Brisach et Ste-Maxime : c’est vraiment fini
Le fabricant de cheminées déménage, laissant sur le carreau une vingtaine d’employés. La fin d’une grande histoire dans la commune
Elle fut le fleuron économique de SainteMaxime pendant des décennies. Cinquante ans après son installation, l’entreprise Brisach quitte définitivement son site de la route du Plande-la-Tour.
Fini. Terminé. Malgré son rachat, il y a deux ans, par le groupe italien MCZ, l’un des leaders européens du secteur et malgré une politique de redynamisation de la marque.
employés licenciés
C’est officiel, Brisach Design (la nouvelle appellation depuis 2017) déménage à Arnas, dans la région lyonnaise, au-dessus de Villefranche-sur-Saône, à 450 km de la cité varoise. Résultat, sur les 28 employés sauvés après la restructuration (ils étaient encore 89 en 2017) 18 restent sur le carreau, licenciés économiques, faute de suivre l’entreprise. Comment en est-on arrivé là ? Lorsque la société MCZ a repris Brisach en janvier 2017, elle n’a pas souhaité reprendre les locaux. Le site de production avait été démantelé et tous les ouvriers licenciés, de même que les deux tiers du service logistique et expédition. Seul un bureau et un laboratoire d’études étaient maintenus, soit 24 employés et 4 commerciaux. Brisach bénéficiait alors d’un bail précaire jusqu’en mars 2018, qu’elle a prolongé jusqu’à mars 2019. Ca n’ira pas plus loin. Le déménagement a été décidé avant cette issue. Le 22 mars les locaux auront été vidés de toute activité. Pourtant, lors d’une interview accordée à Nice-Matin en février 2017, Walter Breda, le P-.D.G. de MCZ, avait fait part de son intention de trouver un nouveau site à Sainte-Maxime ou dans ses environs proches. Mieux, d’après les délégués syndicaux, « lors de l’audience du 23 janvier 2017, la question avait été soulevée devant le tribunal de commerce de Fréjus, pour obtenir l’engagement de MCZ à maintenir la société Brisach Design dans le bassin d’emploi de l’Est Var (Golfe, Fréjus-St-Raphaël, Dracénie). L’engagement avait été pris devant les salariés, puis devant le président du tribunal »!
C’est d’ailleurs la sauvegarde d’une partie des emplois et la préservation de l’activité qui avait primé pour les juges, dans le choix du repreneur face à deux autres concurrents : le norvégien Jotul et l’alliance Ducournau-Bonifay-Viola, seulement intéressée par le site. Deux ans après, la réalité est toute autre : « On a cherché un site, on n’a rien trouvé » argumente le directeur général de Brisach Jean-François Manevy. « Il y avait largement de quoi faire aux Moulins » souligne le maire Vincent Morisse. « Il y avait une proposition intéressante aux Arcs » renchérit-on au comité syndical. « Pas si intéressant que cela » estime le directeur.
Une coquille vide
N’écoutant que ses arguments, MCZ a tranché en décidant de poursuivre l’aventure Brisach ailleurs. Quant aux 28 employés, ils ont dû faire face à un choix difficile : suivre l’entreprise dans la région lyonnaise et accepter, en quelque sorte, de changer de vie, ou ne pas suivre et subir un licenciement économique.
« Nous avons donné deux ans supplémentaires de notre vie après le rachat, pour contribuer à remettre dans le droit chemin la société. Malgré les années d’incertitude subies auparavant. Nous n’avons pas pesé bien lourd dans la balance. Même le maire a avoué ne pas avoir de solutions », poursuit un délégué syndical. « Nous n’avons jamais vraiment été dans la boucle des négociations, répond le maire. C’est triste pour les emplois mais cette décision n’est pas surprenante. Depuis des années, c’est la chronique d’une mort annoncée ».
A la fin de la semaine, les locaux Brisach qui ont longtemps fait le prestige de la cité, ne seront qu’une coquille vide.
Que vont devenir ces bâtiments qui ne sont plus que l’ombre d’eux-mêmes ? « Alors que le quartier est en pleine expansion avec les Moulins, Brisach pourrait devenir une verrue dans le paysage », a commenté le maire lors du comité de quartier. Le dossier est entre les mains de la mandataire judiciaire Me Deloret qui doit mettre en vente le bâtiment. A moins que la communauté de communes, qui s’était positionnée sur un projet d’exploitation du site il y a un an, ne s’en empare. En attendant de revoir peutêtre le site vivre à nouveau, c’est bien une des plus belles pages de l’histoire économique de la ville qui se tourne.