Lacrymos,
Drôle de journée. Des baigneurs lézardant sur les galets de la promenade des Anglais. Des charges de police sur la place Garibaldi. Des blindés légers de la gendarmerie devant le Méridien. Une avenue Jean-Médecin, aux vitrines sécurisées par des panneaux de bois, se préparant à l’arrivée possible de casseurs. Et finalement, dans l’après-midi, l’artère commerçante retrouvant une vie quasi normale, à l’exception du tram’, mis à l’arrêt. Dans les jardins de la promenade du Paillon, beaucoup profitaient même hier après-midi de la douceur de ce début de printemps. Tout le contraste d’une journée à plusieurs visages, dans Nice. Hier matin, certaines enseignes, à l’image de Celio, la BNP, Nespresso, avaient pourtant fait le choix de fermer leurs portes, craignant les casseurs. Ce n’est pas le cas de Laurent Champenois, le directeur de la Fnac de Nice. Souriant, il contemplait ses vitrines barricadées. « Nous avons pris nos précautions, mais nous ouvrons sans appréhension et même avec beaucoup de plaisir. Je suis confiant. »
Un peu plus haut, rencontre avec Alessio, gérant de la Brioche chaude. « C’est une journée particulière, on nous annonce un rassemblement national. Mais j’ai décidé d’ouvrir car nous venons de passer une période très compliquée, avec les manifestations tous les samedis. Perdre des journées de travail, avec le chiffre d’affaires qui baisse, on ne peut pas se permettre. »
« Bonjour, c’est pour le mariage ? »
À l’heure où nous rencontrions Alessio, vers 8 h, l’avenue JeanMédecin, étonnamment déserte, retenait son souffle. Elle ne connaîtra finalement aucun débordement. Dans l’aprèsmidi, la foule des clients était de retour, alors que les lacrymos pleuvaient dans le quartier Saint-Philippe, à moins de deux kilomètres de là.
Hier matin, place Garibaldi, ambiance un peu différente chez le fleuriste Au bon génie de la rue Pairolière. « Des manifestants ont pris des géraniums sur notre devanture et les ont envoyés sur les forces de l’ordre. » Des interpellations ont eu lieu devant la boutique. « Nous avons dû fermer pendant une heure et demie, ça commençait à chauffer un peu », expliquait hier soir William, fleuriste, avec flegme. Ala Civette Garibaldi , le bar situé à deux pas, la matinée a été... particulière. Le bar est resté ouvert alors que les forces de l’ordre progressaient le long de sa terrasse bâchée. Scène surréaliste : « Bonjour, c’est pour le mariage ? », interrogeait une des serveuses, faisant rentrer un à un les clients de la noce, alors que les policiers chargeaient juste devant le bar.
« Le mariage était prévu depuis un mois, on ne pouvait pas annuler », commentaient hier soir Lola, la patronne, et sa soeur Marion. Le bilan de la journée est, pour elles, mi-figue, mi-raison. « Il y avait plus de forces de l’ordre que de CRS. Peut-être auraient-ils dû les laisser faire finalement, il y aurait eu moins de mouvements de foule. En revanche, on a eu presque personne, pour un samedi c’était désert. »