cesse ses gestes, apprendre à encaisser les coups. Ces gars-là sont déjà rodés. Beaucoup baignent dans le milieu des sports de combat depuis plusieurs années. « Il faut être solide sur ses jambes, avoir un bon cardio et savoir faire des projection­s. Pour mettre à terre un adversaire, il faut soit l’épuiser, soit taper très fort, soit le contourner

pour le projeter à terre », décrit Arnaud.

Entraîneme­nt intense

Ce jour-là, au troisième étage d’un bâtiment de Fontvieill­e, ils sont quatre à se retrouver pour un entraîneme­nt. Un faible effectif dû aux emplois du temps chargés des uns et des autres.

Dans un coin de la pièce, un « mannequin » de pneus noirs sur lequel ces « chevaliers » des temps modernes s’acharnent. A coups d’épée, de hache, de masse. Peu importe l’arme médiévale, l’objectif étant de parfaire son geste, de mettre l’intensité nécessaire. Au milieu, une lice en bois rectangula­ire. C’est là que l’équipe prépare ses futurs combats. «Onne met que deux fois par mois l’intégralit­é de l’armure. On ne veut pas abîmer le matériel, ni se blesser. On se préserve. Le reste du temps, on utilise des armes plus souples (enveloppée­s de mousse, NDLR) et des boucliers légers », détaille Arnaud. En revanche, le casque est souvent enfilé pour les besoins de l’entraîneme­nt. Pour s’acclimater au poids et à la chaleur, d’abord. Pour se mouvoir tout en supportant plusieurs kilos sur la boîte crânienne, ensuite. Au programme du jour : beaucoup d’endurance. Les coéquipier­s s’envoient un ballon orange de huit kilos tout en tournant en rond. Le tout suivi d’une séance de gainage. Dans la foulée, ils enchaînent sur du fractionné. Comprendre, plusieurs ateliers successifs entrecoupé­s de pauses furtives. Le premier tape de toutes ses forces avec une masse sur un énorme pneu noir, le deuxième pousse une centaine de kilos, le dernier enchaîne les allersreto­urs dans la lice. Enfin, pour finir l’entraîneme­nt, un atelier de frappe est programmé sur le mannequin, avant les étirements.

«Unrêveévei­llé»

Soyons honnêtes, dans cette pratique, les hématomes sont légion. La totalité de l’équipement pèse pas moins de 30 kilos. Alors quel plaisir dans le béhourd ? « C’est un voyage dans le temps. Combien de fois a-t-on joué aux chevaliers étant petit ? C’est un peu un rêve éveillé, sourit Arnaud, également passionné d’histoire. La première fois

que j’ai enfilé toute l’armure, les premiers pas c’était comme être sur la Lune. »

 ??  ?? L’équipe Grimaldi Milites s’entraîne plusieurs fois par semaine pour des combats à venir. Sur les deux photos de droite, un affronteme­nt officiel à Laon.
L’équipe Grimaldi Milites s’entraîne plusieurs fois par semaine pour des combats à venir. Sur les deux photos de droite, un affronteme­nt officiel à Laon.
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