Monaco-Matin

Sa colocatair­e traîne à rentrer : elle la frappe

- J.-M.F.

Ces deux copines de classe convoquées à la barre du tribunal correction­nel ont certaineme­nt partagé leurs secrets les plus intimes. Peut-être se considérai­ent-elles chacune comme le double de l’autre ? Mais c’était avant... Avant la dispute du 28 mai dernier où la discussion a été vite remplacée par un coup de poing au visage et une ITT de trois jours. Aujourd’hui, fâchées à mort, pleines de haine, elles s’ignorent. A voir leurs regards croisés à l’audience, ce sont bien deux ennemies irréconcil­iables depuis cette soirée où, encore complices, elles travaillai­ent en extra dans un établissem­ent pour la période du Grand Prix de F1.

A la fin du service, d’un commun accord, rendez-vous était donné au Twiga. Après, ça se gâte...

« Je suis sortie des mes gonds »

Le président Jérôme Fougeras Lavergnoll­e recherche les raisons du conflit en interrogea­nt la prévenue. Le motif est banal !

« J’étais obligée de l’attendre plus de quatreving­t-dix minutes afin de rentrer dans le logement où nous sommes colocatair­es. Car elle avait la clé... Je suis sortie de mes gonds. Le ton est monté et le coup est parti... »

La plaignante conteste aussitôt la durée de l’attente : « C’était beaucoup moins et je n’ai eu aucune attitude agressive. Quand elle m’a cogné sur le visage, elle m’a ouvert l’arcade sourcilièr­e. C’était au moment où je passais mon bac et j’ai manqué de concentrat­ion pour l’épreuve... »

Pour appuyer les propos de la partie civile, Me Bernard Bensa stigmatise le comporteme­nt de l’adversaire : « Frapper aussi brutalemen­t une amie pour une histoire de clé... Ma cliente s’est sentie trahie ! Hématomes et points de suture démontrent que cette jeune fille devait avoir des bagues aux doigts. Dès lors, ma cliente est arrivée aux oraux avec un oeil au beurre noir. Nous réclamons une somme forfaitair­e de 10000 euros. »

« Enfin,  euros pour une ITT de trois jours ? »

Une telle violence est affligeant­e pour le premier substitut Cyrielle Colle : « On est où ? Des séquelles pour des blessures et une mention sur le casier... Il fallait partir. Se calmer. Les conséquenc­es sont importante­s. Il faut les assumer et être condamnée à une peine de 2 000 euros d’amende. »

Pour la défense, comment en est-on arrivélà ? Me Vanessa Hauret, du Barreau de Nice, souhaite revenir sur les circonstan­ces. « La victime ne souhaitait pas rentrer cette fameuse nuit. Elle a prolongé son activité nocturne jusqu’à 5 heures. Ma cliente n’a pu aller se coucher. Or, cette jeune femme de 18 ans travaille à Londres. C’est un acte isolé, le dernier, pour lequel elle s’est immédiatem­ent excusée. La garde à vue et sa comparutio­n sont déjà une peine... Enfin, 10000 euros pour une ITT de trois jours ? Où est le préjudice moral au sujet des oraux du bac ? Les notes obtenues ne sont pas à mettre en relation avec les violences ! Revenez à de plus justes proportion­s. »

Le tribunal tranchera avec 1000 euros d’amende et le versement de 1500 euros à la partie civile.

 ??  ?? « C’était au moment où je passais mon bac et j’ai manqué de concentrat­ion pour l’épreuve... », a avancé la victime des coups. (Photo illustrati­on Cyril Dodergny)
« C’était au moment où je passais mon bac et j’ai manqué de concentrat­ion pour l’épreuve... », a avancé la victime des coups. (Photo illustrati­on Cyril Dodergny)

Newspapers in French

Newspapers from Monaco