Monaco-Matin

Gérard Larcher : « Un nouvel acte de décentrali­sation »

Le président LR du Sénat est dans les Alpes-Maritimes aujourd’hui dans le cadre des rencontres qu’il a lancées pour sauver la droite. Au menu : mobilité, environnem­ent… et un peu de politique

- PROPOS RECUEILLIS PAR STÉPHANIE GASIGLIA sgasiglia@nicematin.fr

Les Républicai­ns en miettes après les européenne­s, Gérard Larcher a pris son bâton de pèlerin et s’est lancé dans le tour des régions. Objectif : reconstrui­re la droite. Lui trouver une place. Et séduire de nouveau le centre – les centres – absorbés par Emmanuel Macron. Le président du Sénat souhaite construire « un projet pour la droite et le centre ». En vue des futures échéances électorale­s, notamment les municipale­s.

Vous avez entamé une tournée des territoire­s pour sauver la droite…

Ce n’est pas une tournée, je ne suis pas chanteur ! (rires) J’ai entamé un process que je distingue de ma fonction de président du Sénat – même si je ne suis pas Docteur Jekyll et Mister Hyde. C’est une démarche de rassemblem­ent qui part du terrain, de l’expérience territoria­le. Bien sûr, c’est aussi une démarche politique pour rassembler au sein de notre famille qui fédère des gaullistes, des élus de la droite républicai­ne, des élus des centres, etc. A quelque temps d’échéances particuliè­rement importante­s comme les municipale­s puis les départemen­tales, il faut refonder une partie de notre pensée politique à partir des expérience­s des territoire­s, qu’elles soient positives ou qu’elles traduisent des difficulté­s.

Vous lancez une série de convention­s, où vous allez rencontrer des élus…

Pas seulement des élus, des acteurs économique­s, des associatif­s, des citoyens aussi. Il y a  jours, j’étais dans les Hauts-de-France [le début de son périple, Ndlr], Xavier Bertrand a été mon mentor. Comme vont l’être Renaud Muselier

[le président de la Région Paca, Ndlr] et Jean Leonetti [le maire d’Antibes et président de LR par intérim, Ndlr] chez vous. Dans les Hauts-de-France, nous avons parlé réindustri­alisation, dans une région qui a terribleme­nt souffert…

Et dans notre région, quel sera votre thème ?

Le choix proposé par Renaud Muselier, c’est la mobilité, il n’a pas hésité ! Et puis l’écologie et l’environnem­ent. Il a insisté, ce sont les défis majeurs de ce territoire. Quel est l’objectif de ces convention­s ?

L’addition des convention­s va nous permettre de construire un référentie­l… Comme une forme de refondatio­n de notre politique. Et autour de la mi-octobre, nous allons faire une réunion de synthèse entre toutes ces convention­s.

Quel est votre programme dans les Alpes-Maritimes, où vous êtes attendu aujourd’hui ?

Il y a des expérience­s innovantes, à Sophia Antipolis par exemple, avec Renault et ses véhicules autonomes. C’est très intéressan­t de voir ces constructe­urs devenir les maîtres et refuser d’être dans les mains des GAFA [Google, Apple, Facebook, Amazon : les géants d’Internet, Ndlr].

Je vais aussi prendre la ligne  du tram à Nice. Pour une fois, il n’y aura pas le cortège habituel des voitures noires qui arrivera de l’aéroport et je trouve cela très bien. Je vais rencontrer Christian Estrosi, Renaud Muselier et Jean Leonetti, à qui j’adresse, d’ailleurs, un message politique amical, car je sais à quel point c’est difficile d’être président

[du parti, Ndlr] par intérim et à quel point nous avons des choses en commun, comme l’humanisme. Puis nous aurons la convention à Antibes, avec deux séquences. La première sur

« la mobilité », puis sur « Est-ce que l’on peut prendre une Cop

[en référence aux Conférence­s des Nations Unies pour le climat, les Cop, Ndlr] d’avance ? ».

Vous prenez la mesure de l’importance des territoire­s…

Je crois en un nouvel acte de décentrali­sation, si on veut recoudre la France. Vous savez, la crise des gilets jaunes

– et je pense que de nombreux Français ont encore le coeur jaune –, c’est la crise d’une France qui a le sentiment de ne pas être considérée, d’une France en dehors des grandes métropoles, en dehors du littoral. La France d’à côté. La France périphériq­ue. C’est d’ailleurs une partie du message que je délivrerai à Antibes aujourd’hui. Un acte de décentrali­sation, c’est un acte de liberté et de conscience.

En tant que président du Sénat, j’ai aussi cette responsabi­lité. Le président Macron a eu une attitude de verticalit­é du pouvoir… Voilà aussi, au-delà de la hausse du prix du carburant, ce qui a mis le feu aux poudres.

Existe-t-il encore une place pour Les Républicai­ns entre le Rassemblem­ent national et La République en marche (LREM) ?

Il y a un espace, et c’est même un devoir démocratiq­ue ! Comme c’est aussi, d’ailleurs, le devoir démocratiq­ue de la gauche social-démocrate.

Vous faites partie de ces Républicai­ns qui refusent catégoriqu­ement un rapprochem­ent avec le parti de Marine Le Pen…

Je suis totalement déterminé sur ce sujet. Il faut que la cloison reste complèteme­nt hermétique.

Doit-elle être hermétique aussi entre LREM et LR ? A Nice, nous allons assister certaineme­nt à un duel aux municipale­s entre Christian Estrosi, LR « Macron-compatible », et Éric Ciotti, LR tendance droite dure…

Je serai reçu par Christian Estrosi. C’est un accueil républicai­n. Je n’ignore pas ce que sont les concurrenc­es, mais je suis là pour bâtir un référentie­l global. La démocratie a besoin des formations politiques. Mais il faut qu’elles se renouvelle­nt et se reconstrui­sent. Il faut bâtir ce renouveau, et se demander quelle est notre ouverture. Et notre relation avec les autres partis politiques…

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