Monaco-Matin

Féminicide­s : mobilisati­on pour des mesures d’urgence

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Plusieurs centaines de personnes (2 000 selon les organisate­urs) se sont rassemblée­s hier place de la République à Paris pour réclamer des mesures immédiates et des moyens accrus pour lutter contre les féminicide­s, à l’appel d’un collectif de familles et proches de victimes.

● « Combien coûte la vie d’une femme ? »

Parmi elles, 74 portaient des couronnes de fleurs. 74, soit le nombre de meurtres de femmes par leur compagnon ou « ex » recensés par un collectif depuis le 1er janvier. Dans l’assistance – des femmes, mais aussi des hommes – figuraient la chanteuse Yael Naim et les actrices Julie Gayet, compagne de l’ancien président François Hollande, et Muriel Robin.

Cette dernière a appelé les manifestan­ts à observer symbolique­ment « 74 secondes de bruit et de colère » ,et vigoureuse­ment interpellé le président Emmanuel Macron. « Vous avez parlé de cause nationale : où en êtesvous ? Combien coûte la vie d’une femme ? » « Je veux une réponse », a martelé la comédienne, qui a incarné à l’écran Jacqueline Sauvage, condamnée – avant d’être graciée par François Hollande – pour le meurtre de son mari violent.

« Pourquoi vous restez silencieux ? Les féminicide­s ne sont pas une fatalité. Nous n’avons plus le temps, nous attendons des réponses maintenant », a abondé la militante féministe Caroline De Haas à l’adresse du chef de l’État.

● Quelles mesures sont réclamées ?

Uni derrière le mot d’ordre « Protégez-les », le collectif à l’origine du rassemblem­ent avait signé une tribune dans Le Parisien dimanche dernier, appelant Emmanuel Macron à « mettre fin à ce massacre » et réclamant la convocatio­n d’un « Grenelle des violences faites aux femmes » avec la police, la justice, l’école, les services sociaux, les entreprise­s, les associatio­ns. Il souhaite le traitement systématiq­ue des plaintes, l’octroi de l’aide juridictio­nnelle dès le dépôt de plainte, un hébergemen­t d’urgence et des ordonnance­s de protection pour les victimes. Mais aussi des bracelets électroniq­ues pour les conjoints violents, un dispositif que la ministre de la Justice, Nicole Belloubet a annoncé vouloir « généralise­r ».

● Début de prise de conscience politique

Ces derniers jours, le monde politique et la société civile sont montés au créneau pour appuyer ces demandes de mesures concrètes. La sénatrice socialiste Laurence Rossignol, ancienne ministre des Droits des femmes, a écrit aux ministres de la Justice et de l’Intérieur pour demander une enquête administra­tive sur les féminicide­s survenus depuis le 1er janvier. Le Haut conseil à l’égalité (HCE, instance consultati­ve indépendan­te) s’est « porté volontaire » pour « identifier les parcours et les éventuels manquement­s qui ont conduit au meurtre » de ces femmes.

Par ailleurs, dans une tribune publiée vendredi dans Libération, 150 sénateurs ont eux aussi interpellé le gouverneme­nt (lire ci-dessous). Enfin, la secrétaire d’État à l’Égalité femmes-hommes, Marlène Schiappa a dit hier sur Twitter « saluer chaleureus­ement » la manifestat­ion. « Les conjoints violents gâchent la vie de femmes et d’enfants depuis trop longtemps », a-t-elle observé, réaffirman­t la « déterminat­ion du gouverneme­nt » à prévenir les féminicide­s.

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(Photo AFP) Après une semaine d’initiative­s variées pour alerter l’opinion publique sur ce sujet, un rassemblem­ent a eu lieu hier après-midi à Paris.

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