MÉDITERRANÉE : STOP AU PLASTIQUE !
Selon le WWF, 600 000 tonnes de déchets sont rejetées par an, mettant ainsi en danger les espèces marines et notre santé. La France est malheureusement le plus gros pays pollueur en Méditerranée. Il est donc temps d’agir. Ceux qui ont saisi l’enjeu s’enga
Chaque année, le même rapport alarmant. De plus en plus alarmant même...
La mer Méditerranée se transforme en un dangereux piège de plastique, avec des niveaux records de pollution qui mettent en danger les espèces marines. Mais aussi la santé humaine : chaque année, 600 000 tonnes de plastique y sont rejetées.
WWF a rendu public son rapport 2019. Le Fonds mondial pour la nature y analyse la responsabilité des 22 pays méditerranéens à ce fléau. Et la France n’est pas un bon élève. Elle est le premier producteur de déchets plastiques de la région, « avec 4,5 millions de tonnes produites en 2016, soit 66,6 kg par personne ». « 76 % de ces déchets sont incinérés ou enfouis et seulement 22 % sont recyclés », selon le Fonds mondial pour la nature. Qui insiste : « C’est un taux plus faible que l’Italie, l’Espagne, Israël et la Slovénie alors que la France est la plus grande puissance économique de la région ».
Marseille, Nice, la Corse
En revanche, la France a des systèmes de collecte plus performants que ses voisins : « Elle parvient à collecter l’essentiel de ses déchets et à limiter les rejets dans la nature ». Malgré tout, WWF estime « que la France contribue au rejet de 80 000 tonnes de plastiques dans la nature chaque année, dont plus de 10 000 entrent en mer Méditerranée ».
Et la concentration des déchets plastiques est particulièrement grande autour de Marseille, de Nice et de la Corse. La faute, en partie, au tourisme et aux activités de loisirs, selon WWF. Dans le détail, les rejets plastiques de la France en mer Méditerranée proviennent essentiellement des activités côtières (79 %), en raison notamment d’une gestion des déchets inefficiente et de l’impact des activités touristiques. 12 % de la pollution est apportée par les fleuves tandis que 9 % est directement causée par les activités maritimes (pêche, aquaculture, transport). Si l’essentiel des déchets rejetés par la France (66 %) reste en surface après un an, WWF estime qu’environ 21 % reviennent sur ses côtes et 11 % échouent sur les fonds marins.
Dans son rapport 2019, WWF estime qu’il y a 9,4 kg de plastique par kilomètre de côtes à Marseille. Les cotes azuréennes sont identifiées comme « spot secondaire » en termes de pollution des côtes par du plastique.
Une fois en mer, ces matériaux polluent les écosystèmes et menacent la survie les espèces. « Plus de 90 % des dommages causés à la faune marine par les déchets d’origine humaine sont dus au plastique », évalue l’organisation. À l’échelle mondiale, environ 700 espèces marines sont menacées par le plastique, dont 17 % sont classées par l’UICN comme « menacées » ou « en danger critique ». « Il est donc impératif que les États méditerranéens prennent des mesures ambitieuses pour mettre un terme à ce fléau. La France a l’opportunité d’agir concrètement en actant des mesures ambitieuses dans la loi anti-gaspillage qui est actuellement en discussion », a réagi Isabelle Autissier, présidente du WWF France. L’Assemblée nationale a approuvé fin 2018, l’interdiction des couverts et des contenants jetables en plastique, au 1er janvier 2020, en plus de l’interdiction des pailles et des touillettes, adoptée par le Sénat un peu plus tôt. Et ce, en dépit de l’avis défavorable du gouvernement.
Échéances , et
Le ministre de l’agriculture, Stéphane Travert, s’y était opposé. En vain. Il avait déclaré : « Il y a une nécessité de changement de comportement pour diminuer le nombre de déchets, notamment ceux issus des produits plastiques. Mais je souhaite que l’on puisse disposer d’informations pour mieux évaluer l’impact économique et écologique » de cet amendement. Les députés ont aussi obtenu l’interdiction des « contenants alimentaires de cuisson, de réchauffe et de service en matière plastique » dans les cantines, de la crèche à l’université, «auplus tard au 1er janvier 2025 ».
Cette échéance concerne les collectivités de 2 000 habitants et plus. Pour les collectivités de moins de 2 000 habitants, l’interdiction doit prendre effet d’ici à 2028. Le projet de loi « anti-gaspillage » soumis au parlement en septembre aura forcément un impact : elle fixe à 2025 l’objectif de recycler 100 % des bouteilles, quitte à relancer le bon vieux principe de la consigne. Surtout, elle poussera les entreprises à intégrer plus de matières recyclées dans leur production. Les vertueux auront un bonus. Les autres peuvent s’attendre à un malus.