Rassemblement de la droite : il reste pas mal de boulot !
La convention censée ressourcer le projet de la droite et du centre, hier à Antibes autour de Gérard Larcher, a surtout mis en lumière le fossé persistant entre Christian Estrosi et Eric Ciotti
Gérard Larcher a pris son bâton de pèlerin de rassembleur putatif de la droite. Le président LR du Sénat s’était rendu fin juin dans les Hauts-de-France. Il sera la semaine prochaine en Normandie. Hier, invité par le président de la Région, Renaud Muselier, c’est dans les Alpes-Maritimes qu’il a animé, en fin de journée à Antibes, une convention des élus de droite autour de deux thèmes, la mobilité et l’écologie, dans la veine du Grand Débat national. Après une visite à Sophia Antipolis, à la découverte du laboratoire Renault qui pense les véhicules autonomes de demain, Gérard Larcher s’est retrouvé face à quelque deux cents élus et cadres de la droite, dans la ville dirigée par le président par intérim des Républicains, Jean Leonetti. Ce dernier a ciblé la démarche : « Aller au plus près de chaque élu et chaque citoyen, regarder les expériences locales. »
Et, pour la droite, « dire qui elle est, se rassembler sans se renier, en
faisant preuve à la fois de justice et de force, de plus d’autorité et de plus d’humanité, de fermeté sans fermeture ». Autrement formulé par Gérard Larcher, il s’agit « d’installer une démarche collective pour recréer une force d’alternance et ne pas laisser s’installer un débat démocratique cadenassé par LREM et le Rassemblement national. » « Depuis dix ans, a-t-il ajouté, nous avons assisté à une recentralisation qui a conduit aux “gilets jaunes”. Nous devons nous revitaliser à partir des expériences des territoires. » Parmi les plaidoyers pro domo d’élus, quelques témoignages intéressants ont émané d’acteurs du territoire, producteur varois de vin rosé ou jeune entrepreneur engagé dans le recyclage des déchets en plastique, notamment. Mais pour ce qui est du rassemblement de la droite, l’opération a plutôt viré au fiasco.
Chacun dans son couloir
Sitôt intervenu, Christian Estrosi a quitté la réunion, suivi par les parlementaires qui lui sont proches… Juste avant qu’Eric Ciotti n’arrive, lui, pour la seconde partie de la convention. Effet désastreux garanti. Pour le dialogue, il faudra repasser ! D’autant que les deux hommes sprintent résolument chacun dans leur couloir, en campant sur des positions qui apparaissent, à ce jour, irréconciliables. Christian Estrosi : «LRafinià8% à force de se rétrécir. Je ne pense pas que M. Macron soit la réponse, mais l’adversaire, c’est le RN. Je prendrai toute ma part dans cette refondation, à condition qu’il y ait un véritable rassemblement. » Et de laisser entendre que LR aurait, si besoin, vocation à soutenir LREM, comme les socialistes avaient épaulé LR lors des régionales. Eric Ciotti : « Le rassemblement ne doit pas être la confusion. Nos électeurs ont besoin de clarté. Nous devons respecter nos valeurs, il n’est pas possible de se fédérer sur le plus petit dénominateur commun. Le navire amiral, c’est LR. S’y arrime qui veut, mais il faut une ligne. La synthèse à l’eau tiède, ce n’est pas pour moi. Quand la droite est elle-même, les électeurs ne votent pas RN. Il faut mettre des garde-fous (aux accointances avec Macron, Ndlr). Je crois à la fidélité. »
En conclusion, Renaud Muselier a confié « un sentiment partagé » .Ila regretté que la salle n’ait pu assez s’exprimer et un « débat politicopoliticien à deux balles ».
A travers l’image calamiteuse donnée par le « couple » Estrosi - Ciotti, le remède s’est avéré, de fait, pire que le mal. Gérard Larcher a sans doute regagné Paris avec plus de questions que de réponses sur l’avenir d’une droite décidément bien fracturée. Ici plus qu’ailleurs.