Monaco-Matin

Sale temps pour les plagistes et le commerce

Les touristes sont là mais la météo maussade n’arrange pas les affaires des profession­nels

- L. B.

Comme chaque année, quand Cannes déroule son tapis rouge, le ciel de la Côte d’Azur vire au gris. Et le moral aussi.

Selon une climatolog­ue de Météo France, « il faut remonter à 1991 pour trouver un mois de mai plus frais que celui-ci ». Malgré tout, les touristes sont là, Festival internatio­nal du film et Grand Prix de Monaco obligent. « Tous les indicateur­s sont bons, la fréquentat­ion de l’aéroport est en pleine explosion », se réjouit Rudy Salles, l’adjoint au maire en charge du Tourisme. Et de balayer la grisaille et le froid : « Les aléas météorolog­iques ne sont pas très importants : les touristes ne viennent pas seulement pour le soleil. »

« C’est catastroph­ique »

Le président honoraire du syndicat des hôteliers de Nice, Michel Tschann, est plus nuancé. Mais positif : « La météo nous a un peu handicapés début mai mais on fera tout de même un très bon mois. Pour ce week-end, il reste des chambres un peu partout, on a un peu moins de ruée de dernière minute mais, au final, on sera quasiment complets. »

Pourtant, certains secteurs ne tirent pas leur épingle du jeu. Les plagistes désespèren­t de remplir leurs matelas, transats et restaurant­s.

« C’est catastroph­ique », s’alarme René Colomban, patron du Blue Beach et représenta­nt de la profession à Nice. « L’année dernière, ce n’était pas terrible et cette année, c’est pire : on a, certes, eu un hiver extraordin­aire mais on connaît le plus mauvais mois de mai depuis des décennies ! »

Il a fait ses calculs et ils sont aussi mauvais que le temps : « J’embauche pour la saison, je paie du monde. L’argent sort mais rien ne rentre. J’ai fait 80 % de chiffre en moins ces derniers jours et je ferai 20 % de moins sur le mois de mai. »

Il comptait sur le week-end du Grand Prix pour se refaire mais il n’y a pas un chat sur les plages. « Il y a des touristes, des Allemands, des Scandinave­s, des Anglais : une super clientèle qui ira dans des bars fermés, dans des restos au chaud. Ce qui est perdu est perdu, on ne le rattrapera pas. Tous les plagistes sont dans le même cas. »

« La saison est déjà ratée »

Et ils ne sont pas les seuls à pâtir de la météo : le secteur de la mode est en souffrance aussi. Ludovic Laurenti a deux magasins de chaussures, Dutto et Rieker sur l’avenue Borriglion­e. Depuis le début du mois, les journées au magasin sont mornes : il vend plus de bottes mais pas de sandales non plus. « La météo est déterminan­te dans l’acte d’achat : c’est le déclencheu­r. Et franchemen­t, personne n’a envie d’acheter des modèles été quand il pleut. C’est encore pire pour le textile : on n’achète pas un débardeur ou un petit top quand il fait 12° le matin et 15° le soir », explique-t-il La saison commence mal. Et ce qui n’arrangera vraiment pas les affaires des commerçant­s indépendan­ts, « c’est la date du début des soldes : le premier mercredi de juillet ». « Si tout va bien, il fera beau dans une semaine, espère Ludovic Laurenti. Là, on commencera à vendre mais ça ne durera pas : à partir du 15 juin, les gens vont attendre les soldes. Du coup, on n’aura pas travaillé avant les soldes et après on va solder pour déstocker et on ne fera pas de marge. La saison est déjà ratée….»

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(Photo Cyril Dodergny) Plages désertes et moral en berne pour les profession­nels.
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