Monaco-Matin

Lacrymos,

- GRÉGORY LECLERC

Drôle de journée. Des baigneurs lézardant sur les galets de la promenade des Anglais. Des charges de police sur la place Garibaldi. Des blindés légers de la gendarmeri­e devant le Méridien. Une avenue Jean-Médecin, aux vitrines sécurisées par des panneaux de bois, se préparant à l’arrivée possible de casseurs. Et finalement, dans l’après-midi, l’artère commerçant­e retrouvant une vie quasi normale, à l’exception du tram’, mis à l’arrêt. Dans les jardins de la promenade du Paillon, beaucoup profitaien­t même hier après-midi de la douceur de ce début de printemps. Tout le contraste d’une journée à plusieurs visages, dans Nice. Hier matin, certaines enseignes, à l’image de Celio, la BNP, Nespresso, avaient pourtant fait le choix de fermer leurs portes, craignant les casseurs. Ce n’est pas le cas de Laurent Champenois, le directeur de la Fnac de Nice. Souriant, il contemplai­t ses vitrines barricadée­s. « Nous avons pris nos précaution­s, mais nous ouvrons sans appréhensi­on et même avec beaucoup de plaisir. Je suis confiant. »

Un peu plus haut, rencontre avec Alessio, gérant de la Brioche chaude. « C’est une journée particuliè­re, on nous annonce un rassemblem­ent national. Mais j’ai décidé d’ouvrir car nous venons de passer une période très compliquée, avec les manifestat­ions tous les samedis. Perdre des journées de travail, avec le chiffre d’affaires qui baisse, on ne peut pas se permettre. »

« Bonjour, c’est pour le mariage ? »

À l’heure où nous rencontrio­ns Alessio, vers 8 h, l’avenue JeanMédeci­n, étonnammen­t déserte, retenait son souffle. Elle ne connaîtra finalement aucun débordemen­t. Dans l’aprèsmidi, la foule des clients était de retour, alors que les lacrymos pleuvaient dans le quartier Saint-Philippe, à moins de deux kilomètres de là.

Hier matin, place Garibaldi, ambiance un peu différente chez le fleuriste Au bon génie de la rue Pairolière. « Des manifestan­ts ont pris des géraniums sur notre devanture et les ont envoyés sur les forces de l’ordre. » Des interpella­tions ont eu lieu devant la boutique. « Nous avons dû fermer pendant une heure et demie, ça commençait à chauffer un peu », expliquait hier soir William, fleuriste, avec flegme. Ala Civette Garibaldi , le bar situé à deux pas, la matinée a été... particuliè­re. Le bar est resté ouvert alors que les forces de l’ordre progressai­ent le long de sa terrasse bâchée. Scène surréalist­e : « Bonjour, c’est pour le mariage ? », interrogea­it une des serveuses, faisant rentrer un à un les clients de la noce, alors que les policiers chargeaien­t juste devant le bar.

« Le mariage était prévu depuis un mois, on ne pouvait pas annuler », commentaie­nt hier soir Lola, la patronne, et sa soeur Marion. Le bilan de la journée est, pour elles, mi-figue, mi-raison. « Il y avait plus de forces de l’ordre que de CRS. Peut-être auraient-ils dû les laisser faire finalement, il y aurait eu moins de mouvements de foule. En revanche, on a eu presque personne, pour un samedi c’était désert. »

 ??  ?? En haut à gauche, Lola et Marion, de la Civette Garibaldi. Les vitrines de la Fnac protégées mais sans fermeture (haut à droite). Alessio, commerçant de Jean-Médecin (en bas à gauche), et William, fleuriste flegmatiqu­e du Vieux-Nice. (Photos G.L.)
En haut à gauche, Lola et Marion, de la Civette Garibaldi. Les vitrines de la Fnac protégées mais sans fermeture (haut à droite). Alessio, commerçant de Jean-Médecin (en bas à gauche), et William, fleuriste flegmatiqu­e du Vieux-Nice. (Photos G.L.)
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 ?? Les blindés devant le Méridien hier matin. (Photo D. Cx.) ??
Les blindés devant le Méridien hier matin. (Photo D. Cx.)

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