Monaco tient sa deuxième recrue
Prévention Avec le développement récent du sport santé, le centre de médecine du sport de l’hôpital d’Antibes, créé il y a 35 ans connaît un succès croissant en s’ouvrant aux malades chroniques
Un centre de médecine du sport (CMS) au sein même du service de cardiologie (1). En émettant cette idée, il y a 35 ans, les docteurs Jean Leonetti, chef du service de cardiologie de l’hôpital d’Antibes (actuel maire d’Antibes) et Alain Tor, médecin du sport, se montraient visionnaires. « À l’époque, notre principale préoccupation était de lutter grâce à la prévention contre la mort subite du sportif, un accident qui se produisait dans tous les stades. Notre deuxième objectif était de favoriser le sport de masse », résume le Dr Tor. Les chiffres attestent du succès de ce projet : « Depuis l’ouverture, nous avons dépassé le cap des 18 000 tests d’effort ». Des examens réalisés dans un environnement très sécurisé puisqu’à proximité immédiate du service de cardiologie. « C’est de règle pour tous les examens faits à l’effort, insiste le Dr François Bernasconi, chef du service de cardiologie. Nous avons plusieurs exemples de sportifs passés directement du centre de médecine du sport aux soins intensifs cardiologiques du fait de pathologies cardiaques méconnues, diagnostiquées lors de ces visites. » Parmi les bénéficiaires de ces plateaux techniques de grande qualité, de nombreux sportifs de haut niveau, amateurs et professionnels – « la région se situe en 2e position en nombre de sportifs de haut niveau » – mais aussi des sportifs de tous horizons voulant se remettre au sport. Et surtout, depuis deux ans, un nombre croissant de malades chroniques sensibilisés aux bienfaits de l’activité physique « Depuis 2017, l’activité physique adaptée (APA) est enfin reconnue par la loi [loi Sport sur Ordonnance du 29 mai 2017, Ndlr] comme une thérapeutique non médicamenteuse
pour les patients atteints d’affections de longue durée (ALD). Depuis cette loi, ils sont de plus en plus nombreux à nous être adressés, par leur médecin traitant, généraliste ou spécialiste », observe le Dr Tor.
Consultation spécialisée
Dans ce contexte, le CMS a eu l’idée d’ouvrir une consultation spécialisée assurée par un groupe de cinq médecins généralistes diplômés en médecine du sport (2). Avant de se présenter à cette consultation, les patients en ALD remplissent à leur domicile un questionnaire concernant leurs antécédents, leurs traitements en cours, leurs allergies éventuelles etc. Ensuite, sur place, « ils bénéficient d’un bilan complet (environ 1h30) – complété d’explorations cardiologiques (ECG) et pulmonaires (spirométrie) – et se voient délivrer un certificat détaillé précisant le type d’activité qu’ils peuvent pratiquer (en tenant compte de leurs goûts), l’intensité, etc. On prend en compte le type de pathologies (cardiovasculaire, respiratoire, diabétique, neurologique, cancérologique, psychiatrique…) bien sûr. Et surtout on dissipe les peurs, très répandues chez les patients qui ne pratiquaient jusque-là aucune activité physique. » Dans le cadre d’un partenariat (lire encadré), les patients sont ensuite adressés au service des sports de la ville d’Antibes. Des coachs spécialisés en activités physiques adaptées les prennent en charge pendant une période de 3 à 6 mois (à raison de 2 à 3 séances par semaine), avec des indications de choix de sport et d’intensité adaptés. « Les coachs de la ville d’Antibes n’ont pas vocation à absorber toute la demande. Il s’agit de leur mettre le pied à l’étrier. » À terme les patients en ALD seront adressés à toutes les associations ou structures privées ou publiques labellisées « Activités Physiques Adaptées ». Concernant le suivi, « les médecins traitants qui adressent leurs patients au CMS sont tenus informés de la suite, et peuvent communiquer en retour en donnant aux coachs des indications diverses : instauration de nouveaux traitements, existence de pathologies intercurrentes, éventuelles contre-indications temporaires, etc. »
Le programme prévoit de revoir tous ces patients en ALD à distance pour évaluer les bénéfices qu’ils ont tirés de la pratique régulière d’activité physique. Notamment en termes de « resociabilisation et de reprise de confiance en soi alors qu’ils se sentent souvent exclus. » Cette évaluation à distance permettra aussi de vérifier
qu’ils ont maintenu leurs activités et si leur pathologie s’est améliorée. Le Dr Bernasconi est de ce point de vue confiant : « C’est une lapalissade de dire que l’activité physique est un médicament ». Mais, il met en garde aussi : « Il aura fallu attendre 2016 pour qu’une loi sport santé reconnaisse enfin l’activité physique adaptée comme une thérapeutique non médicamenteuse, en précisant sur le Journal officiel toutes les conditions de sécurité, de personnels, etc.. Mais sans budget ! Cette loi est donc un soufflé qui a mis des décennies à monter et qu’il ne faut pas laisser retomber, en trouvant des moyens financiers : municipalité, centre hospitalier, mutuelles… »