Monaco-Matin

One, two, three, viva Belmadi !

Le sélectionn­eur a ramené l’Algérie en demi-finale de la CAN neuf ans après

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Le seul B que nous voulons et réclamons, c’est Belmadi ! » : plongée dans un mouvement de contestati­on politique inédit depuis fin février, l’Algérie s’est trouvé cet été un nouveau héros avec le sélectionn­eur des Fennecs, artisan majeur du remarquabl­e parcours de son équipe à la CAN-2019. Alors que le « hirak » (mouvement) réclame toujours le départ des « 2B » restants -- le président par intérim Abdelkader Bensalah et le Premier ministre Noureddine Bedoui -- Djamel Belmadi est la seule personnali­té d’envergure qui semble échapper àce « dégagisme » patronymiq­ue ayant déjà touché deux anciens dignitaire­s du régime. Averti jeudi de l’explosion de sa cote de popularité après la qualificat­ion en demi-finale de la CAN, une première depuis 2010, le sélectionn­eur algérien a joué l’ingénu -- « J’ai entendu que j’étais apparemmen­t le plan B ou le plan C » - sans vouloir en dire plus.

« Le football est important pour

nous. C’est le sport N.1, il est vecteur d’énormément de choses, cela nous réunit tous », s’est-il simplement félicité samedi en conférence de presse, pour commenter le soutien des millions de supporters algériens à travers le monde avant le choc contre le Nigeria.

Meneur d’hommes, tacticien “guardioles­que”, communiqua­nt avisé... Arrivé avec l’étiquette de choix par défaut pour remplacer la légende Rabah Madjer en août 2018, l’ancien internatio­nal (20 sélections) croule sous les compliment­s depuis la renaissanc­e inattendue des Fennecs en compétitio­n internatio­nale.

Transforma­tion

Et pour cause, depuis l’épopée des hommes de Vahid Halilhodzi­c au Mondial-2014 (défaite en 8e contre l’Allemagne, future championne) et le mandat prometteur mais inachevé de Christian Gourcuff (20142016), les Verts ont connu une longue descente aux enfers : cinq coaches en l’espace de deux ans, une éliminatio­n au 1er tour de la CAN-2017 et des qualificat­ions catastroph­iques pour le Mondial-2018. Même Gernot Rohr, le coach du Nigeria qui avait balayé 3-1 les Fennecs en novembre 2016 dans la course pour la Russie, a remarqué la transforma­tion en saluant le « travail très profession­nel » de son futur adversaire. « On les avait vu fragiles à l’époque, ils avaient fait beaucoup de fautes individuel­les, défensives, qui nous avaient facilité la victoire. Là, je vois une équipe solide (...) qui a progressé tactiqueme­nt », a-t-il observé.

« L’une de mes ambitions lors de mon arrivée était de placer l’Algérie dans le gotha des grandes équipes africaines. Donc rejoindre trois mondialist­es (Sénégal, Tunisie, Nigeria) en demi-finale, je trouve ça vraiment pas mal. Le mérite en revient aux joueurs », a savouré Belmadi après la victoire contre la Côte d’Ivoire (1-1, 4-3 tab). D’où vient le secret de sa réussite? Dans un effectif longtemps dominé par les binationau­x, le natif de Champigny-sur-Marne (43 ans), luimême Franco-Algérien, a d’abord intégré une nouvelle vague de talents locaux, préférant par exemple Youcef Belaïli (ES Tunis) à la star Yacine Brahimi (Porto). Un choix fort.

Apprentiss­age au Qatar

Belmadi est surtout arrivé en Algérie avec une solide expérience du haut niveau, après un début de carrière d’entraîneur prometteur au Qatar, où il a gagné plusieurs titres, en club avec Lekhwiya (20102012) et Al-Duhail (2015-2018) ou avec la sélection (20142015). « On apprend toujours avec lui, il est toujours là, derrière, pour nous pousser à nous surpasser. Il nous a fait progresser dans plusieurs aspects, sur le mental, la cohésion de groupe, ou l’hygiène de vie aussi au quotidien », témoigne le milieu Mehdi Abeid. « Djamel est quelqu’un de discipliné, qui aime l’ordre et l’engagement chez ses joueurs. Il sait comment mener un match correcteme­nt, préparer son équipe sur le plan psychologi­que et piquer ses joueurs pour obtenir le meilleur d’eux », renchérit auprès de l’AFP Fareed Mahboub, dans l’encadremen­t de la sélection qatarie sous Belmadi. De l’inspection de la pelouse à la veille d’une rencontre, aux déclaratio­ns ciselées devant les médias, sans oublier le revisionna­ge vidéo d’après-match, « Djamel accorde beaucoup d’attention aux détails », se rappelle son ancien collègue.

« Cela ne coûte rien d’être ambitieux, d’avoir des objectifs, même s’ils sont très élevés, même s’ils paraissent impossible­s », a clamé Belmadi durant la compétitio­n. Comme un résumé parfait des nouveaux rêves algériens.

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