L’Algérie fête ses héros
Le pays a accueilli hier dans la liesse ses joueurs, qui ont conquis la 2e CAN de son histoire, en battant la veille le Sénégal (1-0) au Caire
Les Fennecs, médailles de champions au cou, sont arrivés hier en début d’après-midi à l’aéroport d’Alger où les attendait une délégation conduite par le Premier ministre Noureddine Bedoui. Le capitaine Ryad Mahrez était le premier à sortir de l’appareil, en brandissant le trophée, avec le sélectionneur Djamel Belmadi. Sur le tarmac, les pompiers ont offert aux joueurs un « water salute », un arc réalisé avec des lances à eau. Les joueurs ont ensuite parcouru un tapis rouge jusqu’au salon d’honneur de l’aéroport puis sont montés à bord d’un car spécialement aménagé pour parader dans les rues d’Alger, où les attendait depuis des heures une foule sous un soleil de plomb.
Aux cris de « One, two, three, viva l’Algérie » , les supporteurs, certains drapés du drapeau national, ont ovationné leur héros, installés en haut du bus à impériale.
Le bus, frappé des deux étoiles et de l’inscription « nous sommes fiers de vous » en arabe et en tamazight (berbère), les deux langues officielles du pays, avait par endroits du mal à avancer en raison du grand nombre de supporteurs qui tentaient de s’en approcher. Le véhicule, escorté par un
nombre important de motards et la police, s’est rendu jusqu’à la place du 1er mai où des milliers de personnes étaient rassemblées depuis la matinée pour fêter le sacre avec les joueurs.
« Extraordinaire élan populaire »
« Je n’ai pas fermé l’oeil de la nuit à cause des célébrations mais j’ai tenu à être présent ici à la place du 1er mai pour voir de près Baghdad Bounedjah (auteur du but de la finale) afin de l’enlacer et le remercier pour cette fabuleuse victoire », confie Madjid, 28 ans, qui a fait le déplacement depuis Médéa (80 km au sud-ouest d’Alger).
L’épopée des Verts, au fond du trou il y a deux ans avec une élimination sans gloire dès le 1er tour de la CAN, 2017 et une instabilité chronique autour du poste de sélectionneur, a été inattendue.
D’Oran, la ville natale de Baghdad Bounedjah, à Paris et Marseille, où il y a une importante diaspora, les supporters des Fennecs ont célébré la victoire toute la nuit dans une ambiance festive dans l’ensemble, malgré quelques incidents. La deuxième étoile africaine des Fennecs arrive dans « un moment très particulier », souligne le président de la fédération algérienne, alors que le pays connaît un mouvement de contestation inédit contre l’élite politique depuis fin février, qui a vu notamment la démission du président Abdelaziz Bouteflika. La prestation des joueurs s’est aussi réalisée « sous l’impulsion de cet extraordinaire élan populaire qui est en train d’emmener l’Algérie vers des jours meilleurs ». Si les joueurs ont unanimement reconnu l’importance du « hirak » dans leur épopée, un nom est sur toutes les lèvres pour expliquer la raison de cette renaissance sportive : Djamel Belmadi. L’homme qui a transformé, en moins d’un an, une équipe moribonde, absente du Mondial-2018, en une machine à gagner.
Et avec des joueurs de talent comme Riyad Mahrez (Manchester City), le capitaine et des jeunes plein d’avenir tels Ismaël Bennacer (Milan AC), élu meilleur joueur du tournoi à seulement 21 ans, ou Youcef Atal (Nice), l’avenir de la sélection algérienne s’annonce radieux. D’autant plus qu’elle ne s’appuie plus exclusivement sur les Binationaux, qui représentent encore 14 joueurs sur 23, mais aussi sur une vague de talents locaux comme Youcef Belaïli et Baghdad Bounedjah.