Nice : à ans, elle appelle la police pour sauver sa mère battue
En appelant police-secours Tania, 7 ans et demi, a peut-être sauvé la vie de sa maman. Bérénice a failli devenir
(1) la 76e femme en France à mourir sous les coups de son mari en 2019.
Les faits remontent au 6 juin, dans un appartement de Nice. À 6 heures, José, le père, 39 ans, sorti depuis peu de détention, pénètre dans la chambre de son ex-compagne et l'extrait sauvagement du lit. Il la frappe avec la crosse d'un pistolet 7.65. La victime, ensanglantée, croit sa dernière heure arrivée. Elle supplie de pouvoir dire adieu à ses filles de 7 et 3 ans. Dans sa grande bonté, le tyran domestique fait venir leurs enfants. C'est à ce moment que Bérénice glisse le téléphone dans la culotte de sa fille aînée. La petite compose le 17. Une tante clairvoyante, qui sentait la famille en danger, avait appris à l’enfant les numéros d’urgence quelques jours auparavant.
Dans une mare de sang
À l'arrivée des policiers, la mère de famille est retrouvée dans une mare de sang, prostrée. José, Cap-Verdien, était jugé hier en correctionnelle pour violences sur sa concubine et détention non autorisée d’arme. Il admet a minima avoir porté quelques coups. Il omet de préciser qu'il a déjà commis par le passé des violences sur sa compagne.
La présidente, Laura Delsupexhe, lit à haute voix le certificat médical qui dresse l’inventaire des blessures de Bérénice : « Arcade sourcilière ouverte, oeil tuméfié, traumatisme aux cervicales, au poignet, anxiété réactionnelle… » Si Bérénice va mieux aujourd’hui, elle a écopé au moment de l’agression de six jours d’interruption de travail.Me Isabelle Laborde, l’avocate de la partie civile, souligne que « cette femme a dû son salut à sa fille lors de cette scène d’horreur ». Aujourd’hui, elle est hébergée par une association.
« Altération du discernement »
« Elle a entrevu la mort, rappelle la procureure, Françoise Delon. Rien n’arrête le déchaînement de violences de cet homme, ni les suppliques de son épouse ni les pleurs des enfants. » Elle requiert trois ans de prison dont six mois avec sursis et trois ans de mise à l’épreuve. En défense, Me Audrey Vazzana, tout en admettant la gravité des faits, plaide que son client a toujours reconnu les violences reprochées. Elle regrette en revanche que le parquet ne tienne pas compte dans ses réquisitions « d’une altération du discernement » de son client. Examiné par un psychiatre en garde à vue, José avait été brièvement hospitalisé à Ste-Marie avant d’être placé en détention provisoire.
Il reste en prison puisque le tribunal l’a condamné hier à 30 mois dont un an avec sursis et deux de mise à l’épreuve. Lors de son suivi judiciaire, il lui est interdit d’entrer en contact avec son ex-compagne. Il a également l’obligation de se soigner.
(1) Le prénom a été modifié.