Le SDF italien du boulevard des Moulins hospitalisé au CHPG
Antonino risquait une peine de prison ferme pour être revenu sur le territoire de la Principauté, moins d’une semaine après une première condamnation. Mais reconnu irresponsable de ses actes, le tribunal a décidé que le SDF passerait ses prochains jours dans le service psychiatrique du CHPG.
Quel drôle de personnage dans le box ! Il fait penser au truculent Falstaff, ce bouffon le plus abouti de Shakespeare à la fois comique et irritant. Barbu, hirsute, vulgaire, sa seule source de fantasmes se limite à boire de l’eau en bouteille, respirer l’air hors de la maison d’arrêt et avaler un meilleur repas que ceux servis précédemment. Il ne supporte pas l’exclusion forcée de son banc de Monte-Carlo et se pose en victime frappée d’ostracisme par la police et la justice. Une hostilité inventée, imaginée… Car sur les faits, le pouvoir judiciaire et la force publique ont montré une humanité inhabituelle.
« L’eau du robinet est dégueulasse »
Les faits parlent d’eux-mêmes. Le samedi 2 février, les policiers remarquent à nouveau la présence du sans-abri sur son périmètre de prédilection : le boulevard des Moulins. Interpellé, pour infraction à mesure de refoulement, il comparaît aussitôt, menotté, à la dernière audience de flagrance. Afin de contester son incarcération, le prévenu reste muet comme une carpe face aux interrogations du président Florestan Bellinzona. Comme il est impossible d’obtenir le moindre commentaire, le magistrat demande une expertise psychiatrique. Vendredi, le président portait à la connaissance du tribunal les résultats de la mesure d’instruction. « L’expert a conclu, après examen et confronté à de copieuses insultes, à une activité délirante. Cet homme n’est pas responsable de ses actes dans le cadre d’une pathologie de démence… » Le clochard, les mains dans le dos, écoute sans émettre la moindre opposition. Son ostentation et son excès à la moquerie, à l’indifférence, deviennent vite sources de ridicule. Mais il crie ! Gueule ! Belles paroles et douces phrases manquent à son répertoire quand il charge, accable les autorités des pires maux : « Les agents m’ont maltraité, mordu… » Et il rappelle inlassablement le manque d’eau, « surtout pas celle du robinet, elle est dégueulasse » et sa soif d’air pur… Tous ces propos sont entrecoupés de grossièretés, d’insolences, d’invectives.
Le CHPG avant un retour en Italie
À l’heure des réquisitions, le procureur général adjoint Hervé Poinot constate qu’il n’est pas possible « d’entendre ce quinquagénaire plaider sa cause. Après l’état de démence diagnostiqué, vous pourrez entrer en voie de relaxe et autoriser par la suite son placement dans un établissement spécialisé de son pays d’origine. »
Le président confirme l’hospitalisation, dans un premier temps, au CHPG. Puis des demandes seront entreprises avec les autorités de la Péninsule afin que cette personne poursuive ses soins en Italie.