FOOTBALL Dilemme égyptien
« Viva l’Algérie » ou « tout sauf l’Algérie » : le pays hôte est partagé. Certains fans soutiennent leurs « frères arabes », d’autres perpétuent la rivalité historique
Dix ans après le caillassage du bus des joueurs algériens au Caire, qui avait fait plusieurs blessés avant un match de qualification pour le Mondial 2010, généré de violents affrontements entre supporters puis une crise diplomatique, la haine a-t-elle quitté les deux camps ? Dimanche, lors de la demi-finale Algérie - Nigeria, le soutien ostentatoire de certains supporters égyptiens aux Super Eagles a déclenché quelques accrochages avec des Algériens.
« En termes de performance, ils méritent d’être en finale et de la gagner contrairement à notre propre équipe, concède Mohamed, alors que l’Egypte, pays hôte, a été éliminée dès les huitièmes de finale. Mais j’espère qu’ils ne vont pas remporter la compétition », s’empresse d’ajouter ce comptable de 32 ans, en évoquant de vieilles « querelles ».
A la suite de ces crises, qui se sont répétées à plusieurs reprises depuis, les appels au calme de part et d’autre n’ont pas empêché les accusations tous azimuts par voie de presse, convocations de diplomates et protestations formelles des deux pays.
« Aucun problème sécuritaire »
Depuis le début de la CAN, la présence des forces de l’ordre s’est renforcée dans les rues et surtout autour des stades, dans un pays où l’enjeu sécuritaire restait le défi majeur de l’organisation de la compétition,
“A
ma demande, j’ai rencontré M. Lekjaa, président de la Fédération. Nous avons fait le point sur la compétition qui vient de s’achever. Nous avons parlé de l’avenir et je lui ai fait part de mon point de vue. Nous avons convenu de ne faire aucune déclaration publique. ”
Hervé Renard, sélectionneur du Maroc, éliminé en huitièmes par le Bénin (1-1, 1-4 tab), qui va quitter son poste.
notamment face à l’afflux progressif des supporters des « Fennecs ».
« Jusqu’à présent, il n’y a ni problèmes, ni différends, ni crises d’ordre sécuritaire », assure un fonctionnaire du ministère de l’Intérieur qui a requis l’anonymat. Les célébrations (des supporters algériens, ndlr) dans les rues se sont déroulées en présence d’Egyptiens sans mécontentement ou problème », a-t-il assuré. Car, en dépit des anciennes tensions entre les deux pays, de nombreux Egyptiens se tiennent derrière les Algériens, dans les stades ou dans les rues, au nom de l’unité arabe. « Je vais les supporter car nous sommes tous Arabes mais en temps normal je ne les soutiens pas vraiment après ce qu’il s’est passé, confie sans grand engouement Ali, un étudiant de 23 ans, fan du club d’Al-Ahly. A l’époque j’avais 13 ans. Je m’en souviens à peine, beaucoup de choses se sont passées. »
« Débat nouveau et positif »
« Après les événements de 2009, les gens soutenaient n’importe qui contre l’Algérie » ,se souvient Hatem Maher, journaliste sportif. Mais, selon lui, le fait que la question se pose désormais de supporter ou non les Fennecs est « un débat nouveau et positif ».
« La tension a diminué de manière notable », observe-t-il, mettant en avant l’absence de matches à enjeu au cours de la dernière décennie, l’émergence d’une nouvelle génération de fans mais aussi les « changements politiques ». « Après la révolution égyptienne de janvier 2011, beaucoup de gens ont commencé à revenir sur ce qui s’était passé et ont accusé Hosni Moubarak (l’ex-président déchu lors de ce soulèvement populaire), ses fils et ses médias, d’être les vrais responsables des tensions entre les deux pays », ajoute-til.
« Entre l’Algérie et l’Egypte, à l’époque, il y avait aussi une rivalité politique pour savoir qui, historiquement, était le leader du monde arabe », ajoute Pascal Boniface, directeur de l’Institut de relations internationales et stratégiques et auteur de « Géopolitique du sport ». Tunisie - Nigeria