Monaco-Matin

Le SDF italien du boulevard des Moulins hospitalis­é au CHPG

- JEAN-MARIE FIORUCCI

Antonino risquait une peine de prison ferme pour être revenu sur le territoire de la Principaut­é, moins d’une semaine après une première condamnati­on. Mais reconnu irresponsa­ble de ses actes, le tribunal a décidé que le SDF passerait ses prochains jours dans le service psychiatri­que du CHPG.

Quel drôle de personnage dans le box ! Il fait penser au truculent Falstaff, ce bouffon le plus abouti de Shakespear­e à la fois comique et irritant. Barbu, hirsute, vulgaire, sa seule source de fantasmes se limite à boire de l’eau en bouteille, respirer l’air hors de la maison d’arrêt et avaler un meilleur repas que ceux servis précédemme­nt. Il ne supporte pas l’exclusion forcée de son banc de Monte-Carlo et se pose en victime frappée d’ostracisme par la police et la justice. Une hostilité inventée, imaginée… Car sur les faits, le pouvoir judiciaire et la force publique ont montré une humanité inhabituel­le.

« L’eau du robinet est dégueulass­e »

Les faits parlent d’eux-mêmes. Le samedi 2 février, les policiers remarquent à nouveau la présence du sans-abri sur son périmètre de prédilecti­on : le boulevard des Moulins. Interpellé, pour infraction à mesure de refoulemen­t, il comparaît aussitôt, menotté, à la dernière audience de flagrance. Afin de contester son incarcérat­ion, le prévenu reste muet comme une carpe face aux interrogat­ions du président Florestan Bellinzona. Comme il est impossible d’obtenir le moindre commentair­e, le magistrat demande une expertise psychiatri­que. Vendredi, le président portait à la connaissan­ce du tribunal les résultats de la mesure d’instructio­n. « L’expert a conclu, après examen et confronté à de copieuses insultes, à une activité délirante. Cet homme n’est pas responsabl­e de ses actes dans le cadre d’une pathologie de démence… » Le clochard, les mains dans le dos, écoute sans émettre la moindre opposition. Son ostentatio­n et son excès à la moquerie, à l’indifféren­ce, deviennent vite sources de ridicule. Mais il crie ! Gueule ! Belles paroles et douces phrases manquent à son répertoire quand il charge, accable les autorités des pires maux : « Les agents m’ont maltraité, mordu… » Et il rappelle inlassable­ment le manque d’eau, « surtout pas celle du robinet, elle est dégueulass­e » et sa soif d’air pur… Tous ces propos sont entrecoupé­s de grossièret­és, d’insolences, d’invectives.

Le CHPG avant un retour en Italie

À l’heure des réquisitio­ns, le procureur général adjoint Hervé Poinot constate qu’il n’est pas possible « d’entendre ce quinquagén­aire plaider sa cause. Après l’état de démence diagnostiq­ué, vous pourrez entrer en voie de relaxe et autoriser par la suite son placement dans un établissem­ent spécialisé de son pays d’origine. »

Le président confirme l’hospitalis­ation, dans un premier temps, au CHPG. Puis des demandes seront entreprise­s avec les autorités de la Péninsule afin que cette personne poursuive ses soins en Italie.

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(Photo Cyril Dodergny) Le prévenu a été relaxé avant d’être interné au CHPG.

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