Avec l’ONF
Du vert à perte de vue. Une forêt épanouie, affichant sa majestuosité. Mais au loin, des cimes affichent une mine plus rembrunie. Ces crêtes noircies rappellent qu’un incendie a dévoré 153 ha de forêt, à Clans (Tinée), en avril dernier. Jean-Guy Peyronel, 55 ans, contemple ce spectacle de désolation. « Un crève-coeur », pour cet agent de l’Office national des forêts (ONF). Pourtant, les sapeurs-pompiers du Sdis et les forestiers-sapeurs de Force 06 ont cravaché dur pour éteindre ce feu – le plus dévastateur de l’hiver dans les Alpes-Maritimes, derrière celui de Fontan (Roya). «Cesontdes sites très difficiles d’accès et instables. Il faudra bien soixante ans pour revenir à l’état originel », estime Jean-Guy Peyronel. Dur à avaler : trois départs de feu auraient été relevés. « Statistiquement, la forêt méditerranéenne est parcourue par des incendies tous les trente ans. La foudre,
‘‘ ça arrive. Mais ce sont surtout les accidents et la bêtise qui sont en cause. » Chaussures de randonnée aux pieds, Jean-Guy Peyronel arbore l’emblématique tenue verte de l’ONF. Originaire de Montélimar (Drôme), il a intégré l’Office il y a 33 ans. Le voilà chef de triage à Clans. Cette forêt, il la connaît bien. Naguère, il y a fait ses premiers pas forestiers. Ensuite,
Jean-Guy Peyronel a sillonné les Ardennes durant vingt ans. « Quand j’ai eu l’opportunité de revenir en 2015, je l’ai saisie. J’ai toujours aimé cette forêtlà. »
À vrai dire, à son retour, il n’a pas tout à fait retrouvé la même forêt. La nature a fait son oeuvre, saison après saison. « Les sols ne changent pas. La végétation, elle, évolue beaucoup », observe ce technicien de l’ONF. Les critères pris en compte ? Hauteur, diamètre, densité des premiers habitants du coin : les arbres. «Nousdéfinissons un plan d’aménagement tous les vingt ans en moyenne. » Dans les A.-M., l’exploitation du bois des forêts reste toutefois réduit. « Troncs souvent trop courts, tordus et peu volumineux » : pas assez rentable.
« Entretenir et valoriser »
On pourrait croire qu’une forêt est un ensemble vivant livré à lui-même, s’épanouissant et s’autorégulant sans l’intervention des bipèdes. Que nenni ! « L’ONF définit les coupes et travaux, et plus ponctuellement, l’aménagement des routes forestières, explique Jean-Guy Peyronel. Notre but, c’est d’entretenir et de valoriser le domaine naturel. La forêt a un rôle de production, mais aussi dans la biodiversité et la conservation des milieux. » Même en forêt, l’Office n’est pas partout chez lui. En France, le domaine forestier se partage entre forêts privées, domaniales (propriété de l’État) et celles des collectivités territoriales (généralement communales, parfois départementales). L’ONF gère ces deux dernières, et intervient dans le privé « exceptionnellement ».
De son côté, Jean-Guy Peyronel a bien assez à faire dans la forêt domaniale de Clans. Voire au-delà. Le jour de notre reportage, il doit filer ensuite dans la Vésubie. Deux heures de route dans chaque sens au menu.
Changement de regard
À l’instar de sa journée, sa mission est double : « Surveiller le milieu naturel, et surveiller coupes et travaux :
Les accidents et la bêtise sont en cause”