Business et concurrence
Locales, Africaines et filles des pays de l’Est se partagent le trottoir et racontent leurs conditions de travail éprouvantes
Difficile de quantifier le phénomène. La police estime officieusement à « une quarantaine » le nombre de prostituées qui exercent à Cannes tout au long de l’année. En pleine saison et en période de congrès, le chiffre grimpe à une centaine. Des chiffres « stables » depuis de nombreuses années.
Durant le Festival, ce sont des dizaines de femmes qui affluent de Paris, d’Europe et d’Afrique pour investir la Croisette et les palaces en quête de clients. « Elles présentent bien, parlent anglais. Certaines travaillent à leur compte, d’autres pour des réseaux organisés qui envoient des filles lors de grands évènements. C’est un véritable business », commente un policier.
La Ville lutte avec les moyens du bord pour endiguer le racolage : « La prostitution n’est pas interdite par la loi, seuls les clients peuvent être verbalisés, le proxénétisme est également prohibé par le code pénal. La mairie n’a aucun pouvoir légal pour intervenir dans le cadre de cette activité. Nous
avons néanmoins pris un arrêté afin de nous permettre de verbaliser les nuisances qui découlent de celle-ci (tapage, jet de détritus, etc.) Nous sommes donc allés au bout de ce que nous pouvions faire, cela relève de la police nationale, nous travaillons bien évidemment en coordination avec eux pour leur relayer les plaintes de riverains et nos observations sur le terrain. »
Si les clients sont rarement, voire jamais verbalisés – aucun chiffre ne nous a été communiqué sur le nombre de PV – les prostituées sont plusieurs à avoir dû régler des amendes de 11 euros. « Dès qu’on s’approche de la Croisette, c’est compliqué...» constate Clara.
La célèbre artère est effectivement placée sous haute surveillance, image de marque oblige. Les filles se rassemblent donc du côté d’Alexandre-III et de Maréchal-Juin. « On participe à l’attractivité de la ville », commente l’une d’elles. « Sérieusement, il y a des prostituées uniquement à Nice et Cannes. Vous n’imaginez pas le nombre de clients qui viennent ici juste pour ça ! » Parallèlement pendant la quinzaine, des dizaines d’annonces d’escort girls fleurissent sur Internet. « Mais il est encore plus compliqué d’établir une cartographie en ligne que sur le terrain...» admettent les forces de l’ordre.