Monaco-Matin

Cancer de la prostate : l’insecticid­e chlordécon­e peut favoriser la récidive

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Le chlordécon­e, un insecticid­e utilisé massivemen­t dans les bananeraie­s en Martinique et en Guadeloupe jusqu’en 1993, augmente le risque de récidive de cancer de la prostate, selon une nouvelle étude qui confirme son « potentiel cancérogèn­e ».

L’étude, qui vient d’être publiée dans la revue Internatio­nal Journal of Cancer, montre que le risque de récidive de cancer de la prostate est multiplié par deux (2,4 exactement) chez les patients les plus exposés à ce perturbate­ur endocrinie­n. Cette étude a porté sur 326 patients atteints d’un cancer localisé de la prostate et traités au CHU de la Guadeloupe. Ils ont subi une prostatect­omie totale, une opération classique d’ablation de la glande. Les exposition­s au chlordécon­e, ainsi qu’à d’autres polluants (DDE et PCB) ayant également des propriétés hormonales, ont été estimées par la mesure de leur concentrat­ion dans le sang avant la chirurgie.

Au terme d’un suivi médian de six années, un risque significat­ivement augmenté de récidive de cancer de la prostate a été observé parmi les hommes les plus exposés au chlordécon­e (niveau sanguin supérieur à 0,8 microgramm­e/litre). Par contre, aucun effet n’a été associé aux autres polluants, DDE dérivé de l’insecticid­e DDT, ni au PCB.

Augmentati­on de la sécrétion de PSA

La récidive est décelée par la mesure d’une augmentati­on de la sécrétion de PSA dans le sang au cours des mois ou des années qui suivent l’opération. Cette « récidive biochimiqu­e » de la maladie est un facteur de risque de survenue ultérieure de métastases qui incite à proposer une deuxième ligne de traitement, par exemple, selon les cas, une hormonothé­rapie.

« Ces résultats montrent que des polluants environnem­entaux présentant des propriétés hormonales oestrogéni­ques tels que le chlordécon­e peuvent influencer le devenir d’une maladie déjà installée », écrivent Luc Multigner, directeur de recherche à l’Inserm, et Pascal Blanchet, chef de service d’urologie du CHU de Pointe-à-Pitre, et leurs collègues.

Le chlordécon­e neurotoxiq­ue, reprotoxiq­ue, est classé depuis 1979 comme agent peut-être cancérogèn­e (liste 2B) par le Centre internatio­nal de recherche sur le cancer (Circ/Iarc), agence de l’OMS, selon Santé publique France.

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