Rémy Jourdan : « très déçu »
Les généalogistes du Cegama avaient prévenu : ils ne pourraient prendre tous les dossiers en compte, soit par manque de temps, soit parce que certaines recherches étaient techniquement impossibles, soit parce que certains lecteurs transmettaient des documents déjà très complets. C’est le cas de Rémi Jourdan qui aurait bien aimé savoir « ce que ses ancêtres faisaient vraiment, malgré quelques indications comme « cultivateur », mais c’est bien peu ». Autre déception : « pour la branche maternelle, tout se passe en Italie et je n’ai rien d’officiel ou
Quels animaux dans les troupeaux ?
Peu de vaches, mais des brebis par centaines de milliers de têtes, pour la laine, la viande – pas trop – le lait, surtout. Elles alimentent la consommation locale car Nice exporte peu à cette époque : des citrons, des sardines, pas grand-chose. Les voies de communication sont peu développées. Même la route royale qui part de la place Garibaldi n’est plus carrossable à partir de L’Escarène. Il faut démonter les charrettes.
Où se situe alors la « capitale » politique pour les Azuréens ?
C’est Turin, Nice fait partie du royaume de Piémont-Sardaigne. Il y a eu auparavant quelques brèves périodes de présence française sous Louis XIV qui s’est, symboliquement nommé comte de Nice mais cette situation n’a pas duré. Les Niçois se sentent alors profondément Piémontais.
Il n’y a pas de ferment révolutionnaire ?
Nice n’est pas une ville totalement fermée ; les idées circulent. Certains, peu nombreux, adhéreront, à la révolution. Mais pas tout presque ». D’autant plus frustrant qu’il descend de François Langella, un officier « qui a sauvé tout un navire lors de batailles au large de Tabarka et La Calle, sous Napoléon III. J’aimerais tant avoir des documents qui viendraient étayer la transmission orale de ma famille. » de suite. à constituent une sorte de parenthèse, une période au cours de laquelle Nice est à l’abri de la révolution. Les armées françaises n’y entreront qu’en septembre . Jusque-là, Nice voit la révolution de l’autre côté du Var.
Un regard réprobateur ?
Un regard inquiet, notamment à cause de l’hostilité des révolutionnaires vis-à-vis de l’église. L’une des particularités du Comté est qu’il est très chrétien et très conservateur. Si en Provence, on observe à cette époque une perte des valeurs religieuses, ce n’est pas du tout le cas ici. Nice est très attachée à des formes de religiosité très ostentatoire comme les processions ou le culte des saints. Il y a aussi beaucoup de curés, notamment dans le haut pays.
Pourquoi les armées passent-elles la frontière en ?
C’est par idéologie révolutionnaire. Il faut exporter les valeurs, libérer les peuples d’Europe sous le joug des tyrans, à commencer par les voisins. La France a déclaré la guerre en avril à l’empire d’Autriche puis à la Prusse. Elle est alors en guerre avec presque toute l’Europe. Quand l’armée entre à Nice, il y a de la peur parce que de nombreux Français, environ , s’y sont installés pour fuir la révolution, pour des raisons politiques. Parmi eux, curés dont les évêques de Vence, Grasse, Fréjus. Beaucoup de nobles aussi comme la soeur de Mirabeau. Leur parole effraie la population. Les révolutionnaires sont présentés comme des « bouffeurs de curés ». Les troupes françaises entrent pratiquement sans combattre. Mais le discours de libération ne résiste pas à la tentation du pillage…
À ce moment, Nice devient française.
On y parle français ?
Ni avant, ni après. Pas plus qu’on ne parle italien : on parle nissart. Le français devient toutefois la langue administrative. Le département des Alpes-Maritimes est créé en février , mais c’est compliqué. Sur la centaine de villages dans l’ancien comté, soixante sont contrôlés par les Français, le reste, notamment dans les montagnes, reste sous giron piémontais. Des batailles ont lieu à Sospel, à L’Escarène, à Gilette, à Duranus - où l’on retrouve le fameux saut des Français () – pendant mois, jusqu’au printemps , c’est la guerre. Avec ce qu’elle entraîne : réquisitions, pillages, morts et destructions. Jusqu’à ce que les Piémontais perdent le fort de Saorge.
Quelles personnalités émergent pendant cette période ?
Massena, évidemment, l’un des grands Niçois qui adhérent aux idées révolutionnaires, qui prend avec Rusca le fort de Saorge. Mais globalement la population est soit hostile, soit dans l’attente. Quand Napoléon quitte le pouvoir en , les Niçois redeviendront très facilement piémontais. Les habitants mesurent toutefois les bienfaits de ce que la France apporte Dubouchage, qui a donné son nom à un boulevard, est considéré comme un très grand préfet.