Monaco-Matin

Attentat du -Juillet : « L’oubli, voilà notre adversaire »

Nice a rendu hommage aux victimes de l’attaque du 14-Juillet. Une cérémonie s’est tenue dans la matinée, avant un défilé militaire et un concert. Et à 22 h 34 : 86 faisceaux ont illuminé le ciel

- Textes : Stéphanie GASIGLIA sgasiglia@nicematin.fr Photos : Dylan MEIFFRET dmeiffret@nicematin.fr

Une à une, des roses blanches sont délicateme­nt déposées au pied du mémorial, abrité dans un coin des jardins de la Villa Masséna. L’émotion et les terribles souvenirs remontent, intenses et sobres, trois ans après la plus inouïe des violences. Hier matin, les blessés, les familles et les proches de victimes de l’attentat du 14 juillet 2016 ont communié d’un seul coeur lors de la cérémonie d’hommage organisée par la Ville de Nice. Un hommage à toutes les victimes. Aux 86 morts dont chaque nom a, une fois de plus, claqué dans le ciel. Mais un hommage, aussi, à la liberté...

« Ils sont morts depuis trois ans. Leurs âmes sont-elles en paix ? Pourquoi ne le seraient-elles pas ? Qu’est-ce qui pourraient les aider à reposer en paix, ou les en empêcher ? », s’interroge, droit, face au public, Thierry Vimal, représenta­nt de Promenade des anges. Un

père qui, depuis 3 ans, pleure sa petite fille, emportée face à la mer. Cet homme qui se bat pour rester debout a des réponses. « Nous, bien sûr. Nos paroles et nos actes. » Plein, d’espoir, parce qu’il en faut ; Il lâche : « Qu’attendent-ils de nous ? D’être éternellem­ent humbles envers ceux qui, par leur bravoure, nous ont aidés la nuit du 14 juillet et chaque jour depuis. Mais nos défunts nous demandent aussi de prendre soin de nous ». Et d’asséner : « Aller mieux, c’est notre responsabi­lité à l’égard de leur mémoire ».

« La vérité qui pourra faire tant de bien »

L’espoir. Et l’engagement. Une juste révolte. Il faut, pour les victimes, « réclamer la vérité qui pourra vous faire tant de bien », lance ce père, amputé de sa raison d’être. Il insiste : « Exigez des prises en charge adaptées à vos besoins. Prenez soin des enfants pour que l’évaluation de leur préjudice et leur parcours de soins ne tournent pas à de la maltraitan­ce supplément­aire ». Et insiste encore : « Exigez les moyens nécessaire­s pour les années à venir, battez-vous pour les procédures judiciaire­s ».

« Le temps, notre plaie éternelle »

Après le guerrier, le poète. La douce prose de Marek, dans la voix d’Anne Murris pour Mémorial des anges. Les deux en manque cruel de Camille Murris, cette jeune femme tombée sur la Prom’ qui ne fêtera jamais ses 28 ans. Des mots dédiés à Tahar Mejri. Anne Murris chuchote presque : « Le connaissez-vous ? Son fils Kilian se promenait un 14 juillet comme aujourd’hui. Alors que la nuit tombait, il cherchait avec sa mère quelques lumières et couleurs pour égayer le ciel. Ce soir-là, il ne trouva que la mort. Tahar, son père était ailleurs à cet instant-là. L’espace l’avait tenu éloigné du drame. Depuis, le temps l’en a rapproché. Son 14 juillet 2016, il l’a vécu pendant presque 3 ans avant de s’éteindre lui-même »...

Tahar, 87e victime de la haine aveugle ? « En dessous du ciel de nos 86 anges, nous nous débattrons maintenant sans lui parmi les ravages du temps ».

« Battons-nous »

Ce temps omniprésen­t lors de la cérémonie. « Élastique ». « Incertain ». Le temps « qui nous impose son rythme » et « qui traverse les hommes » . Le temps, « notre plaie éternelle » et qui pourrait effacer ce qui ne doit pas l’être. Jamais. Ce temps qui interpelle, aussi Christian Estrosi. « Le temps passe, oui, vous l’avez dit, mais le chagrin et la douleur, eux, ne passent pas. Rien, jamais, ne les effacera de vos vies, de nos vies, du grand livre de l’histoire de Nice. L’oubli, voilà notre adversaire ».

Un maire qui aurait aimé « que la Nation, aujourd’hui, ne célèbre pas seulement sa gloire, mais qu’elle ait une pensée pour nos anges. Je constate que l’oubli est à l’ouvrage ».

Décidé : « Alors, battons-nous pour qu’il ne l’emporte pas ». Quant au préfet, Bernard Gonzalez, il a rendu hommage à ceux qui essaient de se reconstrui­re, ces « héros de la République ». Avec un message de fermeté : « Nous poursuivro­ns inlassable­ment la lutte contre le terrorisme, contre ces barbares qui veulent nous détruire ».

 ??  ??
 ??  ??
 ??  ??
 ??  ?? Thierry Vimal a perdu sa fille de   ans le   juillet .
Thierry Vimal a perdu sa fille de   ans le   juillet .

Newspapers in French

Newspapers from Monaco