Des opérations de sécurité menées par des patrouilles mixtes
Depuis le mois de mai, carabiniers et gendarmes ont repris leurs patrouilles mixtes – tantôt en France, tantôt en Italie. Vendredi, l’ambition était notamment de s’attaquer à la contrefaçon
Au fil des ans, on se sera habitués à une étrangeté : le vendredi, à Vintimille, les rues parlent davantage français qu’italien. Traditionnel marché oblige. Mais de là à imaginer que des gendarmes pourraient y être vus – aux côtés de carabiniers – il fallait franchir un pas. Depuis le mois de mai, dans le cadre d’un accord de coopération, des patrouilles mixtes sont pourtant bel et bien de sortie. Tantôt en France (dans la vallée de la Roya, ou à Èze, il y a un peu plus d’une semaine), tantôt en Italie. Au rythme de deux par mois, en règle générale. Vendredi, une opération conjointe s’est ainsi tenue dans la ville transalpine, afin de veiller à la sécurité au milieu des étals, et de ferrailler contre la vente de produits de contrefaçon. Une semaine après qu’une grosse opération italienne a permis de mettre la main sur plusieurs centaines d’objets, grâce à un renseignement obtenu par les carabiniers.
Vente à la sauvette
« Il fut un temps où la contrefaçon était institutionnelle, on en trouvait chez les exposants. Aujourd’hui, le problème vient surtout de la vente à la sauvette », explique sur place le commandant de la compagnie de gendarmerie de Menton, Nicolas Tasset. Invoquant la protection des consommateurs, et la lutte contre les mafias que la contrefaçon alimente. Insistant sur l’importance de travailler main dans la main pour assurer une continuité entre les deux États, et sur la nécessité d’avoir – en conséquence – des équipes bilingues. « Si les Français n’achetaient pas, les vendeurs de contrefaçon ne continueraient pas, note de son côté l’adjudante Stéphanie Prunesti, de la brigade de Sospel. Il faut être prudents quand on cherche à saisir leur marchandise, ils se mettent alors à courir et peuvent bousculer voire effrayer des gens. »
Car l’ambition se résume en quelques mots : empêcher les contrevenants de vendre quoi que ce soit en récupérant ce qu’ils avaient prévu d’écouler. Des produits fabriqués en Chine, provenant pour la plupart de Milan ou de Naples. Afin de ne pas se faire repérer, malgré le port de l’uniforme, la petite équipe franco-italienne fait le choix de passer par les petites rues derrière le marché. La ruse porte ses fruits. Les agents répartis en deux groupes parviennent à attraper des vendeurs par le sac – sous les yeux médusés des touristes – et à saisir l’ensemble de leur marchandise. Obtenant après coup des regards admiratifs de quelques Français. «Tuasvutout ce qu’ils ont récupéré… », souffle notamment une femme à son époux – tout aussi satisfait de voir que de telles actions sont menées. Aussitôt ramenés à la caserne, les produits sont classés par marque, répertoriés, puis condamnés à la destruction – après qu’un magistrat aura donné son aval. L’adjudante Prunesti pointe du doigt une ambivalence : « Les commerçants ne sont pas forcément contre la présence de vendeurs à la sauvette vu que cela draine une clientèle. Les touristes français viennent pour les deux, alors ça leur profite aussi. » D’où l’importance de sensibiliser plus que jamais les potentiels acheteurs.
« En plus, ils ne font même pas de prix, il faut marchander avec eux ! », commente un homme au passage des gendarmes et carabiniers. L’adjudante rappelle cela dit que les patrouilles mixtes ont des intérêts multiples, pas cantonnés à la seule question de la contrefaçon. « On attend que les Français viennent à nous, explique-t-elle. On les renseigne parfois par rapport aux démarches s’ils ont eu un problème. Il arrive aussi que des enfants se perdent, on aide alors les parents affolés à les retrouver. Les carabiniers, eux, font leur travail de sécurité publique. Notre utilité à nous, c’est d’être une interface avec les touristes français. »
Forte d’une aura manifeste auprès de la population, une patrouille de ce genre devrait de nouveau sillonner le bord de mer ventimigliese en août.