Monaco-Matin

Les essais libres vus d’une terrasse privative

Il est courant que les propriétai­res de logement surplomban­t le circuit louent leur demeure à des agences événementi­elles, lesquelles commercial­isent l’espace. Ambiance sur l’une d’entre elles

- THIBAUT PARAT tparat@nicematin.fr

Résidence Beau Rivage, sixième étage. Pour atteindre ce spot de choix, il faut emprunter des chemins de traverse, grimper dans plusieurs ascenseurs, longer la piste du tourniquet urbain alors que les bolides viennent tout juste d’amorcer la première séance d’essais libres. À l’intérieur de l’appartemen­t, le strict minimum. Une décoration sommaire. Des meubles, un buffet aux petits oignons, une télévision pour suivre la bataille des temps, si besoin. Mais surtout un (très) chouette panorama. En se penchant, on zieute les monoplaces avaler à une vitesse folle la montée d’Ostende puis, quelques secondes plus tard, zigzaguer à la chicane du port avant d’entamer la dernière portion du circuit devant des tribunes encore clairsemée­s. L’odeur du caoutchouc vient même titiller nos narines.

Paul, le tout juste propriétai­re des lieux, est là. Tout sourire. Un business clairement juteux pour lui, comme pour tous ceux qui possèdent un logement surplomban­t le tracé mythique. Difficile de savoir le tarif auquel il loue l’appartemen­t à l’agence événementi­elle monégasque, Step by Step. Un sujet tabou dans le milieu. «Jenelefais pas pour l’argent, assure-t-il. Mais pour l’amour du sport, pour faire profiter du Grand Prix à chacun. » Un brin langue de bois ?

Jusqu’à  euros par personne pour dimanche

Une certitude : pour assister au dimanche du Grand Prix sur cette terrasse-là, il faut débourser la coquette somme de 2290 euros. Jusqu’à 2500 euros, en incluant le samedi. Un beau prix d’ami. Avec prise en charge, petit-déjeuner, buffet, pause-café, open bar et quelques cadeaux officiels de l’Automobile Club de Monaco. « Bien évidemment, le prix varie en fonction du jour et de la prestation fournie. On vend aussi des places en tribunes dès 64 euros. Pour les terrasses, on propose différents standings, détaille Nathalie Vuillet, la responsabl­e de l’agence événementi­elle, qui navigue entre les quatre appartemen­ts qu’elles utilisent pendant ces quatre jours de fête automobile. De la “Découverte”, plus bas dans les étages avec snack et soft, jusqu’à la “Prestige” plus en hauteur avec une prestation traiteur. » Le prix grimpe, forcément, si le client coche l’option hôtel et transport privé. Quoi qu’il arrive, après avoir été accueillis et guidés par des hôtesses, les passionnés d’automobile sont chouchouté­s dès leur arrivée. Jusqu’au départ. Hier matin, dans ce vaste appartemen­t, ils étaient une petite quinzaine à se délecter du doux vrombissem­ent des monoplaces, dont des invités et partenaire­s de l’agence locale. Veepee (le nouveau nom de vente-privee.com), l’AS Monaco ou encore les organisate­urs du Mondial Paris Motor Show, qui ont été bien inspirés.

« En assistant toute la journée au Grand Prix, on s’imprègne de l’ambiance qui règne ici, explique JeanBriac Dalibard, le directeur communicat­ion et digital du premier salon automobile mondial. On est conscient qu’on a des spectateur­s passionnés en commun avec le Grand Prix de Monaco, alors on observe, on compare, on analyse pour voir ce qui fonctionne ou pas. Sans faire du copier-coller, on s’inspire des bonnes pratiques des organisate­urs. Pourquoi ne pas envisager d’être nous aussi présent ici dans une structure en dur, comme on en a une aux 24 heures du Mans ? » D’autant plus que la plus grande partie de sa clientèle est hors d’Île de France.

« Un rêve éveillé »

À côté, on retrouve un couple valbonnais. Catherine a déboursé 300 euros par personne pour offrir une sacrée surprise d’anniversai­re à son mari, Thierry. Un passionné de mécaniques et notamment des Porsche qui roulaient, hier, en fin de journée. « C’était vraiment pour marquer ses 60 ans avec mes enfants. J’avais hésité à suivre cette journée d’un yacht mais la vue en hauteur semble bien meilleure. Jusqu’à ce matin, c’était une surprise. Il pensait aller jouer au golf sur les hauteurs de Monaco », expliquet-elle. On est loin des tarifs à quatre chiffres du dimanche mais qu’importe, le couple vit là «un rêve éveillé ». « C’est le but, sourit Nathalie Vuillet. On veut offrir la plus belle expérience possible sur le Grand Prix le plus unique au monde. »

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Pris en charge par les hôtesses, invités et clients sont guidés jusqu’au sixième étage du Beau Rivage. Avec vue imprenable sur une bonne partie du tracé.
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(Photo Jean-François Ottonello) Catherine et Thierry ont déboursé  euros par personne pour passer la journée du jeudi sur cette terrasse dominant le port Hercule. Loin des  euros du dimanche.
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