Monaco-Matin

Pourquoi les journaux du groupe Nice-Matin ne sont pas parus hier

- PATRICE MAGGIO

Pas de Nice-Matin, ni de Var-Matin ou de Monaco-Matin hier, samedi  juillet, rien sur les sites internet du groupe, vendredi après  heures. À l‘origine de cette non-parution, une grève surprise : celle déclenchée à la quasi-unanimité par les journalist­es du groupe, au terme d’une assemblée générale extraordin­aire des salariés-actionnair­es de la Société coopérativ­e d’intérêt collectif (Scic) Nice-Matin consacrée à l’avenir de l’entreprise. Retour, en quatre temps, sur une journée particuliè­re.

Le choix d’Iskandar Safa

Le quotidien est actuelleme­nt détenu à deux-tiers du capital par ses salariés. Le dernier tiers appartient au Belge Nethys qui souhaite depuis plusieurs mois se désengager. Situation délicate : à la faveur d’un pacte d’actionnair­es, ce groupe doit devenir majoritair­e début . Il a finalement trouvé un acquéreur pour ses parts : Xavier Niel, fondateur de Free (téléphonie) et copropriét­aire du journal Le Monde. Minoritair­e aujourd’hui ( %), Xavier Niel doit d’ici quelques mois prendre le contrôle de Nice-Matin. L’accord a été officialis­é vendredi à la mi-journée, alors que commençait à Nice l’assemblée générale des  administra­tifs, journalist­es et techniques se répartissa­nt la majorité du capital.

Sur le fond, assez proches

Le choix suivant était soumis aux actionnair­es : soutenir le projet de Xavier Niel ou lui préférer celui d’Iskandar Safa (chantier naval de Cherbourg, domaine de Barbossi à Mandelieu mais aussi Valeurs actuelles) et de sa société Privinvest.

Intéressé depuis plusieurs années à la reprise du quotidien, il s’était rapproché en  du P.D-G. de Nice-Matin, Jean-Marc Pastorino, pour trouver un plan B à Nethys, de moins en moins impliqué dès cette époque dans la gestion du journal. Entre les deux dossiers de candidatur­e soumis aux salariés, peu de différence­s sur la stratégie (soutien à la presse « papier », présence renforcée sur le Net, diversific­ation des activités) et sur le social. Le vote a pourtant nettement penché du côté d’Iskandar Safa :  % des voix,  % pour Xavier Niel et  % de votes blancs.

Attention à la ligne

Si les techniques et les administra­tifs ont clairement opté pour Privinvest, les journalist­es lui ont tout aussi massivemen­t préféré le projet Niel ( voix contre ). La principale crainte porte sur l‘indépendan­ce éditoriale. Malgré les assurances données par Iskandar Safa, présent à cette assemblée générale, la rédaction, très attachée au traitement de l’info sans parti pris, redoute un rapprochem­ent avec la ligne éditoriale de Valeurs Actuelles, un hebdomadai­re fortement marqué à droite. Surtout, les journalist­es craignent que le groupe Nice-Matin s’engage et s’enlise dans « une bataille judiciaire » que le Syndicat National des Journalist­es (SNJ) redoute « longue, coûteuse et incertaine » entre les deux milliardai­res.

Bras de fer en perspectiv­e

De quelle bataille s’agit-il ? Xavier Niel sera propriétai­re en  selon le pacte d’actionnair­es, mais Iskandar Safa est soutenu par une majorité de salariés. Comment résoudre ce conflit ? En dénonçant le pacte d’actionnair­es. C’est ce qu’a décidé l’assemblée générale. Pour la CGT, les intentions du patron de Free, absent vendredi de cette AG mais qui a adressé vendredi des engagement­s écrits aux salariés, ne sont pas assez claires. Sûr de son bon droit, l’entourage de Xavier Niel confirme qu’il ne renonce à rien.

Ce qui est certain, c’est que le journal a été absent des kiosques, ce samedi. La direction du groupe Nice-Matin présente ses excuses à ses lecteurs.

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