Climat : « On sent un impact »
38,3°C à Puget-Théniers. 37,2°C à Pégomas. 36,6°C à Lantosque. La canicule annoncée a bel et bien frappé. En juin, le mercure a atteint des niveaux vertigineux dans les Alpes-Maritimes. Y compris sur les moyen et haut pays. Beaucoup y verront les effets concrets du réchauffement climatique. Les spécialistes des massifs forestiers, eux, les ont observés depuis longtemps déjà.
« On sent un impact, un peu de dépérissement sur certaines espèces d’arbres », atteste Gilles Parodi. Chef du service des parcs naturels départementaux, il en supervise dixneuf, qui recouvrent 4 700 ha d’espaces naturels de Théoule-sur-Mer à Menton. Avec ses vingt gardes assermentés, il prend la température de la nature.
Dépérissement
« On voit que des espèces souffrent, par un changement de couleur ou un dépérissement », observe Gilles Parodi. Le changement climatique n’est pas seul en cause. « Il y a aussi les phénomènes de pollution atmosphérique. À Vaugrenier, de grands séquoias verts brunissent, à cause de dépolluants liés à des activités de raffinerie et importés par le vent. » Autres symptômes diagnostiqués : « On constate un impact sur des pins maritimes atteints par un parasite, le matsucoccus (la cochenille du pin maritime). On observe aussi un dépérissement sur le pin d’Alep, sans parvenir à l’expliquer », concède Gilles Parodi. Il nuance toutefois cet inquiétant tableau. « Pour le moment, le niveau de dépérissement n’est pas trop important sur la bande littorale. On y est attentifs. Attentifs aussi au développement d’espèces exogènes, importées par l’Homme et ayant une tendance envahissante. »
Montée aux étages
Les forestiers-sapeurs de Force 06 sont, eux aussi, aux premières loges de ce spectacle vivant. Ils ont ainsi remarqué l’essor « d’espèces invasives comme le mimosa, très dangereux au niveau du feu », relève Jean-Paul Leoni, chef par intérim de Force 06. Lui aussi évoque ce fameux «dérèglement climatique » , qui tend à faire « remonter les sapins et épicéas dans les étages montagnards. »
Du côté des communes forestières Paca, Isabelle Desmartin confirme : si le réchauffement «netuepas» les espèces, il « les expose à d’autres menaces, type parasite. Et les essences vont monter en altitude. » Le remède, explique Isabelle Desmartin, viendra de l’Homme : «Que les forestiers arrivent à entretenir ces forêts, pour qu’elles soient moins fragiles face au changement climatique. »