Monaco-Matin

Pourquoi les juges ont annulé une expertise ordonnée par le parquet

- J.-M.F.

C’est une affaire complexe abordée par le tribunal correction­nel, où il est question de validité d’une expertise demandée par le parquet général dans un dossier de blessures involontai­res. Les faits, d’abord. Le  juillet , le prévenu pilote la moto d’un ami. Vers  h , il emprunte l’avenue Camille-Blanc à la forte déclivité. À l’intersecti­on avec le boulevard de France, il percute un scooter avec un pilote et sa passagère. Très sérieuseme­nt blessées, les trois personnes sont transporté­es au CHPG. « La police, dès le début de l’enquête, s’interroge sur l’absence de freinage du motard au cours de la descente, relate le président Jérôme FougerasLa­vergnolle. Ce dernier affirme que les freins, pourtant sollicités, n’ont pas répondu. Pourtant, aucun ennui n’est intervenu depuis qu’il conduit l’engin prêté à partir du mois d’avril . À ce sujet, il justifie aux enquêteurs l’entretien et la révision dans un garage de la rue des Açores. Une facture établie à cette même date en témoigne. À la suite des déclaratio­ns de cet artisan, le procureur général ordonne une expertise de la moto afin de s’assurer de l’état des freins et si le système était défectueux. »

Une fois les résultats connus, le parquet a décidé de renvoyer l’affaire devant le tribunal correction­nel pour des faits de blessures involontai­res. À l’audience, Me Thomas Brezzo, conseil du garage, a soulevé la nullité de l’expertise. « Car à Monaco, il n’y a pas de cadre juridique qui permet de donner la compétence au procureur afin de mettre en place cette expertise. » En revanche, pour le représenta­nt du ministère public, cette expertise est valable et rien n’empêche de la mettre en place. Le magistrat du parquet s’appuie sur l’article  de procédure pénale : «Le procureur général a la direction de la police judiciaire et exerce l’action publique. Il est chargé de la recherche et de la poursuite des crimes et des délits… »

Sans aborder le fond, le tribunal a préféré, dans un premier temps, « purger » cette difficulté juridique. Après en avoir délibéré, le tribunal vient de rendre son jugement : le parquet n’a pas la compétence requise et, à ce titre, l’expertise a été annulée. Ce dernier a fait appel de la décision rendue.

De son côté, les juges ont considéré deux cas possibles dans la loi monégasque où une expertise peut être diligentée : quand un juge d’instructio­n est nommé ; ou bien quand on est dans une enquête de flagrance. Ce qui n’est pas le cas dans les deux éventualit­és concernées. Une suite est déjà prévue : l’affaire sera abordée sur le fond cette fois à l’audience du mardi  mars .

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