Rhizarthrose : quand l’arthrose s’empare du pouce Soins
Une douleur intense, une difficulté à effectuer des gestes précis... Cette pathologie peut rapidement devenir une gêne au quotidien mais plusieurs types de traitements existent
On connaît peu cette forme d’arthrose. Elle peut pourtant s’avérer très gênante au quotidien : la rhizarthrose touche la base du pouce. Cette pathologie concerne surtout les femmes (plus de 20%), notamment à la période de la ménopause lorsque les tissus perdent leur élasticité. Toutefois, même des hommes jeunes peuvent être concernés. Certains patients souffrent d’une déformation du pouce en Z qui peut être douloureuse et gêner la fonction. Les muscles s’atrophient et la personne perd progressivement la mobilité de son pouce. Lorsqu’il s’agit d’effectuer des tâches de précision ou un travail de force, la rhizarthrose peut devenir difficilement conciliable avec la vie professionnelle. Le Dr Bruno Lussiez, chirurgien orthopédiste spécialisé dans la main et le membre supérieur à l’IM2S (Institut monégasque de médecine du sport), reçoit régulièrement des patients se plaignant de ce type de pathologie. «Iln’ya pas de parallélisme entre l’examen clinique et la radio : il peut y avoir une arthrose importante mais peu de douleur. » Tout va donc dépendre du ressenti et des besoins de chacun. Par exemple, une infirmière doit pouvoir accomplir des soins de précision, un déménageur, être capable de soulever des charges. Concernant les traitements, ils sont d’abord médicaux. « Attelles, orthèses souples, antalgiques donnent de bons résultats chez 3 patients sur 4, relève le Dr Lussiez. En revanche, lorsqu’il y a une inflammation – le pouce est gonflé et douloureux – il est possible de procéder à une infiltration de cortisone. Mais, on ne peut en faire plus de 2 ou 3 maximum car cela pourrait endommager les tissus. » Autre type de solution : l’injection d’acide hyaluronique dans l’articulation, sous contrôle radio et anesthésie locale. « Elle s’adresse aux rhizarthroses débutantes, et peut être répétée en cas de succès. Cependant ses résultats sont inconstants : 50 % de succès. Par ailleurs, cette technique n’est pas anodine et peut être douloureuse, prévient le chirurgien. Une autre solution médicale est à l’étude : des injections de PRP (plasma riche en plaquettes) déjà utilisées pour certaines grosses articulations. Mais, « concernant la rhizarthrose, les résultats sont pour l’heure décevants ». C’est la raison pour laquelle les spécialistes français ne proposent généralement pas encore ce traitement. D’autres pistes sont également explorées parmi lesquelles l’utilisation de cellules-souches ou de graisse autologue (prélevée sur le patient luimême).
Implants ou prothèses
Dernière solution, la chirurgie. « Les traitements chirurgicaux ont considérablement évolué ces 15 dernières années avec l’apparition d’implants et de prothèses articulaires visant à remplacer l’articulation du pouce défaillante. Ces techniques, par la rapidité de récupération et la qualité de leurs résultats à long terme ont pris le pas pour beaucoup d’équipes sur la trapézectomie (c’est-à-dire l’ablation du trapèze, un petit os à la base du pouce). C’était jusqu’à présent l’intervention chirurgicale type, mais elle permettait pas de reconstruire l’articulation», résume le Dr Lussiez.
L’opération ne concerne qu’un cas sur quatre et les indications sont très précises : essentiellement la douleur et la baisse considérable de la force de la main. La diminution des mobilités du pouce et l’aspect esthétique ne sont que des indications secondaires. « Ces nouvelles interventions ont un taux de satisfaction supérieurs à 90 %. Mais le patient doit être informé que, lorsque l’on met en place une prothèse ou un implant, il peut y avoir des complications, notamment à long terme, par usure ou descellement des pièces prothétiques. Il est donc possible qu’il faille procéder à un changement de tout ou partie de la prothèse ou de l’implant.» C’est pourquoi l’hypothèse de l’opération, surtout chez le sujet jeune et actif, doit être discutée et dépendra du niveau d’activité. « Chez ces derniers, on peut proposer une une trapézectomie ou une arthrodèse – qui consiste à bloquer l’articulation ; on perd en mobilité mais pas en force – quitte à reparler d’opération 10 ou 15 ans plus tard. »
Pour conclure, dès qu’une douleur devient persistante au niveau du pouce, il convient de consulter un spécialiste. Il sera alors possible de mettre en place des traitements médicaux afin d’éviter l’aggravation et surtout de permettre la poursuite des activités quotidiennes.
Les implants et prothèses articulaires ont des taux de satisfaction supérieurs à % Dr Bruno Lussiez Chirurgien orthopédiste