« Je suis venu pour voler, afin de manger, vivre… »
S’il faut manger pour vivre, fautil pour autant voler pour manger ? Non ! La réponse du tribunal correctionnel de Monaco à l’audience de flagrance a été sans ambiguïté ni équivoque dans ce dossier. Lundi, un Camerounais de 24 ans, sans emploi, a comparu dans le box, menotté, pour avoir dérobé en Principauté deux vélos, une tablette et un ordinateur. Il a écopé d’une peine de deux mois de prison ferme. Condamné dans une précédente affaire le 17 juin dernier, le sursis a été révoqué et il passera quinze jours supplémentaires à la maison d’arrêt. Le jeune homme est repéré vendredi 12 juillet, vers midi, à la gare SNCF. Les policiers monégasques opèrent des contrôles à la suite de nombreux vols de vélos rouges. Or, l’intéressé, en provenance de Vintimille, traîne un cycle identique…
« Ça vous fait rire ? »
Dès l’instruction du dossier par le président Jérôme Fougeras-Lavergnolle, le prévenu prend un air innocent. Il essaie bien d’inventer toutes sortes de sornettes. Mais le magistrat le reprend à chaque fois et s’agite nerveusement à le voir sourire niaisement.
« Vous avez volé ce vélo avec une tablette ? demande sèchement le président.
– Oui, à Fontvieille, dans une résidence, répond le prévenu.
– Au cours de votre garde à vue, les policiers ont fait un rapprochement avec des pillages de deux-roues commis au Larvotto. Sur les enregistrements de vidéosurveillance, on vous voit dans le parking avec une bicyclette…
– Le vélo n’était pas attaché. Ce n’était pas un vol. Juste un emprunt pour faire un tour.
– Vers 18 heures, vous pénétrez dans la réserve d’une boutique de la galerie du Métropole où vous dérobez un ordinateur. Qu’en avez-vous fait ? – Je l’ai vendu pour 200 €…
– Vous venez à Monaco pour voler ! Vous vous servez ! Ça vous faire rire ? »
Face à l’exaspération du juge, le chômeur tergiverse et finit par reconnaître : « Oui, je suis venu en Principauté pour voler. Je vole pour manger. Pour mieux vivre. Mais j’ai un projet de travail… »
Deux mois de prison
Il faut rompre cependant avec ces comportements et habitudes pour le procureur Alexia Brianti. «Cet homme a déjà été condamné pour vols à Nice et à Monaco. L’argent du chômage, quelque 1 000 € , ne lui suffit plus. Il vole afin de vivre plus confortablement. On ne peut pas tolérer cette situation plus longtemps. Il faut porter un coup d’arrêt : deux mois de prison ferme. »
Me Alice Pastor tente l’impossible pour sauver son client de l’incarcération. « Il s’enfonce de lui-même en évoquant des vols avec effraction et violences en France. Certes, en récidive légale sur le territoire monégasque, il ne peut plus bénéficier du sursis. Comme vous avez déjà fait preuve de clémence une première fois, ménagez-le en lui infligeant une peine adaptée à son attitude, à son statut et à sa personnalité d’homme très jeune… »
Le tribunal suivra les réquisitions du ministère public et révoquera le sursis. L’avocate réfléchirait à un éventuel appel. *Assesseurs :FlorestanBellinzonaetMorganRaymond.