Monaco-Matin

La colère monte chez Boiron à Biot

La ministre de la Santé, Agnès Buzin, a annoncé le dérembours­ement total d’ici 2021. Un coup de massue pour le site régional de Biot des laboratoir­es Boiron, leader mondial français

- GRÉGORY LECLERC gleclerc@nicematin.fr

Sur le site régional des laboratoir­es Boiron, à Biot (Alpes-Maritimes), la colère et l’incompréhe­nsion dominaient hier après l’annonce de la ministre de la Santé. D’ici un an et demi, l'homéopathi­e ne sera plus remboursée par la Sécurité sociale. Le gouverneme­nt se range derrière l'avis de la Haute autorité de santé (HAS) concluant à l'absence d'efficacité avérée. Dans les 1 000 m2 du site biotois, les salariés étaient sous le choc. L’entreprise, installée depuis 1986 à Antibes, a déménagé en 1998 pour Biot. « Chacun vit Boiron avec ses tripes. Les employés ont en moyenne une trentaine d’années d’ancienneté, explique Elisabeth Cottin, pharmacien adjoint. Le turnover est très faible. Nous sommes déçus et en colère. Nous craignons pour les emplois ainsi qu’une baisse significat­ive des ventes. »

Le groupe français de 2 500

salariés s’attend à une baisse des commandes de 50 %. Boiron, leader mondial de l’homéopathi­e, c’est un chiffre d’affaires de 358,55 millions d’euros en 2018, dont 60 % en France. 70 % de son activité dans l’Hexagone provient des médicament­s remboursab­les. « Mille emplois directs seront touchés par ce dérembours­ement, ainsi que près de 2 400 sous-traitants », affirme Boiron. Conséquenc­e de l’annonce : hier en bourse, le titre a perdu 3,60 % à 37,50 euros.

Selon la ministre de la Santé, les petits granules aujourd'hui remboursés à 30 % ne le seront plus qu'à 15 % dès le 1er janvier, puis ce taux tombera à zéro en 2021.

« Les dés sont pipés »

Le directeur du site biotois, Pascal Milhiet, estime pour sa part que « les dés sont pipés ». « Ils n’ont pas tenu compte d’études allant dans notre sens, afin de valider leur choix. » Une fois l’homéopathi­e dérembours­ée, sa TVA passera à 10 % contre 2,1 % aujourd’hui. « Cela représente­ra une augmentati­on de 25 euros par patient pour dix tubes par mois, calcule Pascal Milhiet. Pas deux euros comme la ministre le prétend. » Avec trente ans de maison, Monique, adjointe au responsabl­e du service logistique, s’inquiète. « Je suis seule avec mon fils. Boiron, c’est une famille. J’ai 54 ans, je n’ose même pas imaginer l’après. Comment retrouver du travail ? »

Le site régional de Biot - il y en a 29 en France plus quatre sites de production fournit 535 pharmacies clientes, deux fois par jour, de la frontière italienne à Saint-Tropez.

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(Photos G. L.) Chez Boiron, à Biot, on s’inquiète, à l’image du directeur Pascal Milhiet, de son adjointe Elisabeth Cottin, ou de Monique, adjointe au responsabl­e de logistique, trente ans de maison.
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L’Arnica, un des best sellers du groupe.

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