SOIXANTE ANS DE CONCERTS AU PALAIS PRINCIER
Le 19 août 1959, le public franchit les portes de la cour d’honneur pour assister, avec le prince Rainier III et sa jeune épouse la princesse Grace, à la première soirée d’un nouveau festival baptisé « Concerts au Palais princier ». Ce soir, soixante ans
Tout est fin prêt. Les corniches du Palais princier ont vu pousser des projecteurs. Dans la cour d’honneur, 1 111 chaises ont été soigneusement disposées : « D’année en année, nous les repositionnons scrupuleusement au même endroit », explique Eric Bandoli, intendant de la régie du Palais princier. Depuis quinze ans qu’il travaille au Palais, les chaises n’ont jamais bougé. Cela fait probablement six décennies qu’elles sont au même endroit. Avec un confort digne des années cinquante : « Elles sont un peu étroites pour que l’on puisse avoir un maximum de place », détaille l’intendant. « Ces concerts ont été décidés par le prince Rainier III. Il souhaitait renouer avec cette tradition des princes qui accueillent des artistes, en donnant des concerts de prestige dans la cour d’honneur », rappelle Sylvain Charnay, l’administrateur de l’Orchestre philharmonique de MonteCarlo.
60 ans de légendes
Aussi, pendant soixante ans, des musiciens légendaires comme le chef Leonard Bernstein, le pianiste Sviatoslav Richter, le violoniste Yehudi Menuhin, le violoncelliste Mstislav Rostropovitch, la soprano Victoria de Los Angeles se sont produits dans ce cadre exceptionnel. Pour ce qui est de la programmation, elle est choisie entre un et deux ans à l’avance. Avec des critères très précis : « C’est très simple, et très complexe à la fois. La cour du Palais a une acoustique particulière, il faut donc des programmes avec un son ample. En théorie, un concerto et une symphonie. Dans un répertoire grand public tout en étant thématique », confie Jérôme Delmas, délégué artistique à l’Orchestre philharmonique de MonteCarlo.
Rêve de gosse
Ce soir, pour le premier concert de la saison, ce sont Shéhérazade et la Rapsodie espagnole de Maurice Ravel, et une suite de concert d’après Pelléas et Mélisande de Claude Debussy, qui seront présentés, sous la baguette du chef d’orchestre français le plus demandé au monde, Alain Altinoglu. Tout juste revenu de Paris, où il a dirigé le concert du 14-Juillet, Altinoglu se délecte d’avance de cette représentation : « Je suis fidèle aux orchestres qui m’ont connu plus jeune, et l’orchestre a vraiment la couleur pour la musique française que l’on va jouer. Et puis le palais, cela représente l’inaccessible que je voyais quand j’étais petit et que je venais en vacances. Me dire que l’on va jouer là, qu’il y aura le prince… C’est féerique ! C’est un rêve de gamin. »