UN DOLAN EN PETITE FORME
Matthias et Maxime est à l’image de son titre : pas terrible...
Plus dure sera la chute. Considéré comme la nouvelle merveille du cinéma mondial après une série de films épatants (J’ai tué ma mère, Les Amours imaginaires,Tom à la ferme, Laurence Anyways), consacré d’un Prix du jury et d’un Grand Prix à Cannes avec les deux derniers (Mommy et Juste la fin du monde), Xavier Dolan n’avait plus qu’une marche à grimper pour décrocher la Palme. Patatras ! Après une tentative de film américain qui s’est transformée en catastrophe industrielle (Ma vie avec John F. Donovan n’est toujours pas sorti aux États-Unis), le prodige québecois est retourné sur ses terres tourner un film à petit budget, dans la veine de ses premiers. C’était effectivement ce qu’il avait de mieux à faire et la sélection de Matthias et Maxime
en compétition laissait espérer un retour en grâce. Hélas, trois fois hélas ! Cette romance homosexuelle entre deux amis d’enfance trentenaires qui n’osent pas s’avouer leurs sentiments, laisse le spectateur agacé et épuisé.
Durant deux heures, on assiste aux efforts désespérés de Maxime (joué par un Dolan moche, mal fagoté et affublé, on ne sait pourquoi d’une tache de vin qui lui barre la moitié du visage) pour inciter Matthias (Gabriel D’Almeida Freitas, par contre très séduisant) à déclarer sa flamme, en faisant planer la menace d’un exil en Australie. Marié à une jolie femme et promis au plus bel avenir dans le cabinet d’avocats où il travaille, Matt hésite (on le comprend !), mais ne peut s’empêcher d’être jaloux de tous les amis de Max. Cela nous vaut d’interminables scènes de fêtes entre copains et de disputes entre Max et sa mère alcoolique sous tutelle (Anne Dorval), dans un sabir angloquebecois quasi incompréhensible (le film est sous-titré en français, mais les protagonistes parlent si vite qu’on n’a pas le temps de lire). Le tout, filmé avec des effets de style (ralentis/accélérés) sur fond de chansons pop. Rien qu’on n’ait déjà vu cent fois dans les autres films de Xavier Dolan. Sauf que, cette fois, ça ne fonctionne pas du tout : ni émotion ni surprise, jusqu’au plan final qu’on voit venir à dix kilomètres. Tabernacle ! Pendant ce temps-là, la Palme dort et Pedro Almodóvar peut en faire autant...