Monaco-Matin

Départ silencieux du procureur général adjoint pour Nîmes

Une Ordonnance souveraine officialis­e le départ d’Hervé Poinot pour un poste d’avocat général à la cour d’appel. Une sanction ? Le magistrat assure que cette décision est « dans l’ordre des choses »

- JEAN-MARIE FIORUCCI J.-M.F.

M. Hervé Poinot, magistrat placé en service détaché, étant réintégré dans son administra­tion d’origine, à effet du 1er juin 2019, il est mis fin à ses fonctions de procureur général adjoint à compter de cette date. » L’Ordonnance souveraine n° 7.453, parue dans le « Journal de Monaco n° 8434 » officialis­e, ce vendredi 17 mai, le départ d’Hervé Poinot pour un poste d’avocat général à la cour d’appel de Nîmes. Il est encore trop tôt pour connaître son successeur. Mais cette cessation de fonction amène logiquemen­t quelques questions. Est-ce une sanction ?

« Je préfère positiver »

« Je sais depuis la mi-décembre, affirme le représenta­nt du ministère public, que mon détachemen­t ne serait pas renouvelé par la Direction des Services judiciaire­s. Il devait s’arrêter le 31 mai prochain. La décision m’a surpris, Mais elle est dans l’ordre des choses. Je quitterai mon bureau quelques jours auparavant pour assurer mon déménageme­nt et quelques formalités administra­tives. » Réactivera­it-on la règle couperet des trois ans ? Ou d’éventuels reproches peut-être ? « Aucun sur le plan profession­nel, mes évaluation­s pendant mon séjour monégasque sont de très bonne facture. Ni sur mon style de vie par rapport à la Principaut­é. Je n’ai pas démérité. Notamment en 2018, pendant les quatre mois d’intérim après le départ de M. Dorémieux. J’ai apporté les meilleures conditions pour l’installati­on de Mme Sylvie Petit-Leclair, nouveau procureur général. Le Prince m’avait remercié de mon investisse­ment et de l’intérim effectué à l’audience solennelle de rentrée le 1er octobre 2018. C’est une marque de reconnaiss­ance qui m’avait touché et qui m’est la plus chère. J’ai également présidé un groupe de la Commission de révision du Code pénal et de procédure pénale. » (lire par ailleurs).

L’annonce peut toutefois surprendre par la discrétion observée au sein de l’institutio­n judiciaire. Exceptés quelques fidèles... Habituelle­ment, toute partance d’un haut magistrat, quelle que soit sa destinatio­n, s’accompagne de solennités festives.

« On ne fête pas un congédieme­nt. Je ne cherche pas à polémiquer. Je préfère positiver. C’est un virage dans ma carrière profession­nelle. Avec une promotion que j’ai obtenue par mes mérites reconnus. Je commence dans mes nouvelles fonctions le 1er juin. Je vais retrouver mon épouse et mes deux enfants. »

S’il ne peut légalement s’opposer à son départ, Hervé Poinot demeure des plus discrets sur son rôle et ses intentions à venir. Il préfère s’épancher sur son implicatio­n personnell­e.

« Je suis triste de quitter la principaut­é »

Comme son résultat monégasque. « À 56 ans, dont vingt-cinq de magistrat, je suis triste de quitter la Principaut­é. Je m’y sentais si bien que j’avais demandé le renouvelle­ment de mon détachemen­t jusqu’au 31 mai 2022. Cela dit, je retiens de mon passage à Monaco une très grande expérience profession­nelle. Outre le plaisir de prêter serment une seconde fois dans un pays étranger accompagné du faste de la Cour d’appel, et d’être considéré comme un magistrat monégasque, il y a la connaissan­ce de dossiers par leurs volumes, les sommes en jeu, les personnali­tés, leurs complexité­s juridiques… Tout cela dans d’excellente­s conditions : un accueil hors normes ; des moyens que la justice française n’a plus ; une bonne ambiance au parquet qui favorisait la qualité du travail. »

Après s’être forcé à abandonner impérative­ment ses réflexes français en arrivant en Principaut­é, ce Montpellié­rain d’adoption devra faire l’inverse en revenant « à ses premières amours. Et compulser les multiples mises à jour ou réformes intervenue­s depuis trois ans en France ». Le Droit monégasque doit-il évoluer ? Justement, Hervé Poinot regrette de ne pas avoir pu boucler le rapport final sur le plan pénal. «Illefaut , confie-t-il. La société évolue. Les quantités d’affaires nécessiten­t des adaptation­s. Voire des créations. Comme partout ailleurs. C’est la principale raison de la réactivati­on de la Commission des codes. De nouveaux textes seront proposés. Mme Brigitte Grinda-Gambarini, Premier Président de la Cour d’appel, en a fait de même pour la partie civile ».

Le magistrat cite entre autres changement­s : des textes qui encadrent l’enquête préliminai­re ; la refonte d’articles anciens au niveau de l’instructio­n. Et la création de peines mixtes ? « C’est une erreur que l’on fait souvent d’y penser dans nos premières réquisitio­ns quand on vient à Monaco. Je crois savoir qu’un texte de réforme des peines doit être présenté prochainem­ent au Conseil national. »

Et sur la poursuite des grosses affaires ?

« Je ne vois pas comment elles pourraient être arrêtées. Les magistrats instructeu­rs saisis iront forcément jusqu’au bout de leurs investigat­ions. »

Un texte de réforme des peines prochainem­ent présenté au Conseil national

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(Photo J.-M.F.) « À  ans, je suis triste de quitter la Principaut­é. Je m’y sentais si bien...»
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