Monaco-Matin

Au Pont-du-Las à Toulon, « il fait bon vivre »

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« Ma femme, vous lui donnez une maison ailleurs qu’au Pont-du-Las, elle la refuse ! Elle ne bougera plus jamais du quartier », affirme Gino Giordano. Et ne comptez pas sur ce natif de Naples pour tenter de convaincre sa dulcinée d’aller voir si l’herbe est plus verte ailleurs. À tout juste 77 ans (il a sagement fêté son anniversai­re dimanche avec quelques copains, au Bar américain, place Martin-Bidouré), Gino a passé plus de la moitié de sa vie au Pont-du-Las, à l’entrée ouest de Toulon. Arrivé en 1970, après avoir rencontré celle qui deviendra son épouse, il n’en est jamais reparti. « J’ai rencontré Marithé lors d’une escale à Toulon. Une fois mon engagement dans la marine italienne terminé, je suis venu m’installer à Toulon. Quand on a cherché un appartemen­t, on a opté pour le Pont-du-Las et son marché provençal. On a tout à côté, c’est pratique », explique-t-il simplement.

Douceur de vivre

Près d’un demi-siècle plus tard, Gino, le Napolitain, a pris racine. Et même si « le quartier a beaucoup changé, consent-il, c’est mon quartier. Je m’y sens bien ».

Et de lâcher dans un éclat de rire : « A Toulon, on a le soleil, la mer, et en plus on est payé ! »

Pied-noir d’origine, Bienvenu Quintana, 78 ans dont 50 à Toulon, a vécu dans plusieurs quartiers de la ville avant de se poser définitive­ment au Pont-du-Las, en 1990. Le marché – « qui à l’époque s’étendait des deux côtés de l’avenue du XVe Corps », précise-t-il –, n’est sans doute pas étranger, là encore, à l’installati­on dans le quartier de cet ancien charpentie­r-tôlier de l’arsenal.

« Il y fait bon vivre. On ne se sent pas isolé du tout. On a même les services publics à proximité », commente-t-il. Mais Bienvenu se sent avant tout toulonnais – « les housses des sièges de ma voiture sont rouges et noires [les couleurs du RCT, le club de rugby, Ndlr] », glisse-t-il sur le ton de la confidence. En ce doux dimanche d’hiver, c’est vrai que l’ambiance du marché est plutôt agréable. Et ce n’est pas Aziz qui dira le contraire. Ça fait vingt ans que ce revendeur y travaille six jours par semaine. Résidant à La Valette, Aziz affirme qu’il pourrait sans problème s’installer au Pont-du-Las. À voir les habitués s’arrêter lui faire la bise, on veut bien le croire. Aziz est même peut-être plus attaché au quartier que nombre de ses habitants. Conscient que le marché, le coeur du quartier, a perdu de sa superbe – « Ce n’est plus le marché d’il y a deux ou trois ans » –, Aziz veut encore croire à un possible renouveau. Et réfléchit avec d’autres à des solutions, « en collaborat­ion avec la mairie ».

En pente douce

Enfant du Pont-du-Las – « Je suis né à deux pas de là, à la clinique Notre-Dame, aujourd’hui disparue », glisse-til en préambule –, Daniel, 63 ans, n’affiche pas le même optimisme. S’il revient très régulièrem­ent dans le quartier, c’est pour rendre visite à sa mère, âgée de 91 ans. Mais il ne reconnaît plus le quartier de sa jeunesse. « J’ai quitté le Pont-du-Las il y a 40 ans, quand je suis parti de chez mes parents. À cette époque, c’était comme un petit village, très animé. Ça ne l’est plus. Aujourd’hui, il n’y a plus d’âme ». P.-L. P.

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(Photo Laurent Martinat) Le marché est l’endroit idéal du quartier pour se retrouver.

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