« Ils étaient cool... mais ils se sont ennuyés »
Gardien de l’Orméa depuis ans et demi, Yannick devra quitter les lieux (où il vit) en septembre. Très attaché à l’ancien centre de vacances, et aux nombreux souvenirs associés, il se dit opposé à l’accueil de mineurs non accompagnés sur le site. Entre autres parce qu’il garde l’expérience de en tête. « Les migrants partaient le matin pour que les enfants de Roquebrune soient accueillis, et revenaient vers h. On assistait tous les soirs à un ballet de la Paf qui les déposait. Ils n’avaient rien ici. Avec mon fils, on leur a appris à jouer à la pétanque. Ma fille leur donnait des cours de français. On leur faisait même le linge. Mis à part trois Albanais, ils étaient cool... mais ils se sont ennuyés. » À ce titre, l’Orméa n’est pas un accueil adéquat pour eux, selon Yannick. Qui va jusqu’à comparer le site à une « prison » pour les jeunes exilés.
« Pas de projet pour eux »
« La question n’est pas tellement de savoir ce qu’ils viennent faire ici mais qu’est-ce qu’ils vont faire ici. Il n’y a pas de projet pour eux. Je comprends que les gens du village soient stressés mais ce n’est pas pour eux que je suis inquiet – ils vont s’y habituer. On m’a dit qu’avec ce qu’ils avaient vécu, les jeunes migrants dormiraient au moins une semaine à leur arrivée. Oui, mais après ? » Et à la différence d’une colonie de vacances bien établie, où un même groupe reste pour une durée déterminée, un tel centre reposera sur un système de transit.
« Ce ne seront pas les mêmes jeunes tout le temps, ils seront progressivement tous remplacés », souligne Yannick. Le gardien regrette par ailleurs qu’on prive les enfants roquebrunois d’un tel havre de paix. Et qu’ils doivent aujourd’hui se contenter du béton de l’école de La Plage. « Tout me rend triste...», conclut-il.