Monaco-Matin

« Je resterai toulonnais à vie »

Débarqué en 2012, la tête à l’envers, Mathieu Bastareaud est devenu un grand homme sur les bords de la rade. Aujourd’hui apaisé et adulé du peuple toulonnais, il quitte le navire « tête haute »

- PROPOS RECUEILLIS PAR PHILIPPE BERSIA

Dans quel état d’esprit étiez-vous à votre arrivée à Toulon ?

C’était un peu l’inconnu. Je ne savais pas trop ce qui allait m’arriver ici. Je savais que le club avait de grands projets, de par le recrutemen­t et l’ambition de Mourad. J’étais un peu revanchard aussi. C’était une période où, au niveau rugby, j’avais décroché. J’ai toujours été honnête par rapport à ça. J’étais pas loin, même, d’arrêter complèteme­nt car je ne prenais plus aucun plaisir à me lever le matin pour aller m’entraîner. C’était assez compliqué…

Vous vous étiez alors rapproché de grands anciens pour mieux comprendre Toulon ?

Oui, car le club a une histoire. Quand je suis arrivé, je pensais surtout que pour m’imprégner de la culture club et de la culture Toulon, il fallait rencontrer des personnes qui avaient fait ce club… Que ce soit Thierry Louvet, qui habite à côté de chez moi, ou Eric Champ, j’ai beaucoup échangé avec ces grands messieurs…

Vous auriez signé bien sûr pour ce qu’il s’est passé ?

Tout ce qui s’est passé ensuite, les titres, les équipes de France, pour moi, ça a été du bonus. Je savais qu’il y avait une grosse ambition au club, mais ce qu’on a pu réaliser, c’est vraiment énorme…

Dans quel état d’esprit êtesvous aujourd’hui ?

En tant que compétiteu­r, je suis forcément un peu déçu de la saison. Mais je me dis aussi que globalemen­t je n’ai pas de regrets. Je pense que je n’ai jamais triché ici. J’ai eu la chance de vivre ces huit années au top. Je pense que Toulon est et sera toujours un grand club. C’est une institutio­n alors que nous, joueurs, nous ne sommes que de passage. J’ai fait tout mon possible pour embellir ces huit années, mais il y avait un Toulon avant moi, il y en aura un après…

Pourquoi New York ?

En fait, c’est l’opportunit­é de découvrir cette grande ville que je ne connais pas du tout. Et surtout parce que c’est un bon compromis dans ma situation actuelle. Je vais être papa et je ne me voyais pas m’absenter deux, voire trois semaines ou plus pour aller jouer en NouvelleZé­lande ou en Australie, comme cela aurait pu être le cas si j’avais tenté l’aventure en Super . Je ne me voyais pas laisser ma femme avec un bébé, qui plus est à l’étranger. Là, le contexte est plus simple et rassurant. Je pense que c’est le mieux pour nous…

Quelles sont les ambitions sportives ?

Ce qui est clair, c’est que je n’y vais pas en vacances. Mais c’est vrai, on ne va pas se mentir, le niveau n’aura rien à voir avec le Top . C’est surtout une aventure humaine. Je vais pouvoir profiter un peu plus, encore grandir en tant qu’homme et père, profiter de ma famille… Et découvrir cette ville et même ce pays.

Sur l’Equipe de France:«Jene ferme aucune porte »

Pas encore, mais je ne manquerai pas d’aller voir un match de NBA, un match de foot américain, un match de base-ball aussi. J’y vais vraiment aussi pour découvrir une culture différente. De ce qu’on m’en a dit, c’est vraiment une ville à part. Je pense que c’est une ville qui me correspond. Il y a beaucoup d’origines différente­s.

Vous aviez besoin de cette respiratio­n ?

Je pense que c’était le bon moment pour découvrir quelque chose. Je ne me voyais pas le faire à  ans (il est âgé de  ans) ou vraiment en fin de carrière où tu y vas carrément en vacances. Je suis encore assez jeune quand même. J’y vais pour vivre une grande expérience et je pense que ce sera intéressan­t car c’est une Ligue qui commence à prendre de l’ampleur…

Pour l’immédiat, la Coupe du monde au Japon se profile et un nouveau débat émerge en France où l’on oppose aujourd’hui les jeunes et les anciens qu’on envisage d’écarter. Qu’en pensez-vous ?

C’est fatigant de tout le temps tout remettre en question. Il y a un staff qui est là. Il prendra les décisions qu’il y a à prendre. Si l’équipe de France doit aller mieux sans moi, elle ira mieux sans moi…

À chaque fois qu’on a voulu vous écarter, vous êtes revenu plus fort. Comment ?

Je suis un bagarreur, dans le sens où j’ai souvent été dans l’adversité, et je trouve que c’est une force. Au lieu de « chouiner », j’essaie de puiser au fond de moi et de revenir meilleur et plus fort.

Vous imaginez que ce pourrait être votre dernière grande compétitio­n ?

Bien sûr, j’ai pensé que ce pourrait être une de mes dernières compétitio­ns, mais après, je ne me ferme aucune porte. En partant à New York, j’ai beaucoup plus pensé à moi, à ma famille qu’au rugby. Après, on verra.

 ?? (Photo Luc Boutria) ?? Trois coupes d’Europe et un Brennus plus loin, Basta va vivre son rêve américain.
(Photo Luc Boutria) Trois coupes d’Europe et un Brennus plus loin, Basta va vivre son rêve américain.

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