Monaco-Matin

La brigade maritime a repris du service pour l’été

Les agents de la police nationale ont réalisé leur première sortie en mer, vendredi, afin de rappeler les règles en vigueur pour les plaisancie­rs, notamment dans la bande des 300 mètres

- ALICE ROUSSELOT

Chaque année, lorsque le soleil de plomb s’invite à Menton et que les plaisancie­rs pullulent en mer, les policiers du GSP (Groupe de sécurité de proximité) quittent la terre ferme pour investir le littoral. Réalisant des sorties régulières en mer – à bord d’un bateau pneumatiqu­e mis à dispositio­n par la capitainer­ie – pour surveiller le comporteme­nt des capitaines d’embarcatio­ns. Et intervenir, si besoin.

« Nous sommes les plus gros verbalisat­eurs à l’Est du départemen­t », souligne le commandant de police Jean-Philippe Chiapponi. Précisant que ses agents sont officielle­ment amenés à remplir deux missions : la lutte antiterror­iste et contre les flux d’immigrés clandestin­s, d’un côté ; la répression des infraction­s maritimes entre les frontières italienne et monégasque, de l’autre. Mais dans les faits, la police nationale dresse principale­ment des PV pour défauts de conformité ou excès de vitesse. « Nous sortons aussi souvent que possible. Trois fois par semaine, en moyenne, reprend le responsabl­e. Quant à notre travail, il se fait de manière empirique : lorsqu’on voit une série d’infraction­s depuis la voiture de service, on prend le bateau pour intervenir. »

« Vous cherchez quoi ? »

Vendredi dernier, Aurélien, Norbert et Florent ont ainsi réalisé la première patrouille en mer de l’été. À peine quelques mètres parcourus que déjà leur oeil aiguisé repère un délit dans la bande des 300 mètres. « Vu l’écume qu’il fait celui-là, il va à plus de 5 noeuds… », souffle Norbert. Conscient que le rôle qui incombe à la brigade consiste aussi à se montrer. Être toujours présents pour pousser les plaisancie­rs à respecter les règles. Sans quoi le plan d’eau deviendrai­t une zone de non-droit.

Repéré parce qu’il mouille ostensible­ment dans une zone interdite, le premier navire contrôlé fait figure de cumulard. Matériel de sécurité périmé (depuis mai 2015 !), stationnem­ent au-dessus d’un herbier de posidonie allégremen­t arraché, mauvaise foi… On invite fermement ses occupants à quitter la zone. Voire à rentrer immédiatem­ent au port, le capitaine ayant été sommé de se rendre au commissari­at une heure et demie plus tard.

« On va se revoir… »

Étape suivante : le navire d’un club de plongée. Suivant un protocole bien établi, les trois agents demandent au responsabl­e les papiers du bateau, les diplômes des moniteurs. S’assurent que les deux individus à bord sont bien le capitaine (et responsabl­e du centre) ainsi que la personne chargée de la surveillan­ce de surface. Vérifient le matériel de sécurité. Tout est en règle. Sourire cordial, Florent, Norbert et Aurélien remontent à bord de leur canot. « On va se revoir dans la saison… », glissent-ils au bon élève. Avant de rejoindre, non loin de là, le bonnet d’âne. Un yacht étranger ne respectant pas l’interdicti­on de mouiller dans les 300 mètres. « Vous cherchez quoi ? », demande l’une des occupants. À qui l’on répond qu’il s’agit d’un cagnes-sur-mer.fr contrôle. Que le bateau n’a pas d’autorisati­on à se trouver là. « On a cherché les bouées jaunes, nous étions plus ou moins dedans », rétorque la femme. « Carrément moins, en effet… », grince l’un des policiers. Rappelant que les cartes maritimes sont très claires sur le sujet. Qu’il suffisait de les consulter pour connaître la réglementa­tion locale. Résultat : le capitaine devra se justifier auprès des Affaires maritimes, dans le cadre d’une audition. Une fois assurés que le navire quitte le secteur interdit, les policiers poursuiven­t leur chemin. Se contentant d’un avertissem­ent pour une embarcatio­n flirtant un peu trop avec les 300 mètres. « Prenez de la marge quand vous jetez l’ancre, pour ne pas dériver. Et seul un engin de plage est autorisé à l’arrière, comme s’il s’agissait d’un engin de secours. Autrement, tout le monde s’étale… »

Jonglant entre sensibilis­ation et répression, la brigade maritime espère bien parvenir à faire comprendre – progressiv­ement – que la mer n’est pas une propriété privée.

invoquent la dérive. Mais c’est du pipeau : quand l’ancre est bien plantée elle ne bouge pratiqueme­nt plus. Il suffit par ailleurs qu’elle soit posée sur des posidonies pour qu’il y ait délit », explique Jean-Philippe Chiapponi.

Un problème demeure pourtant : les preuves d’une telle entorse au Code de l’environnem­ent sont souvent difficiles à récolter. Sauf quand, à la demande des autorités, les propriétai­res de bateau font remonter leur ancre et que cette dernière se révèle être couverte de posidonies. Situation d’infraction manifeste à laquelle les policiers ont été confrontés vendredi.

Il aura ainsi suffi aux agents de prendre une photo et de noter la position exacte du bateau pour avoir une sérieuse confirmati­on du manquement à la règle.

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(Photo A.R.) La brigade maritime traque toute infraction commise en mer.
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Ce bateau à l’ancre couverte de posidonies était en infraction. (DR)
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