Monaco-Matin

L’affaire Geneviève Legay sera instruite à Lyon

Par souci d’impartiali­té, la cour de cassation a décidé de dessaisir le parquet niçois de l’instructio­n des violences policières contre une manifestan­te « gilet jaune » le 23 mars à

- ALP

L’affaire Geneviève Legay, du nom de cette femme blessée lors d’une manifestat­ion de « gilets jaunes » le 23 mars, place Garibaldi à Nice, est loin d’être terminée. Mais elle va sans doute gagner en sérénité. La Cour de cassation, plus haute juridictio­n du pays, a décidé de dépayser l’instructio­n du dossier, dont la conduite par le parquet niçois était devenue intenable.

Dans l’avis rendu aux magistrats vendredi, l’avocat général avait déjà fait part de ses doutes sur de nombreux points. « Le procureur de la République avait d’abord confié l’enquête à la sûreté départemen­tale alors que la cheffe de ce service avait elle-même participé à l’opération de maintien de l’ordre dans le périmètre où Mme Legay a été bousculée et était la compagne du commissair­e chargé du commandeme­nt de cette opération », s’était notamment étonné le magistrat.

En dépaysant l’instructio­n de cette affaire, les juges de la Cour de cassation ont donné raison aux avocats et la famille de la septuagéna­ire. « Il s’agissait de savoir si le dossier d’instructio­n judiciaire concernant Geneviève Legay allait persister à Nice ou allait être renvoyé devant une autre juridictio­n compte tenu des nombreux conflits d’intérêts qui ont été constatés », a étayé Arié Alimi, avocat de la victime et d’Attac, l’Associatio­n pour la taxation des transactio­ns financière­s et pour l’action citoyenne au sein de laquelle la Niçoise milite. Pour Raphael Pradeau, porte-parole de l’organisati­on, la décision de la Cour de cassation « confirme ce que nous disons depuis le début de cette affaire : le procureur de Nice a multiplié les mensonges et les obstacles à la manifestat­ion de la vérité. »

Un peu plus tôt dans la journée, la députée insoumise Clémentine Autain avait exprimé son soutien à Geneviève Legay, « physiqueme­nt et moralement affectée par cette affaire ». Mais la parlementa­ire y avait ajouté une touche plus politique : « Sommes-nous encore dans un état de droit ? Il y a une criminalis­ation de l’action syndicale, de la critique, devenue particuliè­rement préoccupan­te dans notre pays. » Pour l’élue parisienne, l’affaire Legay doit ouvrir la porte à une réflexion plus large : « Il est important de poser la question systématiq­ue d’un dépaysemen­t dans ce genre de cas. Cela pourrait d’ailleurs faire l’objet d’une propositio­n de loi, mais nous sommes face à un gouverneme­nt qui est totalement sourd à toutes nos interpella­tions au sujet des violences policières qui émaillent l’actualité de notre pays depuis des mois avec les “gilets jaunes” ou les étudiants qui luttent pour le climat. »

« Rectifier et apaiser »

Pour Me Michaël Ghnassia, qui a plaidé devant la cour de cassation, cette décision est satisfaisa­nte pour Geneviève Legay mais aussi l’institutio­n judiciaire : elle « fait suite à une demande formée par le procureur général d’Aix-enProvence, c’est-à-dire le supérieur du procureur de Nice et correspond également à l’avis de l’avocat général de la cour de cassation. Nous sommes donc aussi rassurés par le travail fait par l’institutio­n judiciaire, qui a été en mesure de rectifier et d’apaiser cette situation. »

 ?? (Photos ALP et Eric Ottino) ?? L’avocat de Geneviève Legay, le porte-parole d’Attac et la députée Clémentine Autain se sont félicités hier à Paris de la décision de la Cour de cassation. Ci-contre Geneviève Legay lors de son hospitalis­ation.
(Photos ALP et Eric Ottino) L’avocat de Geneviève Legay, le porte-parole d’Attac et la députée Clémentine Autain se sont félicités hier à Paris de la décision de la Cour de cassation. Ci-contre Geneviève Legay lors de son hospitalis­ation.
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