Monaco-Matin

Sur les trottoirs « Un engrenage dont il est difficile de sortir »

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« Celui qui me maquera n’est pas encore né », revendique Roxanne A 46 ans, cette jolie

(1). blonde travaille seule.

Et a pris ses quartiers à la Pointe Croisette l’été dernier. Des mois de galère après un divorce houleux et une flopée d’amendes impayées l’ont menée sur le trottoir il y a six ans. « Jamais je n’aurais pensé en arriver là. Je suis croyante, c’était inconcevab­le. Mais je ne savais plus comment m’en sortir. Un soir, je suis allée à un arrêt de bus sur la promenade des Anglais. Lorsque le premier client s’est arrêté, j’ai eu peur. Ensuite, ça a été l’engrenage et l’argent rapide...»

Jusqu’à  euros par mois

Jusqu’à 9 000 euros les mois « fastes », plutôt « 4 500 euros en moyenne en travaillan­t tous les jours. » Une somme que la quadragéna­ire a pourtant bien du mal a épargner.

« Mon physique, c’est ma vitrine. Et ça a un coût...» Extensions capillaire­s, esthéticie­nne, coiffeur deux fois par semaine, maquillage, lingerie et vêtements... «On est plus sexy que la moyenne des filles. C’est d’ailleurs comme ça qu’on sait ce que je fais. Je porte des talons, de la fourrure en hiver. Je marche lentement... et je souris ! » Autre source de dépense, le loyer. « Sans fiche de paye, il est très difficile de se loger. Les propriétai­res profitent de notre vulnérabil­ité sociale...»

« Dans la rue je peux sélectionn­er les clients »

Roxanne a choisi de travailler dans la rue. « Ça me permet de sélectionn­er les clients, contrairem­ent à internet. » Une option qui comporte son lot de risques. Il y a deux mois, elle était victime d’une agression de la part d’une prostituée roumaine. «Un client voulait casser les prix, j’ai refusé et j’ai voulu les prévenir de ne pas y aller non plus. L’une d’entre elles m’est tombée dessus. » Huit points de suture à la tête et un dépôt de plainte plus tard, la quadragéna­ire est retournée travailler la peur au ventre. L’affaire a été classée sans suite. « Il y a un certain mépris de la part des forces de l’ordre. Ce travail, c’est une souffrance et beaucoup de sacrifices. On perd sa dignité, on est parfois humiliées. Il faut être très fort mentalemen­t... » Roxanne ne perd pas espoir de se réinsérer. « C’est un engrenage dont il est très difficile de sortir. Mais je veux passer un CAP de prothésist­e ongulaire et changer de vie. »

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