TOUR DE FRANCE / ACTE FINAL À NICE Sacré d’un souffle
Au terme d’une Super Finale rocambolesque, Beijaflore a remporté le classement général hier en baie des Anges, devant Cheminées Poujoulat
Les speakers de ce 42e Tour de France à la voile n’ont plus de cheveux. Hier, ils ont passé la Super Finale à se les arracher un à un. Incapables de savoir qui de Beijaflore, leader au départ de cette dernière régate avec cinq points d’avance, ou de Cheminées Poujoulat, son dauphin, aurait les nerfs assez solides pour décrocher le classement général. En baie des Anges, un vent de 6 noeuds a rendu chèvre tous les équipages et Beijaflore a failli tout perdre. Comme en 2018, quand il avait craqué dans la dernière ligne droite pour terminer 2e. En pole depuis le deuxième jour de course et l’acte I à Dunkerque, l’équipage de Valentin Bellet s’est résolu à voir Cheminées Poujoulat caracoler en tête, tandis qu’il faisait le yo-yo entre les 3e et 8e places. Avec une telle copie, l’escouade basée au Havre et à la Rochelle était alors en train de perdre le Tour. Non seulement Poujoulat pointait devant, mais la bande à Robin Follin avait su, aussi, placer au moins deux bateaux dans son sillage.
Valentin Bellet :
« On s’est tous vus perdre »
Pour sortir la tête de l’eau, Beijaflore s’en est remis à la magie de Valentin Sipan. A l’orée de la dernière bouée, le tacticien du groupe a déniché un trou de souris pour doubler deux équipages et sortir les siens des ronces, en arrachant la 2e place de la Super Finale. Suffisant pour mettre les deux mains sur la Coupe ! « On a eu des moments très durs aujourd’hui (hier, ndlr), on s’est tous vus perdre individuellement sans l’évoquer collectivement, mais Valentin n’a rien lâché, comme toute l’équipe, saluait Valentin Bellet, son skipper à l’arrivée. Dans le petit vent, il y a toujours des opportunités et il a trouvé la bonne. Rien n’est jamais perdu. Cette dernière manoeuvre n’était pas un coup de poker, c’est exactement ce qu’on voulait faire. A quoi on a pensé à ce moment-là ? A rien, vous n’êtes pas dans les calculs d’apothicaire. Vous cherchez juste à faire avancer le bateau au maximum de ses capacités. On a vu que ce serait très très chaud au croisement de cette bouée et qu’il faudrait gagner le moindre mètre pour avoir la priorité. » Désormais sacrés et libérés d’un poids, après les places d’honneur (3e en 2017, 2e en 2018), Valentin Bellet et ses équipiers vont pouvoir décider de leur avenir. Le contrat les liant à Beijaflore prenant fin cette année.
« On ne se ferme aucune porte, a éclairé Bellet, conscient que le Tour demeure un formidable tremplin. Là, c’est fort, je repense aux trois années passées à se dire qu’on doit gagner le Tour. Plein de choses sont intéressantes dans la voile. Je ne rêve 2019 : Beijaflore
2018 : Lorina Limonade 2017 : Fondation FDJ
2016 : Lorina Limonade 2015 : Spindrift
2014 : Courrier Dunkerque 2013 : Groupama 34
2012 : Toulon-ProvenceMéditerranée
2011 : Sud de France
2010 : Nouvelle-Calédonie... pas particulièrement de course au large. On est une bonne équipe qui prend du plaisir à fonctionner ensemble. Pourquoi ne pas continuer dans ce sens ? Est-ce que ce sera sur le Tour, pour défendre notre titre l’année prochaine ? C’est trop tôt pour le dire. »