ATHLÉTISME
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24 ans, Rouguy Diallo cherche encore les bons réglages. Ceux qui lui permettront de franchir un cap en grands championnats. Théâtres où, chez les Seniors, la Niçoise ne s’est pas encore exprimée comme elle l’entend. Huitième et septième des championnats d’Europe outdoor et indoor en 2018 et en mars dernier, la championne du monde Juniors 2014 débarque à Monaco, ce soir, pour se frotter aux cadors du triple saut, dont les championnes olympique et du monde, la Colombienne Caterine Ibarguen et la Vénézuélienne Yulimar Rojas. Un mois après une contre-performance à Oslo, qui a démontré qu’elle ne maîtrise toujours pas la pression inhérente au haut niveau, elle espère s’envoler à 14,30 m pour réaliser les minima pour les Mondiaux de Doha (28 septembre 6 octobre), à l’occasion d’un concours délocalisé au port Hercule.
Rouguy, vous avez débuté l’athlétisme dans le Var et vous êtes licenciée à Nice. Vous allez sauter pratiquement à domicile…
C’est un grand plaisir pour moi parce qu’il y aura toute ma famille et mes amis. Dans le Sud, je sais qu’il y a toujours un bon public. Quand j’étais venue en (, m, ndlr), je me souviens que l’ambiance avait été extraordinaire. Cette fois, on ne sautera pas dans le stade, l’atmosphère sera un peu différente, mais j’ai hâte.
Le triple saut est une discipline confidentielle. Ces concours hors stade, c’est une démocratisation…
C’est une très bonne chose.
Ça va être énorme ! Dans un meeting, le public prête davantage d’attention aux sprints. Beaucoup d’épreuves se déroulent en même temps. Là, ce sera l’événement et vu le niveau, les gens vont apprécier.
Le concours sera relevé, est-ce l’idéal ou une source de pression ?
J’adore ça ! La concurrence sera la même qu’à Doha aux Mondiaux donc ça va me permettre de me situer. Mon but est de figurer parmi les meilleures athlètes de la planète et ce genre de concours me permet d’apprendre face à des filles plus expérimentées. C’est de la bonne adrénaline. Je sais qu’un jour, je pourrai vraiment rivaliser avec elles. C’est déjà mon objectif, bien sûr, mais les meilleures, Rojas ou Ibarguen, sautent à plus de mètres. Il y a un monde entre nous pour l’instant.
Quel sera l’objectif à Monaco ?
Etre dans les huit premières. Pour ça, il me faudra faire , m (minima pour Doha, quand son record en plein air est de , m). C’est ce que j’ai fait cet hiver en salle (record à , m) mais ça ne compte pas pour la saison estivale.
Le juin, vous avez réalisé seulement , m à Oslo…
C’était ma rentrée et j’ai eu beaucoup de problèmes techniques. Je dois encore travailler ma course d’élan parce que je mords très souvent, comme à Oslo sur mes deux premiers essais, avant de ne pas terminer le troisième. Je me sens beaucoup mieux physiquement qu’il y a un mois. J’ai plus de repères techniques. Le pic de forme est programmé pour octobre et les Mondiaux. Le championnat de France approche aussi (- juillet à Saint-Etienne) mais ce n’est pas la priorité. Comment avez-vous digéré vos contre-performances aux derniers championnats d’Europe ?
Pour l’instant, je digère mal l’échec parce que je veux avant tout gagner. Après Glasgow (en mars), j’étais démotivée, énervée. C’était inconscient. J’allais m’entraîner mais le coach (Teddy Tamgho, champion du monde) me disait : ‘‘on voit que quelque chose te manque’’. Je voulais à tout prix faire un podium mais je suis passée à côté et ça m’a fait mal à la tête. Petit à petit, je me suis remise dedans.
Votre titre mondial Juniors en n’est-il pas un boulet ? Depuis, il y a beaucoup d’attentes à votre sujet...
Non, ce titre est arrivé au bon moment. Après, c’est à l’athlète de bien gérer. Je me suis mis beaucoup de pression toute seule. J’ai eu du mal après ce titre. Il n’y a que l’an dernier où j’ai réussi à sauter à mon niveau et à battre mes records pratiquement à chaque compétition. Je suis repartie sur une bonne lancée. Avant, je n’étais peut-être pas assez mature. Certains performent jeunes et parviennent à faire de même de suite chez les grands. Moi, j’ai eu un petit blocage. Depuis que je suis toute petite, je n’ai jamais été n° d’entrée de jeu. J’ai connu beaucoup d’échecs avant de gagner. C’est juste une question de temps, mon tour viendra. Etes-vous aidée pour mieux gérer cette pression ?
Oui, je suis suivie sur le plan psychologique par Catarina Lopes. C’est la psychologue du groupe d’entraînement à Reims
(où elle s’entraîne) depuis . Et elle est importante. Parfois, vous ne pouvez pas trouver les réponses tout seul. L’athlétisme, c’est % dans la tête, % le physique.
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Pour l’instant, je digère mal l’échec. Après Glasgow, j’étais démotivée ”
En cas de qualification pour Doha, quelle ambition aurez-vous ?
Je vise une place de finaliste même si je sais que ce sera très relevé. Ce serait déjà bien. Aujourd’hui : triple saut féminin, à partir de 19h, sur le port Hercule, quai Albert Ier. Entrée gratuite.
Demain : l’ensemble des épreuves (programme à retrouver sur monaco/diamondleague.com), à partir de 19h30 au stade Louis-II. Ouverture des portes à 19h. Tarifs : 10 à 45 euros. Billets à acheter en ligne ou aux guichets du stade (10h-12h30 et 13h30-18h30).