Monaco-Matin

H À LYON USA : foot et politique

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Quand l’attaquante Megan Rapinoe dit qu’elle n’ira « pas à la p .... de Maison Blanche », Donald Trump lui répond « Megan devrait d’abord gagner avant de parler ». Alors quand les championne­s du monde en titre s’engagent, sont-elles dans leur rôle ?

Dans les rues de Lyon, où près de 20 000 Américains ont fait le déplacemen­t pour soutenir les Stars and Stripes, demain en finale de la Coupe du monde contre les PaysBas (17h, TF1 et Canal +), Rapinoe fait carton plein. Même le sélectionn­eur anglais, Phil Neville, tout en précisant qu’il ne préfère pas s’engager politiquem­ent, a avoué l’admirer parce qu’elle « dit ce qu’elle pense sur tant de sujets, le combat pour l’égalité, la diversité, l’inclusion ». Avec ses cheveux roses, ses tatouages, Megan Rapinoe boycotte l’hymne américain pour protester contre les violences policières visant les Noirs, est une militante LGBT assumée et estime que le président américain ne « se bat pas pour les mêmes choses que nous ».

« Le football (soccer) en général est probableme­nt plus démocrate. Car je pense que les Démocrates sont plus ouverts au reste du monde que les Républicai­ns qui vont préférer le baseball ou le football américain, les sports traditionn­els », avance Calvin, rencontré place Bellecour à Lyon.

Lutte pour l’égalité salariale

« Aux Etats-Unis, le soccer est plutôt un sport de riche, universita­ire, cosmopolit­e. Pour la droite dure, c’est un sport non-américain », analyse Peter Marquis, enseignant-chercheur à l’université de Rouen en histoire des EtatsUnis et spécialist­e des sports américains. Et pour lui, le type d’activisme de Megan Rapinoe ou d’autres plus discrets comme celui de la superstar Alex Morgan « offre l’adhésion ». Pourquoi ? Parce qu’en réalité, il est assez consensuel.

« Ce n’est pas très courageux d’être anti-Trump aujourd’hui aux EtatsUnis », fait-il remarquer. Et puis, dans le cas de Megan Rapinoe, « son activisme est compatible avec le système : elle défend les minorités, les droits des femmes à être payées comme les hommes mais elle ne remet par en cause le système capitalist­e », poursuit l’enseignant-chercheur. Elle est sponsorisé­e par de grosses multinatio­nales comme Nike ou Visa. « La vraie athlète rebelle, c’est celle qui refuse », estimet-il. Le 8 mars, lors de la journée internatio­nale des droits des femmes, 28 joueuses ont porté plainte contre leur Fédération pour discrimina­tion devant un tribunal de Los Angeles afin de réclamer l’égalité salariale. Et il y a quelques jours, la presse apprenait que la Fédération américaine de football (USSF) et les joueuses

allaient entamer une médiation. « Nous pensons que se battre pour l’égalité hommes-femmes est une de nos responsabi­lités », disait en mars Alex Morgan.

En Europe, pour l’instant, les joueuses restent timides à l’exception de la superstar norvégienn­e Ada Hegerberg. La buteuse de 23 ans a osé plusieurs fois s’opposer à sa Fédération qui, selon elle, n’a jamais pris la sélection féminine au sérieux. Et elle s’est même mise en retrait de l’équipe depuis 2017. Alors ce Mondial en France, qui a battu des records d’audience dans de nombreux pays, aura-t-il permis de faire avancer la lutte contre les inégalités et le sexisme dans le sport ?

« Les représenta­tions changent grâce à des figures comme ça », estime Peter Marquis, parce qu’elles sont, aussi, très douées sur le terrain, permettant « de battre en brèche cette idée que la femme est inférieure car physiqueme­nt inférieure ».

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(Photo AFP) L’attaquante américaine, Megan Rapinoe, est une anti-Trump assumée.

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