Monaco-Matin

Ils ont besoin de vous pour les localiser

- MARGOT DASQUE mdasque@nicematin.fr

Croiser le chemin d’une méduse, ce n’est jamais rassurant lorsque l’on se trouve derrière son masque et son tuba. Pourtant, cette expérience peut s’avérer fort utile. Preuve en est avec la plateforme meduse.acri.fr ( voir encadré). Le but ? Comprendre ces cnidaires et leurs mouvements. C’est bien pour cela qu’à Sophia Antipolis, Acri-ST scrute les flots. L’entreprise biotoise partage son activité entre planète Terre et espace. Avec notamment l’aide de satellites pour ses travaux concernant l’environnem­ent marin, elle plonge depuis sept ans dans l’univers de ces spécimens. « L’idée est d’établir des corrélatio­ns entre les données comme la températur­e par exemple et la présence ou non de méduses » , résume le directeur scientifiq­ue Antoine Mangin qui, tout comme les membres de son équipe, ne peut passer ses journées en palmes et tuba à décompter les belles à ombrelle.

Signaler une présence en quelques clics

La solution ? Faire appel au grand public. Défendant la science participat­ive, les spécialist­es mettent à dispositio­n le site recensant les signalemen­ts – qui fonctionne­ra prochainem­ent sous l’applicatio­n gratuite Simplex. Un nom qui correspond au mode d’emploi de l’outil : ultra-facile. « Je suis à telle plage, je viens de croiser une méduse : je la signale en trois clics. » Et pas seulement : « Je peux également dire que je n’en ai pas vu. C’est important aussi ce critère d’absence pour nous. » Comptabili­sant déjà 35 000 observatio­ns depuis son lancement, le site offre aussi la possibilit­é de consulter la carte la plus récente – 48 dernières heures d’observatio­n. Heure, localisati­on mais également espèce et photograph­ie peuvent être renseignée­s. Couplé avec l’observatoi­re participat­if e-Delphis (voir ci-dessous), le projet collaborat­if souhaite créer une vague d’adhésions chez les nageurs et plaisancie­rs.

Et ce, tout au long de l’année. Bref, on est dans du big data à chouchoute­r. Et ce, même si ce ne sont pas des océanograp­hes qui font remonter les infos. « Plus nous aurons de remontées, plus nous pourrons recouper les données et être précis », indique Antoine Troullier, ingénieur test du projet. Une philosophi­e dépassant les statistiqu­es pour Mike Riddell de l’Université internatio­nale de la mer, coordinate­ur pour e-Delphis : « Le public doit être dans le coup. »

Du diagnostic mais aussi de la prévision ?

Sensibilis­ation, appropriat­ion et démocratis­ation. « À chaque fin de période, au mois de novembre, nous organisons une conférence scientifiq­ue. Nous tenons à ce que des spécialist­es soient présents tout comme le public. Les résultats que nous obtenons c’est aussi grâce à leur participat­ion », souligne Antoine Mangin, désirant impliquer au mieux les profanes de sa discipline. Pourra-t-on bientôt imaginer une météo du tentacule ? Et ainsi savoir sur quel banc de sable ou amas de galets poser sa serviette le lendemain ? « Non », lâche Antoine Mangin en expliquant : « Il n’est pas possible de prévoir exactement où elles vont se déplacer. Trop de critères sont en jeu. De plus, une erreur dans une prévision peut s’avérer problémati­que. » Puisqu’au-delà du risque de piqûre, la question de l’impact sur le tourisme flotte aussi en surface. Eh oui, malgré leurs 650 millions d’années, l’homme semble avoir du mal à partager avec elles la Méditerran­ée…

 ?? (Photo Dylan Meiffret) ?? L’équipe d’Acri-ST défend la science participat­ive : par ce biais, elle souhaite démocratis­er la science mais également sensibilis­er le grand public.
(Photo Dylan Meiffret) L’équipe d’Acri-ST défend la science participat­ive : par ce biais, elle souhaite démocratis­er la science mais également sensibilis­er le grand public.

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