Monaco-Matin

« Pas là où on devrait »

Laurent Mekies, directeur sportif de Ferrari, raconte sa nouvelle vie en rouge

- RECUEILLI PAR CH.D.

‘‘ Certaines typologies de virages sur lesquelles s’améliorer

Quand on le croise pour la première fois, l’analogie saute aux yeux : une espèce de Professeur Tournesol des temps modernes ! Le cheveu un poil téméraire et la silhouette mince, escortés d’une moustache fine surplombée d’une paire de lunettes, accréditen­t la thèse du scientifiq­ue. Du bouillon de neurones en perpétuell­e ébullition… Mais ne vous y fiez pas.

Par-delà la typicité de son look, Laurent Mekies,  ans, directeur sportif de la Scuderia Ferrari, n’a rien d’un alchimiste déluré.

Le type sait d’où il vient. Où il va.

Ingénieur d’exploitati­on chez Toro Rosso, où il a travaillé avec Vettel et Bourdais, il est passé ensuite de l’autre côté de la barrière, devenant directeur de la sécurité de la FIA. Avant de débarquer chez le Cavallino, fin . Nous l’avons rencontré à Monaco, à l’occasion d’un débriefing informel avec les médias français.

Et pas pour causer d’Hergé ou de bande dessinée !

Laurent, comment se passe votre nouvelle vie en rouge ?

Par rapport à mon poste à la FIA, où j’avais plutôt une vision globale, là, j’ai replongé complèteme­nt dans l’aspect compétitio­n. Et ça se fait dans une période où Mattia [Binotto, directeur de l’écurie, NDLR] est en train de donner à la structure, une empreinte très forte avec ses méthodes de travail.

Lesquelles justement ?

C’est quelqu’un d’extrêmemen­t calme, à l’écoute tout le temps. Et qui fait des arbitrages avec beaucoup de talent. On a la liberté et l’espace pour travailler.

Le début de saison en retrait, de vos F, a dû le contrarier, on imagine…

Oui bien sûr. La réalité des

faits, c’est qu’on n’est pas aussi rapides que ce que l’on devrait pour gagner des courses. Si on regarde de façon optimiste, on en était proche à Bahreïn. Pareil à Bakou. Sur les quatre premières courses, on est donc à - en faveur de Mercedes, mais on pourrait tout aussi bien être à - sans que cela soit usurpé.

Qu’est-ce qui pêche ?

On voit sur nos analyses qu’il y a certaines typologies de virages sur lesquelles il faut s’améliorer…

Beaucoup de teams disent avoir du mal à trouver le bon compromis avec les pneus, vous confirmez ?

On a beaucoup travaillé là-dessus, oui. C’est une des clés de lecture. C’est différent de l’an passé, de façon significat­ive… Il y a une partie pas encore maîtrisée actuelleme­nt.

Tout le monde travaille-til dans le même sens chez Ferrari, ou existe-t-il comme par le passé, une dualité entre les départemen­ts motorisati­on et châssis ?

Non pas du tout. On est à des années-lumière de ça… C’est la sérénité entre tous les départemen­ts. On est tous conscients que la performanc­e viendra dans l’entraide et l’unité.

En vue de  et du nouveau règlement, êtes-vous d’accord pour la standardis­ation de certaines pièces pour réduire les coûts ?

On n’est pas pour la standardis­ation à outrance, par rapport à ce que ça représente vis-à-vis de l’ADN de la F.

Mais s’il doit y avoir des parties de la voiture où il peut y avoir ” de gros grains économique­s, on est prêts à

l’accepter.

Lesquelles par exemple ?

Ça discute actuelleme­nt mais, par exemple, il y en a un sur lequel on n’est pas d’accord, c’est le ‘‘gearbox’’ [boîte de vitesses en anglais, NDLR]…

Vous avez travaillé avec Vettel à ses débuts chez Toro Rosso, maintenant avec Charles Leclerc : en quoi sont-ils différents ou proches ?

Ils se ressemblen­t dans le talent, d’abord. L’évidence du talent se voyait chez Sebastian dès , comme cela se voit chez Charles. Ensuite, en interne, on observe que Charles effectue des paliers de progressio­n, comme Vettel à ses débuts.

Les différence­s ? Je pense que c’est encore un peu tôt pour définir clairement le style de pilotage de Charles. In fine, il pourra évoluer, donc soyons patients. Pouvez-vous nous dire à quel moment ça va mal se passer entre eux ? [rires] Moi je prends le pari que tout va bien se passer !

Le fait que Ferrari soit à la traîne, a-t-il la moindre incidence sur le groupe Fiat ou la marque Ferrari ?

Ça, c’est très au-delà, de mes compétence­s [sourire]. Mais ce qui est sûr, c’est qu’on est tous là pour essayer de faire honneur à l’histoire et la tradition de cette marque. Donc, personne n’est à son aise ni content de la situation actuelle. Et rester calme dans ces conditions est une chance et un point fort. Mais ne vous fiez pas à ça pour mésestimer quel est l’effort, et l’envie, qu’il y a pour changer la donne !

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Charles Leclerc et Laurent Mekies.

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