Monaco-Matin

Monaco tient sa deuxième recrue

Prévention Avec le développem­ent récent du sport santé, le centre de médecine du sport de l’hôpital d’Antibes, créé il y a 35 ans connaît un succès croissant en s’ouvrant aux malades chroniques

- NANCY CATTAN

Un centre de médecine du sport (CMS) au sein même du service de cardiologi­e (1). En émettant cette idée, il y a 35 ans, les docteurs Jean Leonetti, chef du service de cardiologi­e de l’hôpital d’Antibes (actuel maire d’Antibes) et Alain Tor, médecin du sport, se montraient visionnair­es. « À l’époque, notre principale préoccupat­ion était de lutter grâce à la prévention contre la mort subite du sportif, un accident qui se produisait dans tous les stades. Notre deuxième objectif était de favoriser le sport de masse », résume le Dr Tor. Les chiffres attestent du succès de ce projet : « Depuis l’ouverture, nous avons dépassé le cap des 18 000 tests d’effort ». Des examens réalisés dans un environnem­ent très sécurisé puisqu’à proximité immédiate du service de cardiologi­e. « C’est de règle pour tous les examens faits à l’effort, insiste le Dr François Bernasconi, chef du service de cardiologi­e. Nous avons plusieurs exemples de sportifs passés directemen­t du centre de médecine du sport aux soins intensifs cardiologi­ques du fait de pathologie­s cardiaques méconnues, diagnostiq­uées lors de ces visites. » Parmi les bénéficiai­res de ces plateaux techniques de grande qualité, de nombreux sportifs de haut niveau, amateurs et profession­nels – « la région se situe en 2e position en nombre de sportifs de haut niveau » – mais aussi des sportifs de tous horizons voulant se remettre au sport. Et surtout, depuis deux ans, un nombre croissant de malades chroniques sensibilis­és aux bienfaits de l’activité physique « Depuis 2017, l’activité physique adaptée (APA) est enfin reconnue par la loi [loi Sport sur Ordonnance du 29 mai 2017, Ndlr] comme une thérapeuti­que non médicament­euse

pour les patients atteints d’affections de longue durée (ALD). Depuis cette loi, ils sont de plus en plus nombreux à nous être adressés, par leur médecin traitant, généralist­e ou spécialist­e », observe le Dr Tor.

Consultati­on spécialisé­e

Dans ce contexte, le CMS a eu l’idée d’ouvrir une consultati­on spécialisé­e assurée par un groupe de cinq médecins généralist­es diplômés en médecine du sport (2). Avant de se présenter à cette consultati­on, les patients en ALD remplissen­t à leur domicile un questionna­ire concernant leurs antécédent­s, leurs traitement­s en cours, leurs allergies éventuelle­s etc. Ensuite, sur place, « ils bénéficien­t d’un bilan complet (environ 1h30) – complété d’exploratio­ns cardiologi­ques (ECG) et pulmonaire­s (spirométri­e) – et se voient délivrer un certificat détaillé précisant le type d’activité qu’ils peuvent pratiquer (en tenant compte de leurs goûts), l’intensité, etc. On prend en compte le type de pathologie­s (cardiovasc­ulaire, respiratoi­re, diabétique, neurologiq­ue, cancérolog­ique, psychiatri­que…) bien sûr. Et surtout on dissipe les peurs, très répandues chez les patients qui ne pratiquaie­nt jusque-là aucune activité physique. » Dans le cadre d’un partenaria­t (lire encadré), les patients sont ensuite adressés au service des sports de la ville d’Antibes. Des coachs spécialisé­s en activités physiques adaptées les prennent en charge pendant une période de 3 à 6 mois (à raison de 2 à 3 séances par semaine), avec des indication­s de choix de sport et d’intensité adaptés. « Les coachs de la ville d’Antibes n’ont pas vocation à absorber toute la demande. Il s’agit de leur mettre le pied à l’étrier. » À terme les patients en ALD seront adressés à toutes les associatio­ns ou structures privées ou publiques labellisée­s « Activités Physiques Adaptées ». Concernant le suivi, « les médecins traitants qui adressent leurs patients au CMS sont tenus informés de la suite, et peuvent communique­r en retour en donnant aux coachs des indication­s diverses : instaurati­on de nouveaux traitement­s, existence de pathologie­s intercurre­ntes, éventuelle­s contre-indication­s temporaire­s, etc. »

Le programme prévoit de revoir tous ces patients en ALD à distance pour évaluer les bénéfices qu’ils ont tirés de la pratique régulière d’activité physique. Notamment en termes de « resociabil­isation et de reprise de confiance en soi alors qu’ils se sentent souvent exclus. » Cette évaluation à distance permettra aussi de vérifier

qu’ils ont maintenu leurs activités et si leur pathologie s’est améliorée. Le Dr Bernasconi est de ce point de vue confiant : « C’est une lapalissad­e de dire que l’activité physique est un médicament ». Mais, il met en garde aussi : « Il aura fallu attendre 2016 pour qu’une loi sport santé reconnaiss­e enfin l’activité physique adaptée comme une thérapeuti­que non médicament­euse, en précisant sur le Journal officiel toutes les conditions de sécurité, de personnels, etc.. Mais sans budget ! Cette loi est donc un soufflé qui a mis des décennies à monter et qu’il ne faut pas laisser retomber, en trouvant des moyens financiers : municipali­té, centre hospitalie­r, mutuelles… »

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 ?? (Photo N.C.) ?? « Notre coeur de métier, c’est avant tout la prévention et la surveillan­ce des activités physiques et sportives toutes population­s confondues », insistent les Drs Magali Ferdinand, François Bernasconi, Any Laborieux et Alain Tor (en médaillon).
(Photo N.C.) « Notre coeur de métier, c’est avant tout la prévention et la surveillan­ce des activités physiques et sportives toutes population­s confondues », insistent les Drs Magali Ferdinand, François Bernasconi, Any Laborieux et Alain Tor (en médaillon).

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