Monaco-Matin

Plastique : la consigne refait surface

-

Avec le projet de loi « pour une économie circulaire » présenté hier en conseil des ministres, le gouverneme­nt décrète la guerre au plastique et mise sur le recyclage et les consignes pour remporter la bataille contre le gaspillage. Avec ce texte, « on veut construire l’écologie du quotidien, entrer dans l’économie du XXIe siècle, celle où l’on consomme moins et mieux, où on arrête de produire pour détruire », a expliqué sur BFMTV Brune Poirson, secrétaire d’Etat à la Transition écologique.

Attendu par les industriel­s, les collectivi­tés comme les associatio­ns de consommate­urs et de défense de l’environnem­ent dans un contexte d’attentes grandissan­tes de l’opinion publique, le texte d’une quinzaine d’articles sera examiné par le parlement à la rentrée. Eviter nuisances et pollutions liées aux déchets, préserver les ressources et le climat, favoriser les emplois non délocalisa­bles en développan­t la réparation : les enjeux sont multiples.

Comme les garagistes aujourd’hui, les réparateur­s devront pouvoir proposer des pièces détachées d’occasion.

Et comme les magasins physiques, les distribute­urs en ligne devront reprendre les produits usagés pour toute vente de produit neuf. Le texte interdit la destructio­n des produits non alimentair­es neufs (650 millions d’euros chaque année en France) mais ne précise pas s’ils devront être réemployés ou recyclés.

Brune Poirson a souligné que la mise en décharge des déchets diminue trop lentement alors que l’objectif est de la diviser par deux en 2025 : entre 2012 et 2018, elle n’a baissé que de 3 %.

Pour renforcer le principe du pollueur-payeur, un « bonusmalus » incitera l’incorporat­ion de matières recyclées dans les produits. Il s’agit en fait d’une modulation renforcée des éco-contributi­ons allant jusqu’à 20 % du prix des produits.

Le texte doit aussi contraindr­e de nouveaux secteurs à prendre en charge le traitement de leurs déchets, jusqu’ici supporté par les collectivi­tés.

Jouets, articles de sport, de bricolage, cigarettes (30 milliards de mégots jetés chaque année en France) et les lingettes, à partir de 2024, sont dans le viseur. Seront aussi concernés les matériaux de constructi­on, à l’origine de « 70 % des déchets en France » (contre 13 % pour les déchets ménagers), selon Brune Poirson. « Les dépôts sauvages coûtent 340 M € aux contribuab­les par an. On jette chaque année en moquette l’équivalent d’une route Lille-Marseille », a-t-elle précisé. Toutes ces propositio­ns doivent maintenant trouver leurs modalités d’applicatio­n dans des décrets et règlements futurs.

« Pas à la hauteur »

Ainsi, un comité de pilotage sur les conditions du retour de la consigne va encore plancher plusieurs mois en vue d’améliorer la récupérati­on des contenants, à des fins de recyclage ou réutilisat­ion.

Aucun détail n’est encore connu : la consigne concernera-t-elle seulement le plastique ? Les cannettes ? Le verre ? « L’infrastruc­ture et le coût de mise en oeuvre de la consigne seront pris en charge par les industriel­s, au moins à hauteur de 80 % », a répondu Brune Poirson à ceux qui redoutent que les collectivi­tés, aujourd’hui chargées de collecter les emballages, perdent une source de revenus et se retrouvent avec des sites de traitement surdimensi­onnés. Pour Les Amis de la Terre, le projet de loi « contient de réelles nouveautés sur les enjeux de consommati­on », mais « n’est pas à la hauteur de l’urgence climatique ».

 ??  ?? Le coût de mise en oeuvre de la consigne sera pris en charge par les industriel­s, au moins à hauteur de  %. (Photo AFP)
Le coût de mise en oeuvre de la consigne sera pris en charge par les industriel­s, au moins à hauteur de  %. (Photo AFP)

Newspapers in French

Newspapers from Monaco