« Les gens de la vallée sont hyper remontés »
André Ipert est un maire partagé. À l’image de Breil-surRoya, et de la vallée qui lui donne son nom. Depuis la médiatisation de son combat en , la Roya s’est profondément divisée autour du cas Cédric Herrou, qui cristallise les tensions autour des questions migratoires.
« M. Herrou a donné une image plus que détestable à la vallée, fulmine un habitant sous couvert d’anonymat. Plus rien ne se vend. Tous les commerces se cassent la gueule. Les gens en ont plein les bottes ! »
Ces tensions, André Ipert ne les nie pas. Même s’il estime que le climat s’est quelque peu apaisé, cet élu sans étiquette, de sensibilité de gauche, l’admet : « L’image est négative. L’État était défaillant, mais un appel d’air indéniable a été créé. Dans les moments de tension, ma priorité a été de préserver une forme d’unité du village. » Aujourd’hui, c’est donc cette petite communauté agricole, aux portes de Breil, qui fait réagir le village. À commencer par son premier magistrat. « Emmaüs, ce n’est pas anodin. C’est une ONG qui a pignon sur rue, qui est sérieuse, salue André Ipert. Sur le principe, je suis entièrement d’accord qu’il [Cédric Herrou] puisse tenter de réinsérer des gens en déshérence ou des demandeurs d’asile – des vrais, dûment enregistrés. D’autant plus que l’on veut relancer l’agriculture biologique. Mais il ne faut pas que cela devienne une porte d’entrée à l’immigration clandestine ! »
Humanisme et urbanisme
Dans la Roya, certains scrutent la situation de près. À l’image de Jean-Pierre Beghelli. Ce très droitier élu d’opposition à Breil livre une tout autre analyse. Pour lui, passer sous pavillon Emmaüs serait une façon déguisée d’employer cette main-d’oeuvre. « C’est un vrai problème. Qu’il y ait une bonne intention au départ, c’est possible. Mais à l’arrivée, ça a foutu la vallée de la Roya en l’air ! Les gens sont hyper remontés contre cette situation. Alors que lui s’attire les bonnes grâces de gens qui ne connaissent pas la vallée. » Jean-Pierre Beghelli fulmine contre l’agriculteur militant : « Il a mis Breil dans une ratatouille qui n’est pas niçoise, et qui n’est pas parfumée au romarin. C’est trop facile de se cacher derrière l’humanitaire ! Je regrette que le maire ne soit pas intervenu de manière autoritaire. »
Le maire, justement, veille au grain. « On est dans une période pré-électorale. C’est certain que ça va être instrumentalisé. Ça l’a déjà été. » Au-delà des débats idéologiques, André Ipert s’inquiète des infractions aux règles de l’urbanisme. À ce niveau, les installations de la communauté pourraient
« générer un trouble à l’ordre public. Il n’y a pas d’eau, pas d’assainissement, pas d’accès autre que ce chemin… »
Le maire indique avoir saisi le procureur de Nice, pour que « ces constructions sans autorisation soient réprimandées. Que ce soit M. Herrou ou M. Tartempion, la loi est la même pour tout le monde ! »