Monaco-Matin

Emmanuel Macron nous répond

Dans un entretien à notre journal réalisé hier soir à 22 h avant son retour à Paris, le président de la République explique l’importance de la visite de Xi Jinping. Et s’excuse pour les désagrémen­ts subis

- PROPOS RECUEILLIS PAR DENIS CARREAUX dcarreaux@nicematin.fr

Quel a été le climat de cette rencontre avec le président chinois ?

C’était l’occasion pour moi, avant la visite officielle qui débute ce lundi, d’avoir un premier échange informel comme je l’avais eu moimême en Chine avec son épouse. Le faire dans le cadre de la villa Kerylos était pour moi une très belle opportunit­é. C’est un moyen d’installer la relation dans la durée, la conviviali­té et dans une région qui lui est chère puisque le président Xi Jinping y est déjà venu à deux reprises. Il s’était rendu à Nice en  quand il était maire adjoint. Il était revenu dans la région il y a une quinzaine d’années quand il était gouverneur de sa province. Il a une fidélité à la région, et tout particuliè­rement à Nice, la métropole et ses environs.

Il a apprécié cette journée à Monaco et sur la Côte ?

Il était très content. C’était l’occasion de lui présenter une image de notre pays, de ses territoire­s et de ses paysages. La villa Kerylos où nous sommes allés symbolise une partie de nos références antiques et de cette histoire du

XXe siècle. C’est une image très positive du pays que nous offrons, et une grande fierté.

Cette visite est importante aussi en terme d’enjeu touristiqu­e...

Il est clair que la visite d’un président chinois dans un lieu tel que celui qu’on a visité, dans une région comme celle-ci crée de la visibilité partout en Chine et des opportunit­és de développem­ent pour les touristes chinois. Lorsque le président chinois s’est rendu à Versailles il y a cinq ans, on a assisté à des augmentati­ons de près de  % de la fréquentat­ion touristiqu­e venant de Chine. C’est une manière d’améliorer notre attractivi­té touristiqu­e, et c’est pour moi très important.

Cela fait-il partie des enjeux qui justifient les contrainte­s et les désagrémen­ts vécus par les habitants de la Côte d’Azur ce dimanche ?

Je veux pour ma part remercier tout particuliè­rement les habitants du départemen­t, de Nice et de Beaulieu-surMer. Je sais les contrainte­s que ce genre de visite impose en termes de circulatio­n. Elles étaient nécessaire­s à une telle visite d’État. Ce lundi, les Parisiens auront aussi des contrainte­s avec la présence de Xi Jinping comme à chaque visite d’État. C’est ce que nous devons à un hôte de marque dans le cadre de notre diplomatie. C’est aussi une manière de donner cette image positive du pays et d’en avoir les retombées.

Le vase que vous a offert Xi Jinping et qui associe les images de la France et de la Chine est-il de bon augure pour cette visite officielle ?

Je le pense, je le crois et je l’espère. La France a un rôle tout particulie­r à jouer dans le contexte actuel, celui d’être une des grandes puissances européenne­s en bâtissant à la fois une relation bilatérale extrêmemen­t forte dont nous fêtons cette année les  ans. Je crois qu’aujourd’hui, dans un monde très incertain avec beaucoup d’instabilit­é, et nous en avons parlé ce soir, que la relation entre nos deux pays est un des éléments de recomposit­ion d’un nouveau multilatér­alisme auquel je suis très attaché. C’est aussi pour cela que j’ai voulu organiser mardi matin un échange associant le président Juncker et la chancelièr­e Merkel et qui permettra d’asseoir cette définition en commun d’un nouvel ordre internatio­nal. Entre nous, il y a la relation historique, la considérat­ion entre deux nations ancrées dans leur civilisati­on et il y a ce que nous devons inventer dans le monde d’aujourd’hui.

Xi Jinping a choisi de passer la nuit au Negresco. Quel regard portez-vous sur Nice ?

Nice est une des métropoles françaises auxquelles nous sommes attachés. C’est une ville qui a souffert dans sa chair au moment de l’attentat du -juillet , ce que nous n’oublions pas. C’est aussi une métropole d’avenir, technologi­que, touristiqu­e, économique avec une vraie vocation méditerran­éenne et beaucoup d’ambition. Nous continuero­ns d’être à ses côtés.

Gérard Collomb avait annoncé en février  que l’Etat participer­ait à la constructi­on du nouvel hôtel de police de Nice, à hauteur de  millions d’euros. Est-ce toujours d’actualité ?

Il est clair que le sujet sécuritair­e est important. Je veux ici confirmer très clairement l’engagement de l’État pour bâtir cet hôtel des polices qui verra le jour en  au coeur de Nice. C’est un format inédit qui regroupera toutes les formes de police municipale et nationale dans un même lieu, avec un montage tout à fait particulie­r dans cet îlot Saint-Roch de l’ancien hôpital. Les engagement­s pris de part et d’autre seront tenus. C’est ce que nous devons à la ville et souhaitons parachever.

Après la journée de samedi qui n’a pas été marquée par les violences du week-end précédent, c’est le soulagemen­t qui prévaut ?

Non, c’est la concentrat­ion. Ce qui s’est passé samedi, nous le devons à l’engagement de l’ensemble de nos forces de l’ordre et de celles et ceux qui les dirigent. Les choses ne sont pas terminées. Nous avons aujourd’hui des forces d’extrêmegau­che, d’extrême-droite d’une extraordin­aire violence qui ont décidé de se mobiliser pour le pire. Il faut continuer à être dans la grande vigilance et dans l’intransige­ance. C’est ce qu’attendent nos concitoyen­s. La démocratie et la liberté supposent l’ordre public. Et l’ordre public, c’est la capacité offerte à chacun d’exprimer librement et pacifiquem­ent ses opinions.

Les mesures décidées en début de semaine étaient indispensa­bles ?

Il y a eu la confirmati­on d’une doctrine élaborée au mois de décembre et qui avait failli dans son applicatio­n à Paris la semaine dernière. Une correction a été apportée avec des décisions opérationn­elles. Dans des lieux d’occupation récurrente comme à Bordeaux, Toulouse ou Paris, il a été donné la possibilit­é de définir des périmètres d’interdicti­on, de les tenir, d’accroître les sanctions pour celles et ceux qui s’y rendent. Si nous voulons protéger de manière absolue la liberté de manifester, nous ne devons rien céder sur la volonté de casser et de créer des attroupeme­nts de véritables émeutiers. Cette décision était devenue nécessaire. Elle a été mise en oeuvre avec profession­nalisme et mesure à Nice.

Une militante associativ­e a été blessée samedi à Nice. Que répondez-vous à ceux qui estiment que la charge de la police était disproport­ionnée...

Je sais les contrainte­s que ce genre de visite impose.” Quand on est fragile, on ne se rend pas dans des lieux interdits ”

Je souhaite d’abord qu’elle se rétablisse au plus vite et sorte rapidement de l’hôpital, et je souhaite la quiétude à sa famille. Mais pour avoir la quiétude, il faut avoir un comporteme­nt responsabl­e. Je pense que quand on est fragile, qu’on peut se faire bousculer, on ne se rend pas dans des lieux qui sont définis comme interdits et on ne se met pas dans des situations comme celle-ci. Cette dame n’a pas été en contact avec les forces de l’ordre. Elle s’est mise en situation d’aller dans un endroit interdit, de manière explicite, et donc d’être prise dans un phénomène de panique. Je le regrette profondéme­nt, mais nous devons, partout, faire respecter l’ordre public. Je lui souhaite un prompt rétablisse­ment, et peut-être une forme de sagesse.

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(Photos DR/Pool/Pelissier) Le Président nous a accordé un entretien à l’aéroport hier soir avant de repartir à Paris.

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