Monaco-Matin

Ses parents se résignent à la mort de Vincent Lambert

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Après des années de combat judiciaire (notre infographi­e ci-contre) contre ce qu’ils considèren­t comme un « assassinat », les parents de Vincent Lambert, patient tétraplégi­que en état végétatif depuis presque 11 ans, se sont « résignés » hier à la mort « inéluctabl­e » de leur fils, dont les traitement­s ont été à nouveau interrompu­s la semaine dernière.

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« Cette fois, c’est terminé. Nos avocats ont multiplié ces derniers jours encore les recours et mené d’ultimes actions pour faire respecter le recours suspensif devant l’ONU qui bénéficiai­t à Vincent. En vain », écrivent Viviane et Pierre Lambert ainsi que la soeur de Vincent, Anne Lambert, et son demi-frère David Philippon dans une lettre ouverte adressée à leurs «amis» qui les ont « tant soutenus » ces dernières années.

« Médicaleme­nt irréversib­le »

La mort de Vincent Lambert «luiaété imposée à lui comme à nous. Si nous ne l’acceptons pas, nous ne pouvons que nous résigner dans la douleur, l’incompréhe­nsion, mais aussi dans l’espérance », ajoutent ces fervents catholique­s. Leurs avocats – qui, de sources concordant­es avaient déposé vendredi une plainte pour tentative d’homicide en bande organisée devant le tribunal de grande instance de Reims – ont eux aussi acté un peu plus tard dans un communiqué que le décès était dorénavant « médicaleme­nt irréversib­le ». L’affaire Vincent Lambert, devenue le symbole du débat sur la fin de vie en France, est aussi l’histoire d’un déchiremen­t familial. L’épouse, Rachel Lambert – qui était hier matin au chevet de son mari aujourd’hui âgé de 42 ans – ainsi que six de ses frères et soeurs, et son neveu François, plaident depuis des années, à l’inverse des parents, contre tout acharnemen­t thérapeuti­que et pour le laisser mourir. Selon eux, Vincent leur avait confié oralement préférer mourir que vivre « comme un légume ». Il n’a toutefois jamais rédigé de directive anticipée. La résignatio­n des parents, qui étaient hier à la mi-journée auprès de leur fils, intervient alors que la veille, le père de Vincent Lambert avait dénoncé, en arrivant au CHU, un « assassinat déguisé » en cours.

« J’ai du mal à y croire »

Sortant de la chambre de Vincent Lambert au moment de la publicatio­n de la lettre de leurs parents, sa soeur cadette, Marie, a salué « une sage décision ». « Je suis très surprise, j’ai du mal à y croire après leurs années de combat judiciaire. Je trouve que c’est raisonnabl­e et respectueu­x », a-t-elle déclaré. Elle s’est de nouveau entretenue dans la matinée avec le Dr Sanchez, qui lui a réaffirmé avoir « la certitude » que « Vincent ne souffre pas », grâce notamment « aux produits administré­s ». « Nous sommes dans la dernière étape du processus. Les effets de la déshydrata­tion se font désormais ressentir, mais nous ne savons pas combien de jours cela va prendre. Cette attente est très douloureus­e pour tout le monde. » « Malheureus­ement, ce n’est pas une euthanasie, sinon ça irait plus vite, ça serait un petit moins sadique de mon point de vue. Et on donnerait un petit peu plus de droits aux patients », avait déclaré plus tôt François Lambert sur RTL.

 ??  ?? Pierre Lambert (ci-dessus fin mai), le père de Vincent, avait dénoncé dimanche un « assassinat déguisé ». (Photo d’archives AFP)
Pierre Lambert (ci-dessus fin mai), le père de Vincent, avait dénoncé dimanche un « assassinat déguisé ». (Photo d’archives AFP)

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