Pourquoi les journaux du groupe Nice-Matin ne sont pas parus hier
Pas de Nice-Matin, ni de Var-Matin ou de Monaco-Matin hier, samedi juillet, rien sur les sites internet du groupe, vendredi après heures. À l‘origine de cette non-parution, une grève surprise : celle déclenchée à la quasi-unanimité par les journalistes du groupe, au terme d’une assemblée générale extraordinaire des salariés-actionnaires de la Société coopérative d’intérêt collectif (Scic) Nice-Matin consacrée à l’avenir de l’entreprise. Retour, en quatre temps, sur une journée particulière.
Le choix d’Iskandar Safa
Le quotidien est actuellement détenu à deux-tiers du capital par ses salariés. Le dernier tiers appartient au Belge Nethys qui souhaite depuis plusieurs mois se désengager. Situation délicate : à la faveur d’un pacte d’actionnaires, ce groupe doit devenir majoritaire début . Il a finalement trouvé un acquéreur pour ses parts : Xavier Niel, fondateur de Free (téléphonie) et copropriétaire du journal Le Monde. Minoritaire aujourd’hui ( %), Xavier Niel doit d’ici quelques mois prendre le contrôle de Nice-Matin. L’accord a été officialisé vendredi à la mi-journée, alors que commençait à Nice l’assemblée générale des administratifs, journalistes et techniques se répartissant la majorité du capital.
Sur le fond, assez proches
Le choix suivant était soumis aux actionnaires : soutenir le projet de Xavier Niel ou lui préférer celui d’Iskandar Safa (chantier naval de Cherbourg, domaine de Barbossi à Mandelieu mais aussi Valeurs actuelles) et de sa société Privinvest.
Intéressé depuis plusieurs années à la reprise du quotidien, il s’était rapproché en du P.D-G. de Nice-Matin, Jean-Marc Pastorino, pour trouver un plan B à Nethys, de moins en moins impliqué dès cette époque dans la gestion du journal. Entre les deux dossiers de candidature soumis aux salariés, peu de différences sur la stratégie (soutien à la presse « papier », présence renforcée sur le Net, diversification des activités) et sur le social. Le vote a pourtant nettement penché du côté d’Iskandar Safa : % des voix, % pour Xavier Niel et % de votes blancs.
Attention à la ligne
Si les techniques et les administratifs ont clairement opté pour Privinvest, les journalistes lui ont tout aussi massivement préféré le projet Niel ( voix contre ). La principale crainte porte sur l‘indépendance éditoriale. Malgré les assurances données par Iskandar Safa, présent à cette assemblée générale, la rédaction, très attachée au traitement de l’info sans parti pris, redoute un rapprochement avec la ligne éditoriale de Valeurs Actuelles, un hebdomadaire fortement marqué à droite. Surtout, les journalistes craignent que le groupe Nice-Matin s’engage et s’enlise dans « une bataille judiciaire » que le Syndicat National des Journalistes (SNJ) redoute « longue, coûteuse et incertaine » entre les deux milliardaires.
Bras de fer en perspective
De quelle bataille s’agit-il ? Xavier Niel sera propriétaire en selon le pacte d’actionnaires, mais Iskandar Safa est soutenu par une majorité de salariés. Comment résoudre ce conflit ? En dénonçant le pacte d’actionnaires. C’est ce qu’a décidé l’assemblée générale. Pour la CGT, les intentions du patron de Free, absent vendredi de cette AG mais qui a adressé vendredi des engagements écrits aux salariés, ne sont pas assez claires. Sûr de son bon droit, l’entourage de Xavier Niel confirme qu’il ne renonce à rien.
Ce qui est certain, c’est que le journal a été absent des kiosques, ce samedi. La direction du groupe Nice-Matin présente ses excuses à ses lecteurs.